Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Vous vous souvenez sans doute de la célèbre phrase de François Mitterrand concernant la véritable guerre économique à laquelle se livre sans pitié et en permanence nos grands amis les Américains et dont notre pays est l’une des bien nombreuses victimes à travers la planète.
Cet état de « guerre » économique est donc quasi permanent. Or depuis la fin des JO en Russie et la tentative occidentale réussie de déstabilisation de l’Ukraine, la tension monte entre Washington et le Kremlin selon un rythme savamment orchestré de sanctions d’un côté auxquelles répondent d’autres rétorsions de l’autre.
Il est difficile d’affirmer avec certitude jusqu’où pourra aller cette escale qui a lieu aussi bien sur le front militaire qu’économique. Ce qui semble certain, c’est que des deux côtés, pour le moment, la détermination semble réelle. Lorsque Moscou prépare une trentaine de bombardiers nucléaires, les Américains répliquent en renforçant leur présence militaire dans les pays de l’Est ayant rejoint l’OTAN, comme la Pologne ou les pays baltes en déployant de nouveaux appareils militaires. Là encore, l’escalade est réelle mais pesée, sous-pesée, graduée.
J’ai du mal à croire que nous serions tous prêts à nous faire la troisième et sans doute dernière guerre mondiale pour savoir à qui doit appartenir l’Ukraine… mais le monde étant assez fou ces dernières décennies, finalement même le pire ne peut pas être totalement écarté. Néanmoins il semble que dans un premier temps et avant d’en arriver aux mains, nous devrions plus vraisemblablement voir se réaliser un scénario de guerre économique qui, à son tour, pourrait éventuellement déraper en un conflit ouvert. C’est la raison pour laquelle il est important de surveiller ce qu’il se passe sur ce front et l’actualité est particulièrement riche.
La Banque centrale de Russie transfère ses réserves placées aux États-Unis
C’est une information exclusive du magazine Challenges qui a publié un article nous apprenant vendredi dernier que « la Banque centrale de Russie a retiré des banques américaines une partie importante de ses avoirs. Des milliards de dollars transférés en Europe.
D’après un expert de la finance, la Banque centrale de Russie a retiré jeudi 6 mars une importante partie de ses réserves déposées dans les banques américaines pour les transférer dans des établissements européens. Impossible de connaître le montant exact de ces transferts, mais selon notre spécialiste, ils pourraient se chiffrer en dizaines de milliards de dollars.
Ce mouvement montre que, dans son conflit avec le nouveau pouvoir en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, envisage tous les scénarios. Y compris celui qui verrait Washington geler les avoirs russes déposés dans ses banques. D’où l’opération menée jeudi ».
Vous remarquerez d’ailleurs qu’au même moment, l’euro face au dollar touchait un nouveau plus haut. C’est assez logique. Les Russes n’ont pas uniquement rapatrié des dollars, ils ont également acheté un peu d’euro. Il est d’ailleurs assez logique de penser que l’ensemble de ces fonds ne sont pas tous allés en Russie et qu’une partie non négligeable soit venue se placer dans des banques européennes, aussi bien allemande que britanniques par exemple. La stratégie russe est aussi de rappeler à chaque pays d’Europe ses liens économiques avec la Russie, ce qui a tendance à rendre moins véhément le pays opposant. C’est le cas avec les Anglais puisqu’un haut fonctionnaire a été vu avec un mémo rédigé par les banques de la City et recommandant de ne pas trop se fâcher avec les Russes, parce qu’ils représentent des sommes folles aussi bien dans les banques que sur le marché londonien de l’immobilier. Vous remarquerez d’ailleurs le silence assourdissant sur cette histoire ukrainienne du Premier ministre Cameron.
L’Allemagne, qui était également partie « tout feu tout flammes », a vite été remise dans le droit chemin par Moscou qui a su montrer à Berlin sa dépendance au gaz russe. Être écolo c’est bien, les panneaux solaires c’est super, les éoliennes aussi mais hélas, l’Allemagne dépend avant tout du gaz russe pour son énergie et ce n’est pas la France avec des capacités concernant ses centrales nucléaires au plus bas qui peut exporter de l’électricité à son voisin d’outre-Rhin pour le dépanner… Du coup, l’Allemagne, qui était en première ligne, se fait nettement plus discrète.
La diplomatie russe applique donc à la perfection le chantage économique, « l’achat » de la bienveillance de certains à travers son implication économique et ses placements, et évidemment tente de diviser les pays membres de l’OTAN et en particulier les Européens. De son côté, Barack Obama essaie par tous les moyens de constituer une alliance solide et large… mais derrière les soutiens de façade, le mur se lézarde, en tout cas en ce qui concerne les grands pays européens de l’Ouest. Après, qu’une république balte soit alliée des USA et sur une ligne dure à l’égard de Moscou… n’a pas beaucoup d’importance.
La guerre du gaz aura-t-elle lieu ?
Moscou aussi peut riposter à chaque mesure ou sanction qui lui sera imposé. La plus évidente des rétorsions est bien sûr l’exportation de gaz et de matière première russe. Il suffit à la Russie de couper le robinet de gaz pour que de nombreux pays européens soient dans une situation rapide de pénurie. Le problème c’est que si l’Europe n’a plus de gaz, la Russie, elle, ne recevra plus d’argent. La question essentielle tourne donc toujours autour de la motivation des acteurs de la crise et des peuples. À n’en pas douter, les Russes sont beaucoup plus résistants et résilients face à des pénuries que nous ne pourrions l’être, nous, dans notre confort de l’Europe de l’Ouest. Voici ce qu’en dit un article du Monde.
« Le patron du groupe public russe Gazprom a en effet menacé l’Ukraine, vendredi 7 mars, d’interrompre ses exportations de gaz à l’Ukraine – dont 60 % de l’approvisionnement dépendent de Moscou – en raison d’impayés de 1,9 milliard de dollars (1,36 milliard d’euros). «Nous ne pouvons pas livrer du gaz gratuitement, a prévenu Alexeï Miller. Soit l’Ukraine règle ses arriérés, soit il y a un risque de revenir à la situation de début 2009.» La date limite de paiement des livraisons de février tombait vendredi 7 mars, et «Gazprom n’a reçu aucun paiement sur son compte», a justifié ce proche du président Vladimir Poutine.
Une telle décision de Gazprom perturberait l’approvisionnement de l’Union européenne (UE), dont les fournitures de gaz russe (30 % de la consommation européenne) transitent par l’Ukraine. L’Europe risque ainsi de revivre – à une saison plus clémente – les crises du gaz de janvier 2006 et de janvier 2009. Certes, depuis la mise en service en 2011-2012 du gazoduc Nord Stream sous la Baltique, qui peut acheminer jusqu’à 55 milliards de m3 par an de la Russie vers l’Allemagne, le Vieux Continent est moins exposé au « goulet d’étranglement » du gazoduc Brotherhood traversant l’Ukraine : il n’y passe plus que 15 % du gaz consommé par les Européens, même si certains pays, comme la Slovaquie et la Hongrie, restent vulnérables. »
Ukraine : Moscou menace de suspendre les inspections de son arsenal stratégique
Toujours à propos des éventuelles sanctions et rétorsions aux sanctions, cette dépêche de l’AFP qui a fait très peu de bruit mais qui, si elle venait à se concrétiser, mettrait fin tout simplement à plus de 30 années de désarmement nucléaire « mutuel ».
« MOSCOU – La Russie envisage de suspendre les inspections étrangères de son arsenal d’armes stratégiques, y compris les missiles nucléaires, en réponse aux menaces venant des États-Unis et de l’OTAN à propos de la crise en Ukraine, a annoncé samedi le ministère russe de la Défense.
Les menaces non fondées des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie à propos de sa politique envers l’Ukraine sont perçues par nous comme un geste inamical qui permet donc de déclarer des circonstances de force majeure, a déclaré un haut responsable non identifié du ministère, dans un communiqué aux agences de presse russes.
Nous sommes prêts à faire cela en réponse aux déclarations du Pentagone sur la suspension de la coopération entre les ministères de la Défense de Russie et des États-Unis, a-t-il dit.
Le Pentagone a annoncé lundi que les États-Unis avaient suspendu tous les liens militaires entre Washington et Moscou en raison de l’intervention russe en Crimée.
Les inspections ont lieu dans le cadre du Traité de réduction des armes stratégiques (START) passé avec les États-Unis, et dans celui du Document de Vienne entre les pays membres de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe).
Y mettre fin risque fort d’être considéré par l’Occident comme une violation majeure de ces accords, vus comme une pierre angulaire du maintien de la paix dans le monde depuis la fin de la Guerre froide.
Étant donné que de telles inspections relèvent d’une question de confiance, dans des conditions de sanctions décrétées de facto par les États-Unis, il ne peut y avoir de contacts bilatéraux réguliers sur le respect des accords, a-t-il encore estimé. »
Petit à petit, chacun avance ses pions, jauge ses forces, ses possibilités et sa position dominante ou pas. La diplomatie russe est une réalité et elle est efficace. Les Russes ne sont pas isolés et l’alliance avec la Chine constitue le véritable contre-pouvoir à l’Empire américain.
Entretien de François Hollande avec Barack Obama, Président des États-Unis d’Amérique
Dans tout cette histoire de crise ukrainienne, nous avons encore droit à des mensonges hallucinants de la part de nos dirigeants. Le problème n’est pas de savoir si l’ancien Président ukrainien était gentil ou populaire. Il était certainement moins sympathique que le nôtre, mais certainement pas aussi impopulaire que François Hollande en son propre pays. Mais surtout, il a été démocratiquement élu…. N’en déplaise aux Américains et à leur caniche français (pour le coup, les Anglais sont nettement moins va-t-en-guerre que François Hollande, prêt aussi bien à envahir la Syrie qu’à attaquer Moscou tout seul comme un grand. Vas y François, passe le premier).
Or si je ne défends pas l’ex-président d’Ukraine, je constate simplement que si la rue ne doit pas diriger en France, il est parfaitement normal qu’elle décide en Ukraine, surtout aidée par quelques snipers payés, financés et armés par quelques agitateurs des pays de l’ouest. C’est un coup d’État qui a été fomenté en Ukraine par nos soins et en aucun cas le gouvernement ukrainien actuel n’est légitime puisqu’il s’est approprié le pouvoir par la force et n’a, lui, pas la légitimité des urnes. Ce gouvernement n’a pas été élu. Voilà la réalité, même si ce pouvoir est plus populaire que le précédent, il n’a pas été démocratiquement élu. Pourtant, c’est que ce que l’on nous explique. On nous tient le discours inverse de la réalité et, encore une fois, ces mensonges sur des sujets internationaux sont trop répétitifs, la ficelle trop grosse.
Mais Hollande va encore plus loin et nous explique qu’un référendum, c’est-à-dire le fait de demander son avis au peuple (ce qui est tout de même un acte démocratique par excellence), « ne repose sur aucune base légale » ! C’est tout de même énorme. Demander son avis à un peuple n’est pas légal. Que c’est beau la conception de l’autodétermination et de la démocratie socialiste. C’est tellement jûûste ! Ce qui serait légal sans doute serait qu’un gouvernement non élu refuse un référendum à l’autodétermination sous prétexte qu’il est effectivement perdu d’avance les habitants de la Crimée se sentant russe et non ukrainiens. Bref, je vous cite le communiqué de notre Présidence de la République :
François Hollande s’est entretenu aujourd’hui avec Barack Obama de la situation en Ukraine.
« Dans les circonstances graves actuelles, ils ont souligné l’importance pour la Russie d’accepter rapidement la formation d’un groupe de contact permettant d’engager le dialogue entre l’Ukraine et la Russie, en vue de favoriser une sortie de crise pacifique et de restaurer pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Ils ont rappelé l’absence de toute base légale au projet de référendum envisagé en Crimée le 16 mars prochain et la nécessité pour la Russie de retirer les forces envoyées en Crimée depuis la fin février et de tout faire pour permettre le déploiement d’observateurs internationaux.
Ils ont souligné que, faute de progrès en ce sens, de nouvelles mesures seraient prises qui affecteraient sensiblement les relations entre la communauté internationale et la Russie, ce qui n’est dans l’intérêt de personne.
Ils sont convenus, par ailleurs, de poursuivre leur soutien aux nouvelles autorités en Ukraine, ainsi qu’à la préparation, sous contrôle international et dans la plus grande transparence, de l’élection présidentielle du 25 mai prochain.
Ils ont marqué l’importance de poursuivre la coordination actuelle entre les positions de l’Union européenne et des États-Unis. »
À la tête d’un pays en faillite, incapable du moindre courage, notre Président, depuis son voyage, a acté une idée assez simple. N’arrivant plus à rien aussi bien au niveau national qu’au niveau européen où la France est totalement marginalisée par le poids de l’Allemagne, il a décidé de passer sous protectionnisme américain en espérant ainsi gagner encore du temps et la coopération des marchés et des agences de notation. Bref, l’idée est que les Américains décident de « sauver le soldat Hollande ».
Cette politique hollandouillesque, comme les autres, ne fonctionnera pas et sera encore pire. Nous sommes en train de perdre notre âme, de brader les intérêts du peuple de France et les USA ne sauveront ni la France, ni le PS.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ».
Challenges sur les russes qui vident les comptes bancaires aux USA
Dépêche AFP suspension accords sur le désarmement
Communiqué de presse Présidence de la République sur les discussions entre François et Barack…