L'Espagne
est de retour sous les projecteurs de la crise de la zone euro. C’est
une place qui lui revient de droit à cause de la mauvaise gestion
budgétaire, financière et économique du pays par
l’État.
Depuis
le début de la crise des dettes publiques des pays de la zone euro, la
solvabilité des États
concernés a été largement
déterminée par les investisseurs internationaux.
Objectif : regagner la confiance des
investisseurs
Pour
ramener le coût de
l’emprunt à un niveau
soutenable, l’État
ibérique a besoin de regagner la confiance des investisseurs. Mais
comment ?
Après que le rendement des obligations de l’État espagnol a recommencé
à croître rapidement au début du mois
d’avril, Madrid a annoncé une réduction
supplémentaire des dépenses de 10 milliards d’euros le 9
avril 2012. Cette mesure a été dévoilée quelques
jours seulement après que le premier ministre Mariano Rajoy avait annoncé 27 milliards d’euros de hausses d’impôts et de
baisses des dépenses publiques dans le cadre du budget 2012.
Dans
le contexte actuel, on voit mal comment la spirale
austérité/récession pourrait être brisée.
En
effet, si le gouvernement espagnol n’annonce pas de nouvelles mesures
d’austérité, les marchés estiment que celui-ci n’est pas capable d’atteindre ses objectifs
budgétaires et de ramener sous contrôle sa dette souveraine.
Mais si le gouvernement espagnol annonce des mesures
d'austérité supplémentaires, les marchés s’effraient
de ces coupes claires qui approfondiraient l’actuelle récession
économique dans le pays. Bref, peu importe ce que le gouvernement
espagnol annonce, les investisseurs restent sceptiques.
Cela
ne devrait pas changer au cours de l'année prochaine, à moins que
l’Espagne montre des signes d'être sur la voie d'une croissance
durable.
Peut-on
raisonnablement l’envisager ?
De mauvais indicateurs économiques plus ultra*
Le
taux de chômage a atteint près de 23 % au dernier trimestre 2011
(le chômage des jeunes a dépassé les 50 % en janvier). La
confiance des investisseurs espagnols est à son niveau le plus bas
depuis 11 mois. Les carnets de commande continuent à
s’alléger, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir.
Le marché immobilier espagnol n'a pas encore atteint son niveau plancher, ce qui va continuer à miner le bilan des
ménages et des banques du pays.
Le
gouvernement met en œuvre des mesures d'austérité et des
réformes structurelles substantielles mais il est improbable que
celles-ci aient un impact positif sur la croissance à court terme. Il
ne faut pas s’attendre à ce que les chiffres du premier
trimestre 2012 rassurent les marchés
lorsqu’ils seront dévoilés le 30 avril 2012.
En
outre, il y a peu de chance que l’État espagnol parvienne à réduire son déficit
global à 5,3 % du PIB cette année pour atteindre 3 % du PIB en
2013.
Les
nuages noirs n’ont pas non plus disparu du secteur bancaire espagnol. Il reste une source d'incertitude totale
pour les investisseurs. Le taux
de chômage continuant d'augmenter et les prix immobiliers de baisser, le
risque de défaut de paiement hypothécaire ne peut que se
renforcer.
Vers un plan de sauvetage ?
Une
bonne nouvelle cependant : l’État espagnol a déjà préfinancé la
moitié des intérêts de sa dette publique pour
l’année 2012. Même si les coûts d'emprunt deviennent
insoutenables, Madrid ne sera pas à court de liquidités cette
année.
Il est presque certain que la Banque centrale européenne (BCE) va
intensifier ses achats d'obligations espagnoles. En outre, la BCE pourra
prendre des mesures supplémentaires pour soutenir le système
bancaire espagnol.
Ces probables interventions de la BCE pourraient donner plus de temps
à l’État espagnol
mais cela ne changera pas fondamentalement
ses trajectoires économique et budgétaire. En l'absence de
croissance économique, il est probable que le gouvernement sera
finalement contraint de demander un plan de sauvetage de la part de ses
partenaires européens ou du Fonds monétaire international en
2013.
*Plus Ultra, « Encore
au-delà » en français, est la devise de l’État espagnol.
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