Cette monnaie fut suffisamment connue pour que Plutarque en fasse l’objet d’une plaisanterie classique (aux environs de 100 après JC). Supposant que sa valeur fiduciaire devrait être sa valeur réelle, Plutarque pensait qu’il faudrait un cheval et un chariot pour transférer les montants nécessaires aux plus modestes transactions. La plaisanterie résista bien plus longtemps que la monnaie, peut-être aussi parce qu’elle fait un portrait absurde, mais seul un fou pourrait imaginer les Spartiates conduire leurs transactions quotidiennes avec des brassées de monnaie de fer pendant 300 ans.
De fait, pendant cette période, la monnaie spartiate était parfaitement opérationnelle : elle possédait une valeur notionnelle soutenue par la loi la déclarant monnaie officielle [à cours forcé] et qui était renforcée par l’intégrité de l’Etat. Ce n’est qu’une fois la force politique de Sparte affaiblie que cette monnaie disparut et non pas en raison d’une inflation. Pendant les 50 années qui suivirent l’apparente victoire des Spartiates dans les guerres du Péloponnèse et alors que, culturellement, Athènes commençait à dominer Spartes, la confiance des marchands spartiates dans leur propre monnaie de fer commençait à s’étioler et ils préféraient utiliser l’or et/ou l’argent qui s’immisçait dans le système.
Tandis que la situation se détériorait, l’Etat décréta “qu’aucune pièce de monnaie en or ou en argent ne serait admise dans Spartes” et que tous « devraient utiliser la monnaie obtenue depuis longtemps ». Le décret n’entra pas en vigueur car l’alternative était lugubre: plus aucune marchandise ou plus aucune marchandise échangée contre de l’or.
Les Spartiates ou bien quittèrent la cité (ce qu’ils firent en masse, et qui mena à la fin de la puissance de Spartes), ou bien utilisèrent l’or.
Le système spartiate montre la dépendance d’un système de monnaie fiduciaire sur le pouvoir et la continuité de l’intégrité d’un Etat.
Paul Tustain