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Jeu dangereux : la France joue avec les mots à propos de son déficit

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Publié le 24 avril 2014
619 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
( 17 votes, 5/5 ) , 6 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

"50 milliards d’économies", voici ce qu’a annoncé Manuel Valls, le nouveau Premier ministre, le 15 avril. L’annonce claque comme un drapeau au vent ; après tant de tergiversations, la France prend enfin conscience de sa situation difficile et décide d’agir vigoureusement. Jamais depuis 40 ans les dépenses publiques n’ont diminué et, pour la première fois, cela va se produire, la spirale du déficit et de la dette est désormais stoppée, bravo ! Enfin, voici surtout comment le gouvernement souhaiterait que cette annonce soit perçue, tout spécialement par ceux qui achètent de la dette française, en Europe et dans le monde. On est ici surtout dans la "communication".

Il faut le rappeler, les deux-tiers de la dette française sont détenus par des "non-résidents", c’est-à-dire des investisseurs étrangers ; il est donc crucial pour la France de garder leur confiance, sinon tout s’écroule. Si ceux-ci se limitent aux gros titres de la presse internationale, ils seront effectivement rassurés par cette annonce et croiront y lire une décrue de la dépense publique et un retour à l’équilibre budgétaire. S’ils creusent un peu le sujet, ce n’est pas certain…

Car que recouvre réellement cette déclaration ? Un pari tellement hasardeux qu’on pourrait parler de mensonge. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y aura aucune diminution de dépense : pas de suppression ou de diminution des prestations sociales, pas de coupes budgétaires, aucune réforme structurelle permettant de générer des économies, aucun grand chantier dispendieux stoppé (TGV Lyon-Turin, éoliennes en mer, métro du grand Paris, plusieurs dizaines de milliards d’euros à chaque fois pour une utilité douteuse), non rien de rien.

Alors d’où vient ce chiffre de 50 milliards ? Manuel Valls a seulement décidé de bloquer toute réévaluation des prestations sociales et des dépenses de l’Etat. Résultat, le chiffre des dépenses publiques en valeur absolue ne bougera pas. Dans le même temps, la faible inflation prévue (2%) et une croissance optimiste de l’ordre de 2% dans les prochaines années (exactement 1,7% en 2015, de 2% et 2,25 en 2016 et 2017) continueront de faire progresser les recettes fiscales de l’Etat de l’ordre de 2 à 3% par an. La différence entre cette stagnation des dépenses et cette légère hausse des recettes permettra de dégager 17 milliards d’économies sur les trois ans qui viennent, soit 50 milliards au total.

Car oui, bien sûr, ce n’est pas 50 milliards d’économies d’un coup, mais 17 milliards sur trois ans, autrement dit vraiment pas grand-chose, compte tenu du montant total de la dépense publique en France (1.150 milliards d’euros). Et cette économie est gagée sur des prévisions optimistes, car la France est touchée par une désinflation que l’on peut voir partout en Europe, et, d’autre part, les prévisions de croissance s’avèrent exagérément optimistes. Rien ne permet d’imaginer que la croissance ne redémarre prochainement (rentabilité des entreprises au plus bas, investissements faibles, niveau record des faillites). Le scénario largement le plus probable, c’est une croissance qui reste bloquée autour de zéro et, à ce moment-là, "au revoir" les 50 milliards d’économie.

Le président François Hollande est un adepte de la méthode Coué ; il a déclaré : "Sur le plan psychologique, il est très important que les Français se disent: "ça peut repartir", car la confiance ramènera la consommation et l'investissement." C’était l’année dernière et, depuis, rien n’a changé. Pas sûr que grand-chose ne s’améliore en 2014 et 2015. A force de jouer sur les mots et de vouloir tromper son monde, le gouvernement français s’expose à de violentes déconvenues. La chute n’en sera que plus brutale. La France est le pays pivot entre le sud et le nord de l’Europe ; une crise de confiance sur sa dette toucherait l’ensemble de la zone euro…

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Philippe Herlin est chercheur en finance et chargé de cours au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris. Il est également contributeur sur le site Goldbroker.com
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Très bon article, qui ne répond pas à deux questions fondamentales :

1) " Jamais depuis 40 ans les dépenses publiques n’ont diminué" : je dirai même que ça correspond avec le début de l'endettement auprès des institutions privées, donc le poids des intérêts de la dette n'est-il pas déjà un problème dans une économie atone ? Un investisseur veux des retours sur investissement, non ?

2) "les deux-tiers de la dette française sont détenus par des "non-résidents", c’est-à-dire des investisseurs étrangers" : oui, mais pourquoi cette Omerta sur la divulgation de leur identité ? Idem pour les agents résidents ? Qu'ont-ils à cacher ? Enfin, si, on estime qu'il y a des raisons peu louables, et qui feraient vivre au régime politique français l'équivalent de ce qui se passe dans certains pays en ce moment...
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Pour le 1), cela correpondond trerès exactement à 1974 donc le qudruplement du prix du pétrole brut et la période inflationniste qui s'en est suivie. VGE et JC ne voulaient pas que les Français se privent, ils ont donc commencé à actionner la dette publique. Le problème c'est que ce n'est pas une dette d'investissement mais une dette de consommation et toute consommation détruit l'argent. Par contre tout investisseur recherche un retour sur son investissement, il y a bel et bien une errur qui va se payer à un moment. Il a été étudié l'inflation, mais ce serait la déflation ou quelqie chose de plus vilain comme la dépression qui s'en suivrait.
Pour le 2) Les investisseurs étrangers cherchent la garantie de l'Etat, précisément celle de l'Etat français qui avec une population qui dispose d'un patrimoine de 13 000 milliards est une véritable garantie de solvalbilité (via la levée de l'impôt). Ces investisseurs achètent cette dette sur les marchés ou à travers les SVT à l'émission, leur identité est comme la vôtre inconnue sauf de l'établissement qui détient le(votre) compte titres et cette détention peut changer rapidement de main.
Grâce à la novlangue nos nouveaux socialo-fascistes peuvent s'en donner à cœur joie pour essayer de tromper qui ne dispose pas des clés de ce type de sophisme
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Ils sont marrants, pourquoi ne pas avoir fait cela alors qu'il y avait encore de l'inflation ? Ils ont attendu que la déflation arrive pour le faire ????

Ou bien ils misent plutôt sur des QE européens : impression massive de monnaie... Et si l'UE ne le fait pas, peut-être qu'on prépare tout simplement un éclatement de la zone Euro et la France pourra donc gérer sa monnaie toute seule.

N'oublions pas que les élections qui approchent concrétiseront sur l'échiquier politique les tendances eurosceptiques qui se font ressentir de plus en plus fortement depuis des années... à commencer par le coeur même de l'Europe, la belgique où le parti NVA serait le plus gros parti flamand avec un candidat premier ministre.

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Pardonnez-moi, mais je ne vois pas l'influence de l'inflation ou de la déflation et sur quoi?
Merci de votre précision.
Amicalement
C'est expliqué dans l'article. En gros le gouvernement gèle ses dépenses sociales.

Pour exemple : s'il dépense 100 milliards.

Avec 2% d'inflation, pour réaliser les mêmes prestations, il devrait dépenser 102 milliards l'année prochaine.
Or il gèle cela, donc l'année prochaine il ne dépensera toujours que 100 milliards.
Mais dans un monde avec 2% d'inflation, il peut espérer voir ses recettes augmenter de 2% aussi.

Or s'il y a déflation, alors il paiera toujours ses 100 miliards, mais verra ses recettes baisser.

L'inflation peut aussi être utilisée pour dégonfler une dette. Si on a 100 milliards de dettes, l'année d'après, cet argent aura une moindre valeur et serait plus facile à rembourser. (Un gouvernement libre peut même laisser chuter sa monnaie).
En déflation, cette masse de dettes augmentera encore plus...
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Dernier commentaire publié pour cet article
Pour le 1), cela correpondond trerès exactement à 1974 donc le qudruplement du prix du pétrole brut et la période inflationniste qui s'en est suivie. VGE et JC ne voulaient pas que les Français se privent, ils ont donc commencé à actionner la dette publi  Lire la suite
CLAUDE F. - 26/04/2014 à 05:56 GMT
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