La campagne électorale américaine s'est achevée par
ce fabuleux spectacle financé par les contribuables que nous appelons « conventions
nationales des partis ». J’estime nécessaire de
préciser ici que bien qu’une somme de 18 millions de
dollars ait été offerte à chacun des partis pour
leur fastueuse épreuve, 50
millions de dollars supplémentaires ont également
été dépensés par chacun d’eux en services
de sécurité afin de pouvoir répondre aux manifestations
qui accompagnent inévitablement de tels évènements. Nous
voilà donc déjà arrivés à un total de 136
millions de dollars dépensés pour des activités
partisanes, le tout aux frais du contribuable – une somme qui ne
représente bien entendu qu’une goutte d’eau dans le vase
plein qu’est notre désastreuse situation financière, mais
qui n’en est pas moins scandaleuse. Ce sont les partis qui devraient
financer leur campagne, pas les contribuables.
Au cours de ces conventions, les dirigeants des partis ont
déterminé – ou ont prétendu le faire – qui
devrait selon eux gouverner notre belle démocratie au cours des quatre
années à venir. Mais s’il est une chose à retenir,
c’est que nous ne sommes pas une démocratie. A dire vrai, les
pères fondateurs trouvaient le concept
démocratique extrêmement dangereux.
La démocratie n’est autre que le règne de la
majorité sur une minorité. Notre système dispose de
certains éléments démocratiques, mais nos pères
fondateurs n’ont jamais cité la démocratie dans notre
Constitution, la déclaration des Droits ou encore la
Déclaration d’Indépendance. Nos protections dominantes
sont en réalité anti-démocratiques. Par exemple, le
premier amendement protège la liberté de parole. Peu importe si
cette parole choque 51% voire même 99% du reste de la population. La
parole n'est pas sujette à l'approbation de la majorité. Sous
notre forme républicaine de gouvernement, l’individu - ou la
plus petite des minorités - est protégé contre la
majorité.
Malheureusement, la Constitution et tout ce qu’elle défend
est de moins en moins respectée à mesure que notre
république constitutionnelle se transforme en une démocratie
sociale militariste et corporatiste. Les lois sont bafouées,
transformées puis ignorées à la bonne convenance de ceux
qui sont au pouvoir, alors que ceux qui devraient les contrôler et
faire régner l’équilibre restent assis les bras
croisés. Les protections que nous ont assurées nos pères
fondateurs ne sont plus rien qu’une illusion.
C’est pourquoi une importance grandissante est donnée
à ce que pense et désire le président. Les limites du
pouvoir du gouvernement sont clairement établies dans la section 8 de
l’article 1 de la Constitution. Il n’est nulle part fait
référence de son droit de forcer ses citoyens à
contracter une assurance médicale sous peine de
pénalités, par exemple. Et pourtant, ce pouvoir a
été pris par l’administration au pouvoir et
confirmé par le Congrès et la Cour Suprême. Parce que
nous sommes une république constitutionnelle, la popularité
d’une politique ne devrait pas entrer en jeu. Si une politique viole
les limitations du gouvernement et que le peuple la réclame, alors la
seule manière de la mettre en application devrait être
d’établir un amendement de la Constitution. Mais plutôt
que de passer par ce procédé ardu, la Constitution est
ignorée.
Cela prouve bien de la facilité du Bureau Ovale à imposer
ses préférences à l’ensemble du pays, tant que 51%
des gens peuvent être convaincus de voter en son sens. Les autres 49%
peuvent toujours se mettre en colère et manifester.
Nous ne devrions pas tolérer le fait que nous soyons devenus une
nation dirigée par le bon vouloir d’une poignée
d’hommes plutôt que par des lois. Nous sommes une
république, pas une démocratie, et nous devrions faire en sorte
que la Constitution soit respectée et que les limites fixées
par la loi ne soient pas ignorées par nos dirigeants. Ces limitations
légales sont là pour nous assurer que certains hommes ne
puissent pas imposer leur volonté à un individu, mais au
contraire, que l’individu soit capable de se gouverner lui-même.
Lorsque le gouvernement se trouve limité, la liberté n’en
ressort que grandie.
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