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Utilisons la méthode Intrade pour tenter de déterminer ce qu’en
disent les marchés :
 
Une valeur de 28,3 signifie
qu’il y a 28,3% de chances que la réponse à cette
question soit ‘oui’, et 71,7% que la réponse soit
‘non’. Selon les marchés, les chances qu’Israël
attaque l’Iran avant la fin de l’année 2012 sont de 2,53
contre 1. Chacun d’entre vous devrait prendre cette information en
compte et réviser son propre point de vue quant à la
probabilité d’une attaque.
Il s’agit d’une
question parfaitement pertinente, dans la mesure où, selon un
rapport publié le 20 août dernier, le premier ministre
Benjamin Netanyahu ‘serait déterminé à lancer une
attaque contre l’Iran avant même les élections
présidentielles aux Etats-Unis’. Je suppose que cette
information a été divulguée pour des raisons purement
politiques. Son objectif est certainement d’influencer à la fois
le rôle politique de Netanyahu en Israël et la position des
candidats aux élections présidentielles aux Etats-Unis, ainsi
que le vote des Américains. Le rapport a bien évidemment eu un
effet substantiel sur la position des marchés quant à une
attaque éventuelle. Avant la publication de ce rapport, les
estimations s’élevaient à 3,35 contre 1. Deux jours plus
tard, elles étaient de 2,04 contre 1. (Les prix passèrent de 23
à 32,9)
Les politiciens aiment
à s’adonner à des jeux dangereux faits de menaces,
d’alliances, de développements militaires, de subterfuges, et de
‘divulgations’ d’information. Ils agissent tels de petits
garçons semblant n’avoir jamais grandi, si tant est qu’ils
jouent avec de vraies armes et disposent de forces militaires prêtes
à les assister dans leurs singeries. Et, malheureusement, leurs
décisions ont des effets profonds sur la vie de beaucoup d’entre
nous.
Netanyahu fait
aujourd’hui face à une importante résistance
politique en Israël. Bien avant la publication du rapport le 20
août dernier, il avait été accusé par le chef du
parti Israélien Kadima de vouloir semer la
panique face à l’éventualité d’une guerre
contre l’Iran. En réponse à de telles critiques, la
réponse de Netanyahu a été de divulguer des informations
prouvant de sa détermination quant à attaquer l’Iran. Il
se pourrait qu’il ne soit pas lui-même responsable de la fuite de
cette information, auquel cas elle proviendrait certainement de son ministre
de la défense Ehud Barack.
Vendredi dernier, dans la
journée du 23 août, Netanyahu tentait encore de calmer
l’opposition en déclarant, selon
son porte-parole, ‘qu’hier encore, Israël recevait de
nouvelles preuves du développement de l’arme atomique par
l’Iran, et ce indépendamment de la volonté
internationale’. Du fait même de sa source, cette
déclaration ne peut pas être considérée comme
ayant quelque importance. Je suppose en effet que Netanyahu en
réfère simplement au fait que l'Iran
et l'IAEA aient déclaré le même jour ne pas
être parvenus à un accord.
Il semblerait que Netanhayu tente de nuire à Obama en suscitant une
réaction de la part des électeurs pro-Israël aux
Etats-Unis. Obama semble cependant prendre les menaces de Netanyahu avec un
calme incroyable. Mais que pourrait-il bien faire d’autre ? Il
n’a jamais embrassé la position de Netanyahu, et a toujours
voté en faveur de sanctions. S’il adoptait aujourd’hui le
point de vue de Netanyahu, il donnerait le feu vert à une guerre
contre l’Iran, et il est clair qu’à l’approche des
élections, ce ne serait pas la meilleure chose à faire. En
revanche, s’il s’opposait ouvertement à Netanyahu, il
perdrait les votes des électeurs pro-Israël. Il décide
donc de faire profil bas, et se contente de faire passer les remarques de
Netanyahu comme de la fumée sans feu. Selon une source non-vérifiée,
un membre de l’administration Américaine aurait
déclaré que ‘les Israéliens ressentent le besoin
de mettre en garde le reste du monde de la situation Iranienne. Ce besoin
leur prend assez régulièrement. C’est une chose avec
laquelle nous avons appris à vivre’.
Les Iraniens répondent
bien entendu aux menaces d’Israël afin de dissuader le pays de
l’attaquer, ce qui déboucherait inévitablement sur une
attaque nucléaire. Pour quelles raisons Israël voudrait-il s’en
prendre à l’Iran ? C’est là que nous entrons
le théâtre de l’absurde. Une attaque par Israël
pourrait retarder le programme légal
d’enrichissement nucléaire de l’Iran de quelques
années et l’encourager à développer la bombe
atomique. En plus de cela, Israël apparaîtrait indubitablement
comme étant l’agresseur, ce qui permettrait à
l’Iran de jouer les parangons de vertu. Ce dernier serait donc en
position de répondre aux attaques d’Israël de quelque moyen
que ce soit, et de l’attaquer à son tour pour une durée
indéterminée. Bien que ses forces militaires soient
aujourd’hui trop peu développées pour s’adonner
à une guerre conventionnelle, l’Iran serait en position de
mobiliser ses ressources en la défaveur d’Israël, et
obtiendrait sans conteste le soutien de sa population. Une attaque de
l’Iran par Israël pourrait mobiliser les groupes les plus radicaux
et entraîner la montée au pouvoir d’un nouveau
gouvernement qui soit encore plus en la défaveur d’Israël
que le gouvernement actuel.
Pourquoi les Israéliens
choisiraient-ils de vivre sous la peur d’une attaque de l’Iran et
d’augmenter leurs risques d’une attaque atomique simplement pour
repousser de quelques années les activités légales de l’Iran ? Vaut-il le coup pour
Israël que de joindre le club des nations en ayant bombardé
d’autres de leurs bombes atomiques, et qui pour l’instant ne
comporte qu’un seul membre : les Etats-Unis ? Est-il
justifié pour Israël que de créer une
paria entre les nations et d’encourager encore plus les
altérations de la nature fondamentale de l’Etat Juif ? Les
Etats-Unis auraient-ils raison de s’engager dans une nouvelle guerre
bien que l’Iran ne représente en rien une menace à ses
propres intérêts ? Serait-il justifié pour les
Etats-Unis que de risquer une forte hausse du prix du pétrole tout en
dévastant ses propres réserves ainsi que
l’économie du monde ?
L’objectif de Netanyahu
est complètement insensé. Ce qu’il tirerait d’une
attaque contre l’Iran n’en compenserait en rien les
conséquences. Je me demande s’il réfléchit
réellement avant de proférer de telles menaces. Le 31 mai 2012,
un rapport faisait état ‘qu’une majorité des chefs
militaires Israéliens s’opposent pour le moment à une
attaque de l’Iran par Israël’. Ils sont sûrement une
idée très claire de ce qu’en seraient les
conséquences.
Je terminerai cet article en
précisant que rien ne pourrait générer plus
d’instabilité que la politique, si ce ne sont peut-être
les éruptions volcaniques. C’est la politique, et non
l’économie, qui est à l’origine du climat
d’incertitude actuel. Les marchés et les gens sont remarquablement
adaptables aux changements de coûts et de prix. Si Janet Yellen venait à remplacer Ben Bernanke
au FOMC, qui est un instrument politique, nos perspectives économiques
en seraient grandement altérées. Si la valeur de nos devises
était déterminée par les forces des marchés
plutôt que par le système bancaire central, sa stabilité
serait immédiatement renforcée. Si Netanyahu attaquait
l’Iran, la situation politique mondiale serait immédiatement modifiée.
Tous les gouvernements du monde finiraient par être impliqués.
Si Obama venait à mourir et que Biden lui
succédait au poste de président, c’est l’ordre
mondial tout entier qui basculerait.
La raison de ces
différences entre politique et économie est que les politiciens
disposent d’un pouvoir bien trop important, dans le même temps
que les affaires économiques sont à la fois dispersées
et diversifiées. Il existe un pouvoir économique, mais ce
pouvoir est sujet à la compétition. Le pouvoir
économique est à la fois limité et restreint. Le pouvoir
politique est lui aussi restreint, mais dans une bien moindre mesure. Des
hommes tels que Benjamin Netanyahu, Barack Obama et George Bush sont encore
aujourd’hui en mesure de déclarer des guerres aux
retombées considérables. Et c’est du fait de
l’existence de tels pouvoirs que nous pouvons encore nous poser des
questions telles que ‘Israël va-t-il attaquer l’Iran cette
année.
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