J’ai oublié de vous informer que votre lettre STRATÉGIES du
mois de janvier est bien disponible dans votre espace lecteur. Vous avez,
dans un seul document, la méthode entière de 140 pages intitulée “La méthode
infaillible que l’on vous cache pour trouver un travail ou en changer”. Je
vous souhaite une excellente lecture.
Je rappelle aux « zoptimistes » béats qui ne veulent entendre, par
confort, que les bonnes nouvelles, que depuis l’antiquité, on ne coupe plus
la tête des messagers même si les nouvelles ne sont pas bonnes, ou ne sont
pas celles que l’on attendait ou que l’on espérait.
Le dernier rapport de Rexecode, un institut d’analyse économique français
aussi sérieux que réputé, est sans ambiguïté.
« La conjoncture s’améliore mais la compétitivité de la France
recule encore »
Je cite le résumé de ce rapport exhumé pour vous. Il vient tout juste de
sortir et de paraître et doit, dans vos réflexions, faire immédiatement écho
aux records de croissance officielle qui assaillent notre pays. N’oubliez pas
que jusqu’au dernier jour et malgré les rayons vides, l’agence TASS (celle
qui abreuvait la Pravda soviétique de ce qui devait être dit) « informait »
le bon peuple des succès toujours plus brillants et fulgurants de l’URSS qui
chaque année battait la production de blé de l’année précédente. Chaque
année, dans les rayons, il y avait de moins en moins de pains.
Pour résumer rapidement, nous nous sommes appauvris collectivement de 1
700 milliards d’euros de manque à gagner, notre compétitivité ne s’améliore
pas franchement sans pour autant accélérer sa dégradation, et comme je l’ai
dit plusieurs fois, c’est aussi logique que prévisible dans la mesure où la
compétitivité est chose relative et dépend évidemment de ce que font aussi
les « autres ». Enfin, nos produits sont mauvais et coûteux, et donc… ils ne
se vendent pas et les exportations françaises s’effondrent. Si nos produits
ne sont pas assez innovants, ce n’est pas la faute de nos « salariés » mais
de nos patrons « sans vision ».
L’un de nos problèmes est aussi celui d’avoir un mauvais patronat et trop
peu de leaders charismatiques. C’est assez logique. La France dégoûte les
entreprenants, et ceux qui restent ont vraiment la « foi ». Le débat autour
de la richesse de l’un de nos milliardaires est totalement à l’image de notre
pays qui décourage l’effort individuel pour encenser les
forcément-gentils-pauvres qui se battent pour un pot de Nutella
(volontairement caricatural).
Nous ne devons pas avoir peur de la richesse et du succès. Nous devons
renouer avec la culture de l’effort, du courage, de la réussite et de l’ambition
aussi bien individuelle que collective. La médiocrité ne doit pas être notre
choix.
« Le rattrapage des pertes des parts de marché accumulées par la France
par rapport aux autres pays européens depuis le début des années 2000 n’est
pas encore amorcé et le recul de la position française s’est même légèrement
accentué en 2017. La traduction en termes de gains de parts de marchés et de
réindustrialisation de l’amélioration récente de la compétitivité-coût
prendra du temps.
• Les parts de marché à l’exportation se sont encore dégradées en
2017
La part des exportations françaises de biens et services dans celles de la
zone euro a légèrement reculé en 2017. Elle s’établit en valeur à 12,9%,
après 13,2% en 2016. Si la part de marché de la France dans la zone euro
était restée à son niveau de 2000 (17,0%), le montant des exportations
françaises serait accru de 210 milliards € en 2017.
Le manque à gagner cumulé depuis 2000 atteint désormais de 1 700 milliards
€.
Le déficit de la balance des transactions courantes devrait s’élever à
1,1% du PIB en 2017, un niveau historique. La balance des échanges de
services s’est en revanche légèrement redressée en 2017 (+0,3 point de PIB),
grâce au tourisme, mais sans rattraper les pertes enregistrées depuis 2012.
• Une amélioration de la compétitivité-coût sur la période récente
– Depuis 2012, la progression du coût horaire du travail dans les secteur
marchand a été plus modérée en France qu’en zone euro (+5,4 % contre +7,1 %
en zone euro) et en particulier qu’en Allemagne (+11,4 %). Si l’on observe le
coût salarial unitaire – qui tient compte de la productivité –,
l’amélioration est également sensible. Dans l’ensemble de l’économie, le CSU
a progressé en France au même rythme qu’en zone euro (+1,1 %) en 2017, et
plus modérément qu’en Allemagne (+1,5 %).
– L’écart substantiel accumulé depuis 2000 entre la France et l’Allemagne
n’a cependant été réduit que de 25 % par le CICE et les réductions de
cotisations familiales. Dans l’industrie manufacturière, le CSU baisse en
France en 2017 (-0,4 %), alors qu’il est stable en zone euro. Les entreprises
industrielles françaises ont stabilisé leurs prix à l’exportation en 2017
alors qu’ils augmentent de 1,0 % en moyenne en zone euro.
• Un recul continu de la base industrielle française en Europe
– L’amélioration récente de la compétitivité-coût a contribué au
redressement des marges des entreprises, sans enrayer toutefois la
contraction de la base industrielle, elle-même fortement liée au recul des
parts de marché. La part de la valeur ajoutée manufacturière française dans
celle de la zone euro a encore légèrement diminué en 2017, pour atteindre
13,6 %. Elle était de 17,3 % en 2000.
– La hausse au cours des années 2000 des coûts supportés par l’industrie
(coûts salariaux directs, mais aussi ceux des secteurs fournisseurs) a
progressivement éliminé les entreprises les moins productives. Les autres ont
réduit leurs marges pour maintenir leur compétitivité-prix, au détriment de
leur capacité à investir et à monter en gamme. Un cercle vicieux s’est
installé : les pertes de parts de marché réduisent les débouchés et le recul
relatif de la base industrielle réduit les capacités exportatrices et la
variété de l’offre française.
• Des produits français perçus comme de qualité mais pas assez
innovants et toujours trop chers
L’édition 2017 de l’enquête auprès des importateurs européens sur leur
perception du positionnement des produits français par rapport à leurs
principaux concurrents confirme ce diagnostic : la qualité des biens
d’équipement et des biens intermédiaires français est jugée moyenne, voire
médiocre, par rapport au prix de vente. »
Comme le dit un slogan publicitaire actuel, « alors là, on est mal patron
» ! En attendant, on voit de la croissance partout. Ne soyez pas dupes ni
naïfs.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !