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Joseph Stiglitz : un prix Nobel au service de l’idéologie keynésienne (2/2)

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Publié le 15 novembre 2013
759 mots - Temps de lecture : 1 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Comme nous l’avons vu dans un premier article, s’il a bien identifié une partie des origines de la crise actuelle (la régulation financière et les banques « too big to fail »), le prix Nobel 2001 Joseph Stiglitz n’en percevait pas la réelle source. De plus, les solutions qu’il préconise pour y remédier auraient l’effet inverse et accroîtraient l’instabilité économique.


Outre la fin des politiques d’austérité (dont nous avons vu qu’elles n’avaient pas été mises en place et qu’elles ne s’opposaient pas à la croissance), Stiglitz avance d’autres solutions : les créations d’une union bancaire et des ’eurobonds.


En quoi consiste l’union bancaire, pour laquelle le Conseil européen vise un accord avant fin 2013 ?


Cette réforme est organisée autour de trois points :

  • la centralisation de la supervision bancaire par la Banque centrale européenne (qui devrait se réaliser dès 2014),
  • la mise en commun des schémas nationaux de protection des dépôts,
  • la création d’un fonds commun pour la résolution des banques en difficulté.


Uniformiser les normes prudentielles interdit aux superviseurs nationaux d’appliquer des règles plus strictes. De plus, cela rajoute un fort risque systémique puisque cela débouchera sur une uniformisation des comportements des banques, ce qui veut dire que quand des erreurs seront commises, elles le seront en même temps. De même, la mutualisation des coûts de renflouement ne va pas dans le sens de la responsabilisation des États membres.


Quant aux eurobonds, ils ne sont pas la solution à la crise. Leur création introduirait, en effet, un nouvel aléa moral qui déresponsabiliserait encore plus les gouvernements. La mise en place de l’euro a permis aux États d’emprunter à des conditions financières très proches (ce qui est aussi l’objectif des eurobonds) jusqu’au deuxième semestre 2008, où elles ont commencé à diverger. Ces eurobonds, qui ont donc déjà existé, n’ont pas empêché le surendettement de plusieurs Etats. Qui plus est, par les taux d’emprunt très favorables qu’ils ont autorisés, il est même permis de penser qu’ils l’ont favorisé et que les gouvernements en ont profité pour augmenter les dépenses publiques. En déresponsabilisant encore plus les gouvernements et en permettant des comportements de passager clandestin [1], les eurobonds ne feraient donc qu’empirer la situation actuelle.


Stiglitz s’en prend ensuite au libéralisme par le biais de la main invisible : « la main invisible censée réguler le marché est invisible... parce qu'elle n'existe pas. » Il commet là un grand contresens sur la signification de la ‘main invisible’, introduite par Adam Smith dans son ouvrage La Richesse des Nations. Adam Smith signifiait simplement qu’en recherchant leur intérêt personnel, les individus pouvaient contribuer au bien-être commun, sans qu’ils aient eu pour but initial d’y participer. Ainsi, le cordonnier produit des chaussures pour les vendre et avec les bénéfices réalisés subvenir à ses besoins, pas pour l’intérêt de la société, même si celui-ci s’en trouvera mieux. Il n’est donc ici aucunement question de régulation de marché.


Ce concept de ‘main invisible’ fut ensuite repris et approfondi par Hayek sous la dénomination d’ordre spontané défini sur Wikiberal de la manière suivante : « ordre qui émerge spontanément dans un ensemble comme résultat des comportements individuels de ses éléments, sans être imposé par des facteurs extérieurs aux éléments de cet ensemble. » C’est donc tout à fait logiquement que Stiglitz s’en prend ensuite au prix Nobel 1974 : « la vérité est que la vision d'Hayek, qui stipule que le marché fonctionne parfaitement seul et s'autorégule, était fausse. ». Là encore, on voit bien que l’interprétation que fait Stiglitz d’Hayek est complètement erronée. Qui plus est, on peine à discerner par quel raisonnement logique Stiglitz déduit de la défaillance de la réglementation par l’État, une incapacité par le marché à s’autoréguler.


Joseph Stiglitz conclut de manière symptomatique que « Keynes avait totalement raison » et que « ses prévisions expliquant que les dépenses publiques stimuleraient l'économie […] étaient totalement justes. » De plus, les solutions proposées et évoquées dans cet article ne seraient pas plus efficaces que les premières, et aurait là aussi des effets pervers.

De manière générale, Stiglitz est dans le déni de réalité. Il utilise le prestige de son prix Nobel pour se contenter d’étaler sa foi dans le keynésianisme sans présenter le moindre argument. Stiglitz est sans doute la meilleure illustration de ce envers quoi Hayek nous avertissait en disant « qu’un prix Nobel confèrerait à un individu une autorité qu’en économie nul homme ne devrait posséder. »


[1] Le comportement de passager clandestin consiste ici à bénéficier des avantages de l’union économique sans en respecter les règles de gestion rigoureuse.

 

 

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Après un diplôme de Statisticien et d’Actuaire à l’Institut de Statistique de l’Université Pierre et Marie Curie (Université Paris VI), il a d’abord exercé la fonction d’économiste, avant de se tourner vers l’actuariat et l’ingénierie financière. Il travaille actuellement dans la direction financière d’une grande banque française.
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