Après un siècle de domination, sommes-nous à l’aube de la disparition de
la voiture à pétrole? Objet de désir, de réussite et symbole d’un
statut social, elle est en train de se faire dépasser par sa comparse
électrique.
La nouvelle Mobilité apporte une disruption totale sur le marché de
l’énergie en passant par la géopolitique pétrolière mondiale et aux
distributeurs d’électricité. Elle devient un élément clé de la nouvelle
économie en se métamorphosant de glouton à outil intelligent.
Un changement rapide
Des banderilles électriques de plus en plus acérées ont été lancées et
toute l’industrie vacille. Depuis le début de ce mois, la nouvelle petite
Tesla est sortie des usines pendant que Volvo a annoncé l’arrivée de
l’électricité dans tous ses modèles d’ici à 2019.
L’Inde, la Norvège, la Hollande et bientôt la Chine vont interdire la
vente des voitures à essence ou diesel.
Ce revirement de situation est un pied de nez à l’empire Rockefeller. Si
en 1900, les voitures électriques représentaient le 34% des ventes à New
York, Boston et Chicago, le magnat du pétrole a su imposer aux constructeurs
automobiles son or noir.
Effet exponentiel
A ce jour, les ventes ne représentent que le 1% des ventes, mais la boule
de neige se transforme en avalanche et plus de 1 million de voitures
électriques seront vendues cette année à travers le monde.
Si les producteurs automobiles se sont focalisés sur les grands modèles
dispendieux, les voitures électriques low-cost pointent le bout de leur nez.
L’Inde et la Chine travaillent sur des véhicules de 3’000 à 7’000$.
Même les pétroliers accusent le coup au point de se demander s’il vaut
mieux extraire son pétrole aujourd’hui, même avec des prix bas, au lieu de
prendre le risque de devoir, demain, le laisser sous terre par manque de
demande. On comprend mieux les réticences des pays de l’OPEP à réduire leurs
productions pour faire remonter les cours.


Evolution des nouveaux modèles de voitures électriques
L’accélération de l’industrie automobile électrique réside dans la
batterie.
Pour démocratiser ce véhicule, le prix de la batterie devra descendre sous
la barre des 100$ le kWh.
Depuis 2010, la chute est vertigineuse pour arriver actuellement à
190$/kWh. Le nouveau leadership de la Chine et l’augmentation du nombre de
voitures vendues nous rapprochent rapidement de cet objectif de
démocratisation.
Mais pour l’instant, les constructeurs électriques peinent à atteindre
l’équilibre financier.
A la charge de la recharge
Un “plein” nécessite entre 9 et 30 minutes pour les modèles les plus
performants bien que la majorité des voitures se rechargent comme les smart
phones: à la maison durant la nuit.
De leur côté, les stations d’autoroutes et les grandes surfaces se
profilent dans des solutions qui nécessitent le temps des commissions ou d’un
repas.
La grande inconnue réside encore dans le recyclage des batteries.
L’industrie du nucléaire a été incapable de résoudre la gestion des déchets
et ce laxisme se retourne comme un boomerang sur cette technologie.
Les batteries pourraient bien avoir une deuxième vie afin de stocker la
production d’électricité renouvelable dans les maisons et les habitations,
mais in fine, un processus de retour à la nature devra être implémenté.


Evolution des ventes de voitures électriques dans le monde
De la voiture gloutonne à la voiture intelligente et utile
La Mobilité électrique apporte une disruption totale sur le marché de
l’énergie mondiale. Elle rebrasse les cartes au niveau de la géopolitique
pétrolière et des matières premières. L’Amérique Latine et ses réserves de
lithium pourraient supplanter le pétrole du Moyen-Orient.
La voiture va devenir bien plus qu’un simple moyen de se déplacer. Elle va
permettre de stabiliser les réseaux électriques, de réduire les pics de
demandes, d’ingérer la production renouvelable, de créer des micro-réseaux et
de survivre au peak oil.
Ainsi les grands distributeurs électriques tremblent devant la possibilité
donnée aux citoyens, anciennement captifs, de produire eux-mêmes leur
électricité, de la stocker dans leurs voitures ou de la revendre à leurs
voisins.
La voiture change son statut pour devenir un outil de partage et
d’efficacité. Contraste saisissant entre une voiture à pétrole qui n’utilise
que 2 dl sur 1 litre d’essence/diesel avalé et qui produit 15 kilos de CO2 au
100 km.
Paris a annoncé l’arrêt des ventes de voitures à essence et diesel pour
2040. Paradoxalement à la vitesse des changements actuels, si la France tient
sa promesse, elle pourrait être l’un des dernier pays au monde à autoriser
ces véhicules venus d’un autre siècle !
Laurent
Horvath