19 novembre
(Reuters) – Selon une récente étude, une culture bancaire qui privilégie les
gains financiers au-dessus de tout le reste encourage la malhonnêteté et rend
les banquiers plus aptes à tricher.
Des chercheurs
suisses ont étudié le comportement d’employés de banques et d’autres
professionnels dans le cadre d’expériences au travers desquelles les sujets
pouvaient gagner de l’argent par la tricherie. Ils ont découvert que les
banquiers ont beaucoup plus de chances d’être malhonnêtes lorsqu’ils se concentrent
sur leur rôle professionnel.
Quand les employés des banques se sont vus encouragés de penser moins à leur
profession et plus à la vie de tous les jours, ils se sont prouvés être plus
honnêtes.
« De
nombreux scandales ont tourmenté l’industrie bancaire au cours de cette
dernière décennie, » explique Ernst Fehr, chercheur à l’Université de Zürich
qui a codirigé l’étude. « Ces scandales nous ont poussé à nous demander
si la culture de l’industrie bancaire encourage, ou tolère, les comportements
frauduleux ou immoraux. »
L’équipe de Fehr
a mené une étude grâce à des banquiers volontaires, avant de mener la même
étude avec des individus d’autres professions.
La première
étude a impliqué 128 employés de tous les échelons d’une banque
internationale – les chercheurs ont promis de ne pas divulguer le nom de la
banque en question – et 80 employés d’autres banques.
Les participants
ont été divisés entre un groupe de traitement chargé de répondre à des
questions relatives à leur profession, comme par exemple « quel est
votre rôle au sein de la banque ? », et un groupe de contrôle
chargé de répondre à des questions relatives à la vie de tous les jours,
comme « combien d’heure passez-vous devant la télévision chaque semaine ? »
On leur a
ensuite demandé de jouer à pile ou face dix fois, en secret, puis de
rapporter leurs résultats. Pour chaque jeu, ils savaient à l’avance si leur
résultat allait leur rapporter une récompense de 20 dollars. On leur a
également dit qu’ils pourraient conserver l’argent gagné si leurs gains
étaient supérieurs ou égaux à ceux d’un sujet sélectionné au hasard.
Parce que le
gain maximum était de 200 dollars, ils étaient considérablement encouragés à
tricher, comme l’explique l’équipe de Fehr dans le journal Nature.
Les résultats
montrent que le groupe de contrôle a rapporté 51,6% de parties gagnantes, et
le groupe de traitement – dont le rôle professionnel a été souligné – a rapporté
58,2% de parties gagnantes, ce qui nous donne un taux de fausse déclaration
de 16%. 26% des sujets ont triché.
La même
expérience a été menée avec des employés d’autres secteurs – manufacturier, des
télécommunications et pharmaceutique – et a montré que ces employés ne
deviennent pas moins honnêtes lorsque leur rôle professionnel est mis en
avant.
L’étude peut être trouvée sur www.nature.com/nature
(édité par Ralph
Boulton)
via Reuters