Article de MarketWatch.com, publié le 5 avril 2016 :
« Jim Rickards maintient que l’or reste la véritable pierre angulaire
du système monétaire international. Les gouvernements ont beau le dénigrer,
de nombreux pays s’accrochent à leur métal tandis que la Chine et la Russie
ne cessent d’en acheter.
Rickards est l’auteur des livres « The death of money » et
« Currency wars ». Son dernier ouvrage, « The new case for
gold », est sorti aujourd’hui. Il a répondu à 2 questions que nous lui
avons posées, les réponses ont été éditées afin d’être synthétisées.
Market Watch : vous affirmez que le prochain effondrement
monétaire sera déclenché par la perte de confiance dans le dollar. Pourquoi
anticipez-vous cet effondrement ?
Jim Rickards : l’économie et les marchés sont des
systèmes complexes. L’effondrement de systèmes complexes est une fonction
exponentielle de l’échelle systémique.
La crise de 2008 fut axée autour des banques « too big to
fail ». Depuis 2008, ces mêmes banques ont continué de grandir,
contrôlent un pourcentage encore plus important des actifs bancaires aux
États-Unis et ont augmenté leurs positions sur les produits dérivés. Cela ne
fait que renforcer le risque d’effondrement, et sa sévérité. Cet événement
pourrait dépasser en ampleur la Grande dépression. Simultanément, les
politiques de soutien implémentées en 2008 et 2009 sont, pour la plupart,
toujours en place. Ce qui signifie que le risque d’effondrement est plus
grand et que les moyens pour les juguler ont déjà été utilisés, si bien
qu’ils sont caducs.
L’unique bilan propre et source de liquidités restante dans le monde est
le FMI, qui peut émettre en urgence des droits de tirage spéciaux. La
marginalisation du dollar sera la compensation dont bénéficiera la Chine.
Cette baisse de confiance dégénérera rapidement en une grave crise de
confiance.
Market Watch : selon vous le, le pouvoir d’un pays se mesure par
le ratio entre les quantités d’or qu’il possède et son PIB lorsqu’il s’agit
de redéfinir les règles du nouveau système monétaire. Pourquoi la Chine
a-t-elle besoin de posséder beaucoup d’or afin d’obtenir un siège de choix à
la table des négociations ? Pourquoi les obligations américaines qu’elle
possède ne sont-elles pas suffisantes ?
Jim Rickards : voici l’une des plus vieilles blagues
du secteur bancaire : si je vous dois 1 million, j’ai un problème, mais
si je vous dois 1 milliard, vous avez un problème. Tout simplement parce que
je peux toujours faire défaut et vous laisser vous débrouiller avec votre
papier sans valeur. Vu que les États-Unis doivent 2 trillions de dollars à la
Chine, il s’agit de leur problème et pas du nôtre.
Les États-Unis feront défaut sur leur dette via l’inflation (il s’agit de
la méthode américaine). La Chine en est bien consciente et achète donc de
l’or en tant qu’assurance contre l’inflation frappant ses actifs libellés en
dollars. »