Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
J’avais consacré
l’édito du 14 mai dernier du Contrarien
Matin à « la bulle finale ». Voilà ce que je disais
il y a presque quinze jours sur la notion de peur qui, quand
elle disparaît, montre et démontre que nous sommes en
pleine bulle financière :
« La définition
d’une bulle, c’est lorsque les « zinvestisseurs »
n’ont plus peur de rien, qu’ils n’ont plus peur de perdre,
qu’il y a un sentiment général où on ne
« peut que gagner ».
C’est une définition simple, très simple, mais
c’est la meilleure. Lorsque le sentiment de peur s’efface, que
l’on ne pense que pouvoir gagner à tous les coups alors la
catastrophe n’est jamais loin.
Le sentiment de peur fait partie de
tout être humain. L’absence de ce sentiment est, en terme
psychiatrique, une pathologie. L’homme a peur parce que la peur lui
donne conscience du danger. Avoir conscience du danger est la base de la
survie dans le règne animal… et humain !
Lorsque l’on ne
perçoit plus le danger, on peut dire que nos sens physiques ou
psychiques sont altérés et cela aura pour conséquence
directe une diminution considérable de notre espérance de vie.
»
Un beau gadin au Japon !
Dans la nuit, l’indice phare
de la bourse japonaise le Nikkei a terminé en baisse de 7,32 % ce qui
s’appelle un krach.
Graphiquement, c’est même assez extraordinaire ce qui s’est
passé à Tokyo puisque qu’en début de séance
l’indice a en réalité commencé par inscrire un
plus haut et un nouveau record historique… suivi d’une
dégringolade également historique où, à la
clôture, plusieurs jours de hausse ont été
effacés, sans oublier que tout cela s’est fait dans des volumes
également historiques.
Pour rester dans l’histoire,
il faut savoir que ce genre de configurations techniques signe en
général un renversement durable de tendance sur fond d’un
retour de la peur.
La peur, le retour !
Cela ne trompe pas. Après
avoir progressé de plus de 50 % depuis le début de
l’année, ce qui est une hausse totalement irrationnelle, le
marché japonais semble avoir retrouvé la sensation de peur.
Cette baisse prouve
également la fragilité de cette hausse qui ne repose sur aucun
fondamental sérieux ou crédible de retour de la croissance.
La peur de la fin des injections quotidiennes de monnaie
Hier, les minutes de la FED,
c’est-à-dire le résumé des débats entre les
différents membres du Board de la FED, ont
été rendues publiques. Et là, panique sur les
marchés puisque de plus en plus de gouverneurs souhaitent
l’arrêt de la création monétaire
illimitée… Tout en sachant que Ben Bernanke,
le gouverneur en chef, disait hier devant le Congrès américain
que stopper trop vite les quantitative easing
pouvait poser quelques problèmes majeurs à la reprise
économique.
Et c’est tout le
problème des autorités monétaires partout à
travers le monde (c’est un peu moins le cas en Europe) qui sont
tombées dans le piège des taux bas et de la création de
fausse monnaie.
La question devient : comment en
sortir ?
Avant d’aborder le comment,
voyons d’abord le pourquoi ! Pourquoi sortir de ces politiques dites
non-conventionnelles ? Pour une raison finalement assez simple. Ce
n’est pas la monnaie qui crée la richesse mais la richesse qui
crée la monnaie.
Pour comprendre ce concept économique de base, utilisons l’image
employée par Olivier Delamarche dans sa
dernière intervention sur BFM Business et qui disait pour un autre
sujet que « ce n’est pas la queue qui remue le chien mais le
chien qui remue la queue » !
En clair, injecter trop de monnaie ne peut avoir comme conséquence
à terme que la dévalorisation de cette monnaie et donc de
l’hyperinflation. Tout le monde le sait ! Y compris les gamins qui font
une partie de Monopoly et qui, pour la faire durer, pillent la banque puis
finissent par faire ce que fait Ben Bernanke…
imprimer des nouveaux billets ! C’est la seule façon de rendre
solvable les joueurs qui ont déjà perdu pour que la partie
puisse continuer sans fin… C’est ce que nous faisons, avec une
grande différence : nous ne sommes pas dans un jeu !
Alors pourquoi en sortir ? Parce
qu’à aller trop loin, nous déclencherons un tsunami hyperinflationniste qui ruinera tout le monde dans un
bain de sang monétaire à la République de Weimar.
Maintenant comment en sortir ?
Tout d’abord, en essayant de
préparer les esprits progressivement dans un savant dosage de
communication avec un jour où je dis on va arrêter
peut-être dès juin 2013, puis le lendemain en disant que non ce
ne sera sans doute pas juin, puis en disant que ce sera juillet… On
attend les réactions des marchés et en fonction on
réajuste le discours. Au bout d’un certain temps et d’un
nombre indéfini de séances boursières
en yo-yo, les intervenants finiront par s’habituer à
ce nouveau discours et répéteront à
l’envie comme les crétins lobotomisés qu’ils sont
« ben oui c’est normal comme l’économie va mieux que
bien faut arrêter tout ça et tout se passera bien… »
Le petit hic, bien visible hier au
Japon, c’est que l’on visualise bien ce que l’on dit depuis
plusieurs mois à savoir que cette hausse ne repose que sur
l’argent gratuit imprimé par les banques centrales. Il n’y
a rien de sérieux et de solide économiquement derrière
tout ça.
Le problème
précisément c’est que l’économie ne va pas
mieux !
Et il est bien là le
problème majeur. Il n’y a aucune croissance saine, durable et
autonome que les gouverneurs de banques centrales ont réussi à
créer avec ces politiques. Rien, que de nouvelles bulles qui menacent
la stabilité de l’économie mondiale de façon
systémique.
Une situation rare sous vos yeux !
Les marchés boursiers
baissent fortement. Au même moment l’once d’or cotée
monte de presque 2 %, ce qui est très rare lorsque les marchés
boursiers s’effondrent. Normalement l’or doit baisser, or il
monte.
Pourquoi ? Ce n’est pas tant
l’explosion de la bulle boursière que les investisseurs
redoutent mais l’explosion de la bulle obligataire et donc d’une
part de la capacité des États à se financer et
d’autre part la remise en cause de l’ensemble des placements
à travers la planète qui sont en très grande
majorité investis en obligations d’État.
Mais ce n’est pas tout. Un
krach obligataire c’est aussi ravageur pour le bilan… des banques
! Et quoi qu’en dise notre président de la République,
qui n’a toujours rien compris (il faut dire que si c’est
Moscovici qui lui fait la leçon on est vraiment mal) et pour qui la
crise financière est finie, elle pourrait bien recommencer !
Non seulement elle pourrait
recommencer mais surtout le risque systémique est réel et tout
peut vaciller en quelques semaines. Pourquoi ?
Mais parce que les banques sont
bourrées d’obligations d’État qui ne vaudront plus
tripette si les banques centrales cessent leurs injections illimitées
(ce qui permet de maintenir les taux au plus bas), puisque les taux
d’emprunt des États exploseraient à la hausse, que les
obligations émises ces dernières années à un taux
réel négatif s’effondreraient, massacrant
l’épargne des gens, et le bilan des banques et des compagnies
d’assurance, en faillite, feraient appel à l’État
surendetté qui ne pourrait plus sauver personne… d’où
l’idée sans doute de la dernière directive
européenne qui consiste à dire que ce qui s’est
passé à Chypre deviendra la nouvelle norme dans le futur. Futur
qui pourrait être plus proche que ce que l’on croit.
L’or c’est LE refuge
ultime !
Du coup, l’or joue à
plein ce rôle de refuge ultime et ce mouvement risque de
s’amplifier si la baisse se poursuit et si les autorités
monétaires ne ramènent pas le calme rapidement.
Les « zinvestisseurs
» étant des crétins binaires et monomaniaques
Ils ont une vision en noir et blanc
des choses. Soit ils chaussent leurs lunettes roses et toutes les nouvelles
leur font acheter tout et n’importe quoi et à n’importe
quel prix, soit ils sont pessimistes et quelle que
soit la nouvelle elle sera interprétée dans son acceptation la
plus négative, le tout sur fond d’utilisation massive de robots
boursiers travaillant à la milliseconde, ce qui amplifie tous les
mouvements.
Est-ce le Big
One ?
Reprenons les faits. L’or
physique est au plus bas et les primes sur les pièces sont très
faibles. Avec un Napoléon 20 Francs cotant moins de 215 euros, nous
sommes dans des niveaux de prix très attractifs.
Vous l’aurez donc compris :
marchés qui baissent, or « papier » qui monte alors
qu’il devrait baisser, et or physique au plus bas depuis presque deux
ans notamment sur les pièces de monnaies.
C’est une configuration rarissime qui se présente
aujourd’hui,… sous vos yeux.
Pour ceux qui étaient en
attente ou qui souhaitaient renforcer, sans contexte c’est le moment.
Ne perdez pas de temps car l’or physique pourrait ne pas aller beaucoup
plus bas.
Pour ceux qui pensent que nous
pourrions vivre les prémices du Big One
monétaire et financier – ce qui pourrait être le cas
puisqu’Hollandouille nous disait
l’inverse la semaine dernière mais nous ne pourrons jamais le
prévoir avec certitude sans le prévoir à de multiples
reprises à tort –, alors en plus de vos piécettes
n’oubliez pas le célèbre PEBC (Plan Epargne Boîte
de Conserve). Même ma femme est à l’heure actuelle en
train de faire les comptes de MES boîtes de conserve qui sont
subitement devenues les siennes… Que voulez-vous… c’est de
toute façon elle qui commande à la maison !
Allez je vous laisse, Carrefour est
ouvert et il paraît qu’il y a des promotions ! Car je ne sais pas
si c’est le Big One, mais si
c’était le cas je préfère prendre mes
précautions avant. Une vieille leçon de vie enseignée
par mon grand-père paysan. « Toujours être
préparé au pire et profiter du meilleur. Un homme averti en
vaut deux mon garçon mais un homme préparé en vaut
quatre. Tu t’en voudras rarement d’avoir pris trop de
précautions ! »
Charles SANNAT
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