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C’est
une première qui risque de bouleverser le marché automobile
européen. Le 21 février dernier, le constructeur automobile
privé chinois, Great Wall Motor, a
inauguré sa première usine d’assemblage au sein de
l’Union européenne (UE), en Bulgarie. Avec une capacité de
production à terme de 50 000 véhicules par an, l’usine
bulgare réalisera les premiers modèles de la marque, estampillés
« made in UE » et concurrencera ainsi les constructeurs
européens sur leurs propres marchés domestiques.
Alors que la
Grèce est en faillite à cause d’un dérapage
incontrôlé des finances publiques, cette nouvelle attire
l’attention sur son voisin du Nord bulgare, qui a au contraire fourni
des efforts considérables en matière de finances publiques.
Après
des années de communisme et des années de transition difficiles,
l’État bulgare semble pourtant moins
« gourmand ». Il accapare une part relativement moins
importante des ressources de l’économie. Les chiffres parlent
d’eux-mêmes.
Au cours des
années 2000, la Bulgarie a en effet été dans le peloton
de tête des pays où la part des dépenses publiques par rapport
au PIB est la moins élevée au sein de l’UE. Depuis la
crise, soit en 2009 et en 2010, elle occupe même la première
place (voir Tableau ci-dessous).
Tableau :
Classement des pays en fonction de la part des dépenses publiques par
rapport au PIB
Pays
|
Dépenses
publiques en % du PIB
|
Bulgarie
|
38,1
|
Slovaquie
|
40,0
|
Estonie
|
40,6
|
Roumanie
|
40,9
|
Lituanie
|
40,9
|
Luxembourg
|
42,5
|
Malte
|
42,9
|
République
tchèque
|
44,1
|
Lettonie
|
44,4
|
Pologne
|
45,4
|
Espagne
|
45,6
|
Chypre
|
46,4
|
Allemagne
|
47,9
|
Hongrie
|
49,5
|
Slovénie
|
50,1
|
Grèce
|
50,2
|
Italie
|
50,3
|
Royaume-Uni
|
50,4
|
Pays-Bas
|
51,2
|
Portugal
|
51,3
|
Autriche
|
52,5
|
Suède
|
52,7
|
Belgique
|
52,9
|
Finlande
|
55,4
|
France
|
56,6
|
Danemark
|
58,2
|
Irlande
|
66,8
|
Source :
Eurostat.
La Bulgarie
est aussi l’un des rares pays à avoir affiché des
excédents budgétaires avant la crise, soit pendant 5
années consécutives entre 2004 et 2008 (voir Figure 1
ci-dessous).
Figure 1 :
Déficit/surplus du gouvernement bulgare, 2001-2013
 
* estimations
Source :
Eurostat ; European Economic Forecast – Autumn 2011
(pour 2011 à 2013)
Avec seulement
les pays nordiques, l’Estonie et le Luxembourg, la Bulgarie (qui
pourtant n’est pas dans la zone euro) a été tout
près de respecter le critère de Maastricht d’un maximum
de 3% du PIB en matière de déficit en 2010 (3,1%) et a
l’avoir respecté, selon les prévisions, en 2011.
Enfin, alors
que la quasi-totalité des autres pays européens ont
laissé leur dette déraper – aussi bien avant que pendant
la crise, à l’image de la Grèce ou de la France –
le cas bulgare semble exemplaire à cet égard. La dette y a
été divisée par plus de 4, passant ainsi de 66% du PIB
en 2001 à 13,7% en 2008. Même en termes absolus, elle a pu
être divisée par plus de deux, en euros courants, sans tenir
compte du « taux d’inflation ».
Figure :
Evolution de la dette publique bulgare, en % du PIB et en milliards
d’euros


Source :
Eurostat.
Comme
ailleurs, la crise a mis à mal les finances publiques bulgares. Les
déficits sont réapparus et la dette publique, bien que faible, est
repartie à la hausse ces dernières années. Le
gouvernement bulgare actuel et ceux qui lui succéderont ne devront pas
l’oublier et surveiller ainsi de près tout nouveau risque de
dérapage éventuel.
Car si
l’existence de coûts faibles a certainement joué un
rôle dans le choix du constructeur chinois pour l’implantation de
son usine en Bulgarie, le fait que la situation des finances publiques du
pays est relativement saine a sans doute également pesé dans la
balance. Et pourra jouer à nouveau pour des partenariats similaires
dans l’avenir.
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