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En
France, nous avons Hollande… aux États-Unis, ils ont Obama. Ce
mois d’avril, j’ai eu l’honneur d’être
invité à Colorado Springs, au grand rassemblement conjoint d’Atlas Foundation
For Economic Research
et d’Heritage Foundation,
deux think-tanks américains qui
travaillent au développement de la liberté économique. J’y
ai vu des raisons d’espérer pour la France.
Au
cours des repas, plusieurs invités d’honneurs prennent la parole
à la tribune soit pour recevoir un prix, soit pour livrer un
témoignage lié à leur action pour la liberté. Deux
écrans géants retransmettent leur discours, il y a sept cents
personnes à table.
Ainsi
Mark Stevens, un publicitaire, qui a passé un contrat avec une
émission de radio très connue aux Etats-Unis (le Rush Limbaugh
Show), vient raconter comment lui et ses employés sont la cible
quotidienne de toutes sortes de menaces, de harcèlement et
d'abus par téléphone ou par e-mail. Qui sont ses
agresseurs ? Des activistes
de gauche qui veulent détruire son entreprise. Cet honnête homme
d’affaires nous raconte comment il est allé défier ces
partisans d’Obama à la télévision et ne compte pas
les laisser faire (lire mon prochain
article pour le détail de l’histoire).
Puis,
c’est Hannah Giles qui prend la parole. Je vois monter à la tribune
une petite brune à talons aiguilles, au physique de James Bond girl. Hannah n'est
pourtant pas une bimbo. C'est une journaliste d'un
genre nouveau : armée de son smartphone,
elle a fait trembler Obama en révélant un énorme
scandale.

Tout
le monde a les yeux rivés sur elle... Dans un grand silence, elle se
lance avec sa petite voix : « il y a trois ans, à
vingt ans, ma vie a basculé… »
En
2009, un an après l’élection de Barack Obama, elle est étudiante
en journalisme à Miami ou elle réside
avec ses parents et sa plus jeune sœur. Sportive, elle est ceinture noire de ju-jitsu et pratique le surf, elle collectionne les
planches dans sa chambre. Alors qu’elle est à Washington pour un
stage, elle a l’idée d’aller enquêter sur
l’association ACORN, connue pour ses liens avec Obama. Elle lance un
appel sur Facebook pour trouver de l’aide. Trois personnes se portent
volontaires. Un plan est monté pour aller filmer les membres de
l’association en caméra cachée. Au dernier moment, deux
personnes se désistent, craignant pour leur carrière. Avec
James O’Keefe, qu’elle rencontre pour
la première fois après leurs échanges sur Facebook, ils
réécrivent le scénario en catastrophe la veille de
l’opération. Elle sera déguisée en prostituée
et lui en mac. Ils vont demander à ACORN de les aider à obtenir
un prêt pour ouvrir un bordel avec des mineures venues du Venezuela et
filmer les réactions des employés. Le scénario est
caricatural et Hannah ne croit pas trop qu’ils seront pris au
sérieux.
Surprise :
non seulement ils sont bien accueillis mais en plus on leur donne tous les
conseils pour falsifier les papiers, maquiller leur activité
illégale en club de danse, escroquer le fisc américain et les
banquiers. C’est tellement inimaginable que pour en avoir le cœur
net, ils vont louer une voiture et refaire l’opération 8 fois,
dans 8 villes différentes. Sept fois sur 8 l’improbable se
produit : on leur prête une assistance bienveillante pour monter
l’opération en toute sécurité. ACORN est une
association qui regroupe des « community
organizations »,
c’est-à-dire des travailleurs sociaux. Son nom complet est Association of Community Organizations for
Reform Now. L’association,
aussi célèbre que SOS
Racisme ou les Resto du Cœur
en France, compte alors quatre cent mille membres répartis dans mille
deux cents antennes à travers tout le pays. C’est une
association gouvernementale, subventionnée par des fonds publics et
privés. Et c’est aussi un puissant lobby qui défend les
droits des minorités et milite pour tous les candidats de la gauche
progressiste. En 2008, l’association avait financé la campagne
d’Obama. Ce dernier y avait travaillé pendant un an comme
« organizer »,
après ses études à Columbia. Le concept de « community organizing »
est né dans les années 60, sous l’inspiration de Saul Alinsky. En 1971, ce dernier avait rédigé
un « Manuel de l’animation sociale » (Rules for radicals),
qu’on peut résumer en une phrase : « la fin
justifie les moyens ».
Mais
cette fois le piège s’est refermé sur les « organizers »…
et sur Obama. Hannah met en ligne une première vidéo le 9
septembre 2009. L’association ACORN
nie tout en bloc et crie à la manipulation. Elle décide alors
d’en publier une seconde, puis une troisième, etc. Prise la main
dans le sac, obligée de reconnaître les faits,
l’association présente ses excuses. Obama, gêné, fait
de même. Quelques semaines plus tard, en novembre 2010, après
avoir vainement tenté de lancer des procès contre Hannah, ACORN,
l’une des plus grosses organisations de la gauche culturelle
américaine dépose
son bilan et disparaît. Pendant ce temps Hannah reçoit des
menaces de mort, on l’accuse de racisme. Son père est
obligé de lui payer des gardes du corps et des gilets pare-balles.
Pourtant Hannah appartient à la génération « color blind »,
aveugle à la couleur de peau, elle est tout sauf raciste. Par contre
elle n’hésite pas à accuser Obama de brader les valeurs
de l’Amérique, de profiter de la crise pour augmenter le pouvoir
du gouvernement fédéral avec des plans de sauvetage qui ne sont
que de nouvelles augmentations des dépenses publiques, sur le dos des
classes moyennes.
En
mars 2010, elle reçoit le prix Ronald Reagan pour son action mais elle
claque la porte de la Young America’s Foundation,
une organisation très républicaine qui tentait de la
récupérer. « Je ne suis ni démocrate ni
républicaine, je suis libertarienne »
dit Hannah. « Le gouvernement menace nos libertés
individuelles par la corruption, le gaspillage et l’abus de pouvoir. Ce
n’est pas ce que voulaient les pères fondateurs. Il faut revenir
à la Constitution », ajoute-t-elle.
Or,
les médias traditionnels sont eux-mêmes subventionnés,
à la botte du pouvoir. Pour accéder à une information
libre, il faut payer de sa poche. Et c’est pour soutenir cette presse
libre qu’Hannah a créé sa propre association, la Phoenix
Foundation, une organisation à but non
lucratif basée à Austin au Texas destinée à
contourner les médias traditionnels. Elle sélectionne, finance
et forme de jeunes journalistes à devenir indépendants et
à poursuivre sans relâche la vérité avec courage
et créativité.
Obama
sera-t-il réélu en 2012 ? Ici, à Colorado Springs, tout
le monde en doute. Contrairement à ce qu'on croit en
Europe, Obama touche aux États-Unis des sommets d'impopularité
rarement atteints dans l'histoire d'une présidence. We’ll see…
Pour en savoir plus sur
le sujet :
http://www.revue21.fr/Hannah-l-egerie-du-Tea-Party
Louise
Couvelaire, American stories,
Nil, 2011.

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