Parce que le prix de l’or est
passé d’un bas de 255 dollars par once en 1999 à son prix actuel, je trouve
intéressant de prêter attention aux actions aurifères et sur les autres
métaux précieux.
La volatilité du secteur,
notamment parmi les juniors, est légendaire.
Comme Bill Bonner, du Daily
Reckoning, nous l’explique dans son best-seller Financial
Reckoning Day, il existe un certain rythme, un tempo en décennies,
qui détermine sur quel secteur nous devrions investir pour chaque période de
dix ans, comme nous l’ont montré ces trente dernières années.
De ce point de vue, les métaux
précieux ont enregistré de bonnes performances à la fin des années 1970, puis
une nouvelle fois entre 1993 et 96 (comme le montre ce graphique de l’indice XAU).
Les métaux précieux ont entamé
un nouveau marché haussier séculier il y a quatre ans (comme le montre le
jeune HUI).
Mais les historiens financiers
pourraient chercher en vain les traces de sociétés minières (et notamment de
juniors) d’un marché haussier à un autre.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Une manière d’expliquer ce
phénomène est de comparer ces juniors au monde des papillons (et des
papillons de nuit).
La loi de la survie du plus fort
établie par Darwin et les stratégies de survie employées établissent des
points communs intéressants entre les juniors et le monde des papillons.
1) Naissance
De nombreux papillons pondent de
grandes quantités d’œufs afin que leur espèce ait une chance de survivre,
dans un effort d’éviter une liquidation totale par leurs prédateurs.
De la même manière, de nouvelles
juniors minières sont constamment établies, notamment en raison du nombre
élevé de prédateurs sur le secteur, mais aussi du manque de financements.
2) La chenille affamée
Les jeunes chenilles ont besoin
de grosses quantités de nourriture, et celles qui survivent grandissent très
rapidement, et doivent muer et renouveler leur peau à plusieurs reprises pour
accommoder leur nouvelle circonférence, tout au long du printemps et de
l’été.
Les juniors minières qui survivent
à cette phase de croissance sont celles qui parviennent à lever d’importants
financements, au travers notamment de placements privés, ce qui leur confère
une croissance exponentielle, et leur permet d’émettre un nombre croissant
d’actions entièrement diluées. L’analogie saisonnière correspond ici aux
conditions de marché baissier et de marché haussier pour les marchés des
métaux précieux.
3) Survivre à l’hiver
Dépendamment de leur espèce,
certains papillons parviennent à survivre à l’hiver grâce à différentes
stratégies, certains sous forme de chenilles ou de nymphes, et d’autres sous
la forme de papillons adultes… jusqu’à ce que le soleil brille de nouveau
suffisamment pour les réactiver.
Il en va de même pour les
juniors minières en période de marché baissier. Certaines mettent fin à leurs
projets d’exploration et hibernent afin d’éviter de générer des coûts….
Jusqu’à ce que les prix des métaux remontent. D’autres se transforment en
sociétés de haute technologie pendant la dernière phase de dépression des
prix, pour ré-émerger en tant que sociétés minières une fois le secteur
ravivé.
Les sociétés minières qui
parviennent à survivre à l’hiver sous la forme de papillons profitent ensuite
d’un nouveau marché haussier, si tant est que leurs ailes soient suffisamment
robustes pour leur permettre de s’envoler à nouveau.
4) Reproduction
Pour qu’une espèce puisse
survivre, la reproduction est nécessaire. Certains papillons de nuit mâles
ont des antennes qui leur permettent de sentir les phéromones de femelles
intéressées à une distance de plusieurs kilomètres. Parce qu’il existe des
dizaines de milliers d’espèces de papillons de nuit, et qu’il est pour ces
papillons nécessaire de trouver un partenaire pendant la nuit, c’est certes
là un attribut darwinien fortuit.
Ici, les phéromones
représentent les ressources dans le sol, qui se mesurent en millions d’onces
d’or, et dont la découverte nécessite l’emploi de géologues de talent,
accompagnés de bonnes équipes de direction capables de s’accaparer ces
gisements au travers d’une revendication de droits, de l’établissement d’une
joint-venture, ou par d’autres moyens.
5) Esthétique
Les papillons comptent
parmi les plus beaux de tous les insectes : le porte-queue, le vulcain
ou encore la fritillaire panachée, pour ne nommer qu’eux.
Les juniors minières disposent
des actions les plus excitantes, tous secteurs confondus. Au cours d’un
marché haussier des métaux précieux, il y a toujours des juniors qui voient
leurs actions multipliées par plus de dix, voire par cent.
Leur effet de levier extrême sur
le prix de l’or, combiné à la réévaluation de leurs réserves d’or dans le sol,
sont le carburant des prix de leurs actions. Leurs valeurs s’élèvent
typiquement autour de 10 dollars par once en début de phase d’exploration, et
de 100 dollars par once en phase d’étude de faisabilité – et peuvent grimper
à mesure qu’approche la phase de production.
C’est cependant là un processus
réversible, notamment avec un prix de l’or manipulé à la baisse, comme l’ont
récemment expliqué le Gata et le Sprott
report.
Mais le fait que les juniors
puissent perdre une majorité de leur valeur en période de marché baissier est
aussi l’un des facteurs responsables de la multiplication par dix ou cent de
certaines sociétés.
Ceux qui survivent, ainsi que la
nouvelle génération de juniors, repartent à la hausse au début du marché
haussier suivant.
Le timing est un important élément de la survie sur le marché des métaux
précieux.
6) Mécanismes de défense
Les chenilles, les larves et les
papillons ont développé diverses manières de décourager leurs prédateurs,
comme par exemple leurs couleurs
vives ou encore des motifs qui
ressemblent à des yeux.
De la même manière, les juniors
minières tentent souvent de développer une pilule empoisonnée
ou d’autres mécanismes de défense pour éviter d’être reprises par de plus
grosses sociétés.
Abandonnons un instant les
papillons pour nous pencher sur un autre aspect des sociétés minières.
L’importance de la proximité
et de la zone d’exploitation
Pour les juniors minières, une
forme classique de spéculation est de se greffer à des mines ou à de gros
potentiels de découverte existants. Des terrains sont revendiqués tout autour
de la propriété fructueuse, et il arrive que les promoteurs tentent de
gonfler leurs actions en déclarant être sur le point de faire une découverte
majeure.
Une majorité des grosses régions
minières sont divisées entre plusieurs sociétés. Newmont n’est par exemple
qu’une société parmi beaucoup d’autres à disposer de terrains et de mines
d’or dans le Carlin
Trend.
Il arrive occasionnellement
qu’une junior prenne le contrôle d’une région toute entière, ou d’une très
grande mine, au travers de diverses méthodes, depuis la revendication de
gisements jusqu’à la signature de joint-ventures et la prise de contrôle
d’autres sociétés.
C’est souvent ainsi qu’une
junior passe dans la cour des grands, et fait se multiplier sa capitalisation
boursière.
Les exemples historiques
relatifs aux diamants, au nickel, à l’or et au cuivre incluent :
- Cecil
Rhodes, qui
a consolidé
une mine De Beers, ce qui lui a permis de racheter dès 1871 toutes
les autres revendications de gisements de la région diamantaire de
Kimberley en Afrique du Sud.
.
- La mine Ekati de Chuck Fipke,
dans la région où a eu lieu la ruée canadienne vers le diamant. Le 5 novembre 1991, la joint-venture
est entrée en bourse après avoir publié ses découvertes. Yellowknife a
flambé. Des hélicoptères venaient la survoler depuis les quatre coins du
pays. Au printemps de 1992, De Beers disposait à elle seule de 26
hélicoptères pour survoler la région. Chuck a revendiqué 1 million
d’acres, et a très vite été surpassé par De Beers, avec 10 millions
d’acres, simplement dans l’espoir que quelque chose se trouve sous
terre.
- Voisey
Bay, qui appartient à Diamond Filed Resources (Robert Friedland).
Quand Friedland a réalisé, en 1995, que VB pourrait devenir le plus gros
gisement de nickel du monde, il aurait dit ceci : « Je me
moque de combien ça coûte, revendiquez toute la région du
Labrador. »
.
- La mine d’or
et de cuivre Grasberg,
qui appartient à Freeport McMoran.
Résumé
Les sociétés minières, et
notamment les juniors, comptent parmi les actions les plus intéressantes sur
lesquelles investir quand les conditions de marché sont favorables, comme
aujourd’hui, en période de marché haussier séculier de l’or et de l’argent.
Une majorité des juniors ne
survivent pas d’un marché haussier à une autre. Certaines s’effondrent
financièrement, d’autres quittent le secteur, et certaines sont rachetées.
Seules très peu parviennent à
devenir de grosses sociétés minières.
Mais celles qui réussissent
voient parfois leur capitalisation boursière multipliée par dix ou plus.
Quels critères peut-on utiliser
pour repérer les juniors au meilleur potentiel ?
Vos antennes devraient être à
l’affût des phéromones suivantes :
1. équipe de direction
ayant déjà fait ses preuves
2. absence de dette
3. bon financement
4. absence de couverture (pas de vente d’or à terme au travers de
contrats à terme ou de produits dérivés)
5. bon portefeuille de propriétés (en phase d’exploration ou de
production)
6. juridiction politiquement stable
7. respect des questions environnementales
8. programmes de soutien à l’emploi local et de développement de
routes d’accès et de réseaux d’électricité
9. région d’exploitation
Ce qui est le plus important,
c’est de faire vos recherches : étudiez les communiqués de presse
officiels de la société, ses études de faisabilité et ses projets principaux,
afin de vous assurer de leur viabilité économique et financière, sans
nécessité de couverture.
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