La répression financière est à
la hausse de par le monde, et notamment en Inde. Après avoir rendu ses plus
grosses coupures illégales en novembre, le gouvernement indien s’en prend
désormais à l’or.
Et pas seulement aux barres et
pièces d’or. Lors de récents raids, il est allé jusqu’à confisquer des
bijoux.
Pour en savoir plus, voyez mon
article du 27 novembre intitulé Cash Chaos in India, 86% of Money in Circulation Withdrawn;
Cash Still King in Japan.
Les plus grosses coupures
indiennes, ce sont les billets de 500 (7,30 dollars) et de 1000 roupies (14,60
dollars), qui représentent plus de 85% des billets en circulation. Ils n’ont
désormais plus cours légal.
Le désordre qui a fait suite à
la décision du gouvernement de les sortir de la circulation se poursuit jusqu’à
aujourd’hui.
L’Inde confisque l’or de
ses citoyens
Voici un extrait de Message to Modi: Do No More Harm, par Mihir Sharma.
Le désordre né de la « démonétisation »
ne s’estompe pas. Il y a de fortes chances que les bouleversements
économiques actuels, notamment dans les régions rurales de l’Inde, affectent
la croissance pendant encore quelques trimestres. Il est difficile de prédire
quels en seront les effets, nous sommes désormais en territoire inconnu, et
les estimations varient considérablement. De nombreux analystes tombent
toutefois d’accord avec l’ancien Premier ministre, Manmohan Singh, qui s’attend
à voir les récentes politiques faire perdre deux points de pourcentage au
taux de croissance du PIB.
La démonétisation a d’abord été
présentée comme une attaque de haute précision contre l'argent noir — les
piles d’argent illicites qui ont été accumulées à l’abri du regard du
percepteur. Il est désormais évident que cette attaque ait été tout sauf
précise. Pire encore, des questions gênantes sont aujourd’hui posées quant à
la possibilité pour les règles et exemptions qui ont accompagné cette
démonétisation d’avoir permis à certains propriétaires d’argent noir de
blanchir leurs réserves. C’est pourquoi Modi choisit maintenant de présenter
la démonétisation comme un moyen d’encourager le développement d’une société
sans espèces.
Et pourtant, l’idée d’une guerre
contre le capital non-déclaré reste centrale à la démonétisation, ce qui
signifie que Modi devra trouver d’autres manières de poursuivre son agenda.
Le gouvernement a déjà commencé à faire des perquisitions chez des individus soupçonnés d’avoir
dissimulé des actifs autres que des espèces, comme par exemple de l’or.
Beaucoup s’inquiètent de voir
les perquisitions redevenir chose fréquente, ce qui a poussé le gouvernement
à tenter d’apaiser la situation en clarifiant, entre autres, que rien ne se
passerait si « les réserves d’or des individus se limitent à 500 grammes
d’or par femme mariée, 250 grammes par femme non-mariée et 100 grammes par
homme ». Il a également ajouté que les bijoux ne feraient l’objet d’aucune
limitation, si tant est qu’ils proviennent d’un héritage. L’agent en charge d’une
perquisition a « la possibilité, à sa seule discrétion, de ne pas saisir
une quantité plus importante encore de bijoux ».
Cela signifie, malheureusement,
que les agents fiscaux de l’Inde ont gagné la loterie. Lors d’une
perquisition, ils peuvent décider de confisquer, ou non, les réserves d’or d’une
famille. Les Indiens possèdent de très importantes réserves d’or – estimées à
20.000 tonnes, dont une majeure partie a été héritée. Les
lois qui s’appliquent aux mandats de perquisition simple sont différentes,
mais très peu le savent. Plutôt que de faire le ménage en matière de gestion
fiscale, le gouvernement a offert aux agents de perquisition plus de pouvoir
qu’ils n’en ont eu depuis des décennies. Les riches paieront le nécessaire
pour qu’on les laisse en paix, les autres souffriront
Les riches s’en sortent,
les autres souffrent
La dernière phrase de l’article
précédent en dit long sur ce qui se passe aujourd’hui : « Les
riches paieront le nécessaire pour qu’on les laisse en paix, les autres
souffriront ».
Les preuves dont nous disposons
poussent à croire que ceux qui ont des contacts politiques, ainsi que leurs
amis, ont été avertis de ces mesures. Tous les autres se sont retrouvés
coincés.
Les perquisitions d’or
renforcent la guerre que mène le gouvernement indien contre les espèces. Et
ce genre d’actions finira ultimement par faire grimper la demande en or.
Qu’arrivera-t-il ensuite ?
Je ne cesse jamais de me
demander ce qui arrivera ensuite. Certains prétendent le savoir. J’admets
être dans le noir. Je suis sûr que nous avançons vers une crise des devises,
mais suis incapable de déterminer quand elle se présentera. Et la liste des
candidats potentiels ne cesse plus de se rallonger.
Je me suis principalement penché
sur le Japon, la Chine et l’Union européenne. L’Inde m’a pris par surprise,
mais s’intègre dans ma théorie générale selon laquelle une goutte inattendue
viendra bientôt faire déborder le vase, ailleurs qu’aux Etats-Unis.
Les décisions des Etats-Unis
pourraient déclencher une crise des devises, mais je suis d’avis qu’une crise
frappera d’abord un autre pays. Si je ne me trompe pas, l’or représentera de
nouveau une valeur refuge dans toutes les devises, et principalement dans
celle qui se trouvera à l’épicentre de la crise.