Les Mines d'Or

Apres un long sommeil, durant des millénaires
Dans leur palais de quartz et de ciment natal
Les princesses du Rand un matin s éveillèrent
A l’appel d’un mineur agressif et brutal

En leurs veines coulaient ces précieux globules
Dont l’abondance fait la riche fermeté
De SUB NIGEL ou qui rares et minuscules
Laissent la faible EAST RAND à peine subsister

Mais à chaque saignée un peu de leur substance
S en allait , épuisant jusqu'à leur dernier soir
Ces réserves qui sont, de leur frêle existence
L’implacable mesure et le tenace espoir

Pour retarder des ans l’ultime sacrifice
Et conserver l’éclat de leur prime beauté
Elles savaient user de tous leurs artifices
Que la technique avait pour elles inventes

D’un geste sûr dosant l’emploi du cyanure
Par qui les éléments vitaux sont découverts
Et créant en dépit des lois de la nature
Une fraicheur factice au fond des puits sans air

Mais le gain sur le Temps restait toujours fragile
VAN RYN GOLD n’avançait plus que a pas chancelants
GELDENHUIS expirait et ROSE DEEP stérile
Ramassait les débris des jours opulents

Les autres connaissaient leur morne destinée
Et savaient que malgré leurs courageux efforts
Elles devaient subir dans dix ou vingt années
A leur tour le déclin, l’abandon et la mort.

Evohé ! Voici la jeunesse
Dont les couleurs fraiches renaissent
Une couronne d allégresse
Eclaire les fronts attristés !
Car chaque jours la livre baisse,
Le prix de l’once progresse
La teneur se réduit sans cesse
Du minerai qu’on peut traiter

Vous n’avez plus à craindre l’âge
SOMMER, creuse un nouveau forage
AREAS de ton outillage
Augmente la capacité
Travaille toujours davantage
DAGGAFONTEIN; car le tonnage
Que vous apportez au broyage
N’altère plus votre santé.

Il faut relever les salaires
Et pour soulager la misère
Du mineur phtisique on opère
De plus importants versements
Sur les profits supplémentaires
De ces mois actifs et prospères
Le fisc modifie et resserre
L’étau de son prélèvement

Mais qu’importe La vie est belle
L odeur proche de l’asphodèle
A disparu; rien ne rappelle
Les angoisses des jours passés
Les princesses, dans leur nouvelle
Splendeur, se sentent éternelles
Et tous leurs amants infidèles
Sont revenus en rangs presses.

Un jour s’arrêtera la chute de la livre
Coulera de nouveau le sablier du temps
Elles perdront alors avec le gout de vivre
Leur attrait le plus captivant

O! Vous qui dans leurs bras recherchez a vos craintes
De trouble monétaire et de franc inconstant
Un refuge, sachez desserrer vos étreintes
Et les quitter au bon moment

O. Moreau-Neret   
Janvier 1936

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