Nous avions
étudié, dans un précédent article, la blogosphère
juridico-politique. Nous avions rappelé à quel point il
était compliqué, pour un blogueur, d’arriver à
continuer à publier des articles avec un rythme régulier.
Parmi ces
« courageux » écrivains – et bien que son
champ de recherche premier soit l’histoire – on trouve Thucydide
qui alimente son blog, depuis de longues années, de chroniques
extrêmement intéressantes.
Certains
« vieux » articles demeurent d’actualité.
Notamment celui sur la psychanalyse en date du 14 août 2007.
Ces dernières années, cette discipline faisait l’objet de
critiques
toujours plus virulentes, notamment quant à son efficacité,
voire à son éthique. Et si, comme l’avait titré la
rédaction du Point, elle
n’était rien de plus qu’un « mirage
lucratif » permettant aux « charlatans » qui
la pratiquent de « plumer les gens » sans la moindre
vergogne ? Le débat est infini sur ce sujet.
En revanche,
l’article de Thucydide vient, en quelque sorte, réhabiliter la
psychanalyse, montrant que les outils utilisés par l’historien
et le psychanalyste sont similaires. Les historiens seraient, pour reprendre
son expression, les « psychanalystes de la
société ».
Thucydide
décrit les « conflits psychiques inconscients »
et irrationnels des individus, conflits à la source de
l’étude des psychanalystes, mais également des historiens
qui doivent se pencher sur les meurtres de masse opérés par
certains hommes au pouvoir.
De la
même manière, si on suit la logique freudienne, on pourrait
même penser qu’Hitler, en exterminant les juifs d’Europe, a
cru agir dans l’intérêt du peuple allemand et aurait
détruit cette race, « obstacle » au plaisir de
son peuple.
Ensuite, une
métaphore permet également de comparer les travaux des
historiens et des psychanalystes. L’historien déterre le
passé, en se servant de l’archéologie. Il doit
découvrir ce qui a été enseveli pendant des siècles.
Similairement, les psychanalystes vont exhumer ce qui est demeuré
caché dans l’inconscient du patient.
Déterrer
l’histoire permet de faire le lien avec le présent.
Déterrer les souvenirs du patient permet, de la même
façon d’expliquer le comportement du patient. Le psychanalyste,
élément qui n’a peut-être pas été souligné
par Thucydide, jouera toutefois un rôle beaucoup plus actif que
l’historien puisqu’il devra aider son patient à
guérir, chose que ne cherchera pas nécessairement à
faire l’historien
Thucydide
introduit tout de même une autre nuance, implicite : le champ
d’études de l’historien est plus large que celui du
psychanalyste, ce dernier scrutant l’individu tandis que
l’historien s’intéresse aux sociétés dans
leur ensemble.
On conclura
cette article par l’analyse que fait Thucydide, pas forcément
extrêmement convaincante, entre les « pulsions de
mort » freudiennes et la volonté de certains peuples de se
soumettre au joug de dirigeants autoritaires, voire totalitaires, comme le
Führer ou le Duce.
Or, les
pulsions de mort désignent généralement, dans
l’œuvre freudienne, la phase postérieure aux pulsions de
vie, celles pendant lesquelles l’individu va chercher du plaisir et,
également, à améliorer son comportement. Les pulsions de
mort caractérisent le moment où ces pulsions de vie ont
été assouvies. L’individu se retrouve alors dans un
état d’« inexcitation ».
Est-ce le sentiment qu’ont ressenti les peuples allemand et italien
dans l’entre-deux guerres ? Probablement pas, au contraire.
Raison pour laquelle la comparaison
établie par le blogueur, « Thucydide », qui si
elle ne manque pas d’intérêt, mériterait
d’être encore approfondie.
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