Dans son dernier rapport, le World Gold Council montrait l’impact majeur
des mines sur l’économie mondiale. C’est le cas pour les mines d’or et
d’argent. C’est aussi le cas pour l’ensemble des activités d’extraction qui
concernent les métaux précieux ou les diamants.
Mais comme toutes ressources, elles tendent à se raréfier… et
l’exploitation devient de plus en plus difficile et donc de plus en plus
coûteuse. L’offre est déjà inférieure à la demande, et cette tendance va
s’affirmer de plus en plus dans les années à venir.
Mines d’or et d’argent
En juin 2015, le World Gold Council faisait le bilan
de l’impact social et économique des mines. Ce qu’il en ressortait, c’est
l’importance de la contribution du secteur minier à l’économie mondiale. Le
secteur aurait ainsi généré 83,1 milliards de dollars en 2013. Le chiffre
monte à 171,6 milliards de dollars US en prenant en compte les répercussions
économiques indirectes.
En termes d’emploi sur la même année, cela représente un million de
travailleurs, et trois millions supplémentaires dont les emplois sont
directement liés à l’exploitation des métaux précieux. Et dans les mines, 90
% des employés sont des travailleurs locaux.
Mais les mines de métaux précieux font face à une évolution nécessaire.
L’extraction a longtemps source de pollution – le Colorado en a encore fait
l’amère expérience il y a quelques semaines alors que des eaux polluées par
le cyanure se sont déversées dans ses rivières. Le Canada et certains pays
d’Afrique sont montrés du doigt, et l’orpaillage illégal est dénoncé. Si bien
que de plus en plus de labels cherchent à se tourner vers des métaux dont
l’extraction est respectueuse des hommes et de l’environnement. C’est le cas
de la
Vera Valor et de la Clean Extraction pour l’or.
Cette évolution arrive à un moment où l’extraction demande des moyens de
plus en plus important. En clair, il faut creuser plus profond… tout en
respectant mieux l’environnement. Les coûts en sont d’autant plus importants.
L’un des exemples les plus frappants est celui de l’argent. Le métal
argent se raréfie, et d’autant plus qu’il ne se recycle pas : or, il s’agit
d’un métal qui est recherché aussi bien par les investisseurs que dans les
technologies de pointe. L’extraire est de plus en plus coûteux et invasif, et
surtout les « réserves » encore contenues dans les entrailles de la terre
sont bientôt épuisées. Résultat ? Un métal précieux qui va le devenir de plus
en plus de valeur dans les années à venir.

Source : demonocracy.info
En image, une estimation des tonnes d’argent non encore extraites, contre
celles qui l’ont déjà été : les réserves naturelles d’argent risquent bien de
s’épuiser d’ici une quinzaine d’années.
Les mines de diamants
Comme l’or et l’argent, le diamant se révèle un produit intéressant pour
les investisseurs. Mais son extraction fait face aux mêmes défis que celles
des métaux précieux. Finies les trouvailles sous une fine couche de terre…
désormais, pour extraire les diamants de la terre, il faut des procédés
coûteux, invasifs, et qui soient respectueux de l’environnement.
L’extraction de diamants est déjà moins polluante pour l’environnement que
d’autres extractions minières. Certains sites prévoient d’ailleurs des
remises en état après leur fermeture, minimisant ainsi leur impact sur les
alentours. Du fait même de leur activité, les exploitations cherchent à
remuer le moins possible la terre, pour en tirer le maximum de diamants. Et
si des machines lourdes sont nécessaires, ce n’est pas le cas des matières
chimiques.
Le processus mis en place peut varier selon la région et la topologie.
Certaines mines sont de véritables gouffres à ciel ouvert, comme la mine Mir
en Sibérie ou la mine d’Etaki au Canada (voir ci-dessous). Il peut
également s’agir de mines souterraines, ou de gisements marins.
Quels processus d’extraction ?
Les diamants sont issus de cheminées volcaniques, les kimberlites. Pour
ces gisements naturels, il existe deux types d’extraction : à ciel ouvert ou
souterrain.
– Les mines à ciel ouvert, comme la mine Mir en Sibérie, la mine d’Etaki
au Canada… ou la mine emblématique de Kimberley (Afrique du Sud), appelée Big
Hole. Il s’agit d’une extraction par terrassement, dont les résultats sont
impressionnants, avec un minerai qui est peu à peu extrait de la cheminée.
– Les mines souterraines, qui peuvent atteindre près d’un kilomètre sous la
surface de la terre. Et ce n’est encore rien comparé à la profondeur où se
sont formés les diamants : 200 kilomètres !
Quelles sociétés diamantifères ?
Plusieurs sociétés parmi les plus importantes se partagent le marché du
diamant : Alrosa, De Beers et Rio Tinto qui se partagent 75 % du marché. Et
les deux acteurs majeurs, De Beers et Alrosa, représentent 70 % de la
production annuelle de diamants bruts…
Ces sociétés exploitent des mines en Angola, en Namibie et dans d’autres pays
d’Afrique, en Australie ou au Canada.
Zoom : la mine d’Ekati (Canada)
Mine
d'Ekati - Canada - Photo CC
C’est l’une des grandes mines du Canada, un pays qui était pourtant loin
d’être un acteur majeur du marché du diamant. Depuis plusieurs années
pourtant, le Canada est devenu le troisième producteur de diamants au monde.
Dans les Territoires du Nord-Ouest du Canada, la mine d’Ekati est
exploitée depuis 1998, sur le premier gisement important de diamants
découvert dans le pays juste au nord est de Yellowknife.
La découverte de ce gisement en 1985 par deux géologues a entraîné une des
plus grandes ruées de l’histoire de l’exploitation minière. Avec 121
cheminées de kimberlite sur le site, elle a produit en 2009 40 millions de
carats depuis six sites à ciel ouvert.
Pour autant, si les diamants se révèlent un excellent produit
d’investissement, ce n’est pas le cas des mines. Là où le
diamant est un produit stable, dont la valeur est assurée, la mine
présente les mêmes risques spéculatifs que tout autre placement boursier.
Les mêmes risques, finalement, qu’un investissement spéculatif lié aux
mines d’or et d’argent, dont l’activité et les résultats vont être de plus en
plus liés à la difficulté d’extraire les métaux précieux. L’or et l’argent
déjà extraits, en revanche, vont être amenés à prendre de plus en plus de
valeur… à mesure que l’offre va continuer à baisser face à la demande.