Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Hier, j’essayais dans mon édito d’expliquer que
finalement ce « shutdown » de
l’État américain semblait arranger beaucoup mais alors
beaucoup de monde. Que dans ce sens, il pourrait durer beaucoup plus
longtemps que prévu, présager d’une guerre politique
totale entre républicains et démocrates ou alors même
être volontairement souhaité afin de pouvoir envisager un
défaut partiel et ordonné sur la dette US.
Qu’est-ce
qu’un défaut ordonné ?
Je crois qu’il est indispensable de s’arrêter
quelques instants sur cette idée et de la détailler un peu.
Un défaut ordonné, c’est un défaut
annoncé. Nous savons tous que dans 15 jours il faut relever le plafond
de la dette… ou pas !
Un défaut ordonné, c’est un défaut qui
n’est pas subi et mettant en cause une réaction des
marchés qui, d’un coup, rejetteraient la dette d’un
État.
Un défaut ordonné, c’est un défaut qui
pourrait « s’arranger », lié plus à des
éléments « techniques » qu’à un
véritable problème d’endettement, un défaut
ordonné peut être géré en terme
de communication et « d’espoirs » vendus.
Ne pas voter le budget fédéral, c’est faire un
premier pas important vers l’idée de défaut
ordonné. Ne pas relever le plafond de la dette US serait faire le
deuxième pas.
Dans un tel cas, les USA seraient-ils en faillite ? Non, personne
n’utiliserait ce mot. On dirait que c’est un défaut
partiel, lié uniquement à une volonté politique positive
de réduire l’endettement et que c’est même dommage
que l’on n’ait pas le même système en France…
On dirait que cela va s’arranger. Que pour le moment ce
n’est qu’une espèce de « moratoire »,
qu’il va falloir négocier et négocier encore, que
peut-être un accord est en vue (surtout si les cours de Bourse
décrochent trop fortement) puis une fois qu’ils auront
remonté, on dira que finalement l’accord a échoué
en dernière minute !
On dirait qu’en attendant, c’est la FED, la Banque
centrale US, qui pour éviter justement une panique majeure sera
amenée à refinancer en totalité dans une espèce
de « nationalisation » momentanée la dette de
l’État fédéral et qu’il n’y aura pas
à proprement parler de défaut ! Ben Bernanke
pourra alors tranquillement faire la seule et unique chose qu’il sait
faire… fabriquer de la monnaie, encore plus de monnaie à partir
de rien !
Finalement, en quelques jours, le défaut de paiement
américain passera presque comme une lettre à la poste. Quelques
grosses turbulences boursières… mais parfaites pour faire
quelques délits d’initiés majeurs alors que les
autorités de surveillance sont tout simplement… fermées !
Et puis, chemin faisant, tout le monde s’habituera à une
injection massive de dollars chaque semaine, l’or montera de
façon importante mais ce n’est pas grave dans la mesure
où beaucoup de particuliers surnommés les « mains faibles
» l’ont revendu cette année, ce qui était
l’objectif.
Le système bancaire ne s’arrêtera pas puisque, de
toute façon, Ben Bernanke donnera autant de billets
que nécessaire et que plus personne n’est là dans les
administrations de l’État fédéral pour le
surveiller.
En ayant mis déjà dehors tous les fonctionnaires au
chômage technique hier lors du blocage budgétaire, finalement
les autorités américaines n’auront pas à
gérer de conséquences visibles dans 15 jours si le plafond de
la dette n’est pas relevé ! Et en terme
d’image, c’est une différence énorme ! Car
si le plafond n’est pas relevé et que l’État
fédéral doit renvoyer tous ses fonctionnaires… alors cela
donne l’image de conséquences réelles et concrètes
dans la vie des gens. Voilà ce qu’est une faillite ! La
fermeture de l’État ! Le licenciement immédiat de tous
les fonctionnaires… Ils n’auront pas à le faire puisque
c’est déjà fait.
Dans quinze jours, le défaut de paiement sera donc une «
formalité » sans presque de conséquences réelles
en tout cas dans un premier temps. La FED compensera au maximum, Obama et les
républicains joueront une comédie savamment organisée et
les épargnants du monde entier seront progressivement ruinés
sans presque s’en rendre compte car cela sera une faillite progressive,
une faillite ordonnée avec toujours une lueur d’espoir bien
habilement entretenue.
Pas d’effondrement des banques. Pas d’arrêt des flux
logistiques ou du commerce mondial, juste un fort ralentissement et quelques
« problèmes » de livraison. Pas de panique totale…
et puis l’armée elle… continue à recevoir sa solde
ce qui permettra le maintien de l’ordre par tous les moyens.
Ceci n’est qu’un scénario. Évidemment il est
impossible, et personne ne l’envisage ou n’en parle dans les
« grands » médias. Maintenant relisez-le, encore et
encore, améliorez-le et vous avez peut-être une base
cohérente de ce qui pourrait se passer dans les prochaines semaines.
Ce n'est évidemment pas du tout une certitude. Mais cela devient une
probabilité non négligeable.
Moscovici
craint que le shutdown américain ne "freine la
reprise" économique en France
Qu’est-ce que j’ai rigolé en lisant cette
dépêche tellement nos sinistres politiques sont
prévisibles dans leurs réactions et dans leur manière de
faire. Évidemment, Moscovenividivici, qui
nous explique doctement que c’est la reprise, qu’elle est
là, que la courbe du chômage s’inverse grâce
à des bugs de SMS qui tombent à point nommé, est
très heureux mais alors très très
content de ce shutdown américain…
Vous l’avez compris… Si rien ne va plus, ce n’est
pas la faute du gouvernement socialiste. Non, c’est la faute des Zaméricains qui font n’importe quoi.
Du coup, Mosco nous prend pour des
ânes en nous expliquant en plus par la voix de la porte-parole du
gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, comme si elle
nous faisait part de confidences secrètes, genre fuites au plus haut
niveau de l’État, genre… vous n’avez rien entendu
mais sachez que le sinistre de l’Économie est très
inquiet… Haaaa, zut alors, se dit madame Michu ce soir devant la séance de lobotomie
collective (pardon devant le JT), on allait s’en sortir, la reprise
était là et hop voilà t-y pas que le « chutdon » (oui madame Michu
a un accent anglais pourri hérité de 15 ans «
d’apprentissage » de cette langue à
l’éducation nationale) nous tombe sur le coin du nez…
C’est VRAI-MENT-PAS-DE-CHAN-CEUUUUU…
Du coup, le chômage pas grave… c’est la faute aux zamis les ricains.
La croissance se transforme en récession ? Impeccable…
c’est la faute aux zamis les ricains.
Du coup, les déficits augmentent ? C’est la faute aux zamis les ricains.
Du coup, il faut revenir sur le ralentissement de la pause fiscale ?
Pas d’importance… c’est la faute aux zamis
les ricains.
On ne pouvait pas savoir, on ne pouvait pas prévoir.
L’essentiel n’est pas ce que l’on fait, l’essentiel
c’est de convaincre que l’on a un bouc émissaire et que
vraiment… « c’est pas ma faute » !
En Europe, Draghi se prépare au pire et n’a rien dit !
Oui Mario, le mamamouchi de l’euro ici de notre
côté de l’Atlantique. Il devait parler. Il a parlé.
Il n’a rien dit. Mais alors rien du tout. Rien de chez rien… On
se demande comment il a fait d’ailleurs pour répondre à
autant de questions en restant aussi évasif.
Il faut dire qu’il a un léger problème qui lui
arrive sur le coin du nez le Mario. Il se pourrait que dans 3 semaines,
à cause du relèvement du plafond de la dette, il soit
licencié et perde son job. Oui, vous serez d’accord avec moi que
s'il n’y a plus d’euro… il ne peut plus y avoir de BCE ?
Donc du coup, Mario ira pointer chez Paul Emploi… (À condition
de recevoir les SMS mais c’est une autre histoire.)
Là, vous allez me dire impossible, tout va bien en Europe. Je vous
répondrai oui-oui mon petit, tout va bien, rendors-toi. Ce sera bien
pire demain mais que veux-tu que je lui dise ?
Imaginons que les Zaméricains ne
votent pas le relèvement du plafond de la dette. Plus de sous
versés au FMI pour aider par exemple la Grèce, l’Espagne,
Chypre etc. Eh oui, nous on paie pour eux, mais les Zaméricains
aussi figurez-vous… Pourtant, Chypre c’est sacrément loin.
Bref, le plan de renflouement de la troïka tombe à l’eau.
Les Zallemands ne peuvent pas du tout payer
pour tout le monde… donc… donc quoi… Eh bien je ne sais pas
moi, et si nous reconfigurions la zone euro pendant que les Zaméricains font faillite dans l’ordre, la
joie et la bonne humeur… Comme ça, nous monétiserions
tous en cœur, chacun dans notre coin.
Évidemment, cela serait une excellente nouvelle pour
l’or, mais chut… l’or est une assurance, pas un
placement… Mais si mon assurance veut me rapporter, je ne lui dirais
tout de même pas non (d'ailleurs, il remonte... allez comprendre) !
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
L’image
qui illustre cet article est une copie d’écran du site web de la
NASA. Vous allez voir fleurir ce message prochainement sur les autres sites
du gouvernement. Imaginez maintenant le même message sur le site de
votre banque… Je vous invite à vous connecter sur ces sites
vous-même.
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