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Cours Or & Argent

Notre mode de vie repose sur l’activité minière

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Extrait des Archives : publié le 15 septembre 2014
1393 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Fondamental

Vous me dîtes que vous avez garé votre voiture et rangé votre carte orange dans le fond de votre tiroir pour aller au travail en vélo, et vous sentez vertueux de participer à la libération du monde de son addiction à l’industrie minière et aux minéraux qu’elle extrait.

N’oubliez pas de remercier un mineur de charbon pour ce privilège. Et n’oubliez pas celui qui mine les roches. Sans parler de l’équipe de fonderie et le casse-cou responsable des forages.

Oh ! Et remerciez aussi le chauffeur routier qui transporte le molybdène, le titane et le concentré de tungstène, et le géologue responsable de la découverte de dépôts d’or, d’argent et de terres rares.

Sans eux et l’industrie qui les emploie, vous auriez marché jusqu’au bureau.

Les vélos, à moins que vous ayez fabriqué vous-même celui sur lequel vous vous promenez avec du bambou, du chanvre et des peaux de banane, a été fabriqué grâce à des matériaux issus de la production minière – de l’acier obtenu par la fonte de charbon métallurgique potentiellement rendu plus léger grâce à l’ajout de métaux tels que du titane, du plastique et du caoutchouc synthétique tiré du pétrole.

Les dérivés du pétrole

Casque, dérivé du pétrole ; rustines, dérivées du pétrole ; LED, métaux et terres rares tirés de l’activité minière ; bouteille d’eau, métaux ou dérivés du pétrole. Même la route sur laquelle vous roulez est un produit de l’activité minière, et a été pensée pour réduire la friction et faciliter vos déplacements.

Le bâtiment dans lequel vous travaillez, même si sa structure est faite de bois, est fait de métaux et de plastiques, de cadres et de connecteurs d’acier, de câbles, d’équipement de bureau, d’isolation, de fenêtres, de toiture et de plomberie.

Même la tasse en céramique remplie du café que vous buvez en lisant cet article contient du zircon.

Et si vous vous trouvez tenté de m’envoyer un email désobligeant quant à mon insensibilité face aux avantages environnementaux que constitue l’usage de vélos pour aller au travail, sachiez que vous auriez besoin de minéraux issus de l’activité minière pour me le faire parvenir.

Clavier d’ordinateur, plastique dérivé du pétrole ; circuits, terres et métaux rares ; vis, acier, aluminium et autres métaux ; écran plat, métaux et plastiques ; batterie, métaux et plastiques ; châssis, métaux et plastiques.

Besoin d’une liste plus détaillée ?

Votre ordinateur, votre tablette et votre smartphone contiennent du titane, de l’aluminium, du zinc, du nickel, de l’or, de l’argent, du lithium, du magnésium, du mercure, de l’yttrium, de l’étain, du cadmium, de l’indium, du plomb, du samarium, du tantale et, si vous avez encore un disque optique, du gadolinium et dysprosium. Les plastiques résistent à la chaleur jusqu’à une température de fonte supérieure à la température d’ébullition de l’eau et sont entre autres l’acrylonitrile, le butadiène, le styrène et le carbone.

Les émissions de gaz à effet de serre associées à un MacBook sont d’environ 460 kilogrammes de dioxyde de carbone.

L’empreinte carbonique d’un email a été calculée. Un message assez long émet environ 50 grammes de Co2, ce qui ne paraît pas être grand-chose jusqu’à ce qu’on les additionne tous, après quoi internet apparaît comme ayant une empreinte carbonique de près de 300 millions de tonnes par an. Alors si vous m’écrivez, soyez bref.

Si vous voulez que votre critique de cet article soit vraiment verte, je vous recommande une plume et des tablettes en cire d’abeille – qui ont très bien fonctionné pour l’armée romaine – ou d’argile comme celles qu’utilisaient les enseignants Sumériens pour se plaindre du manque d’attention de l’un de leurs élèves à ses parents.

Mais ne me les envoyez pas par la poste. Les services postaux fonctionnent grâce à des métaux issus de l’activité minière et des plastiques dérivés du pétrole.

Les boîtes aux lettres sont faites d’acier, comme le sont les camions de livraison et les équipements de triage. Les chaussures de votre postier sont également composées de plastique, tout comme l’est son sac.

Convenance

Pensez-vous, il est peu pratique de livrer des tables d’argile en personne, même équipé d’un vélo ultraléger en titane aux pneus anti-résistance, ce qui est la raison pour laquelle les métaux et les dérivés du pétrole sont omniprésents autour de nous.

Bien que je sois un avocat du transport vert, et du cyclisme en particulier, je ne prends pas ces airs vertueux qui semblent trop souvent accompagner la décision de rouler en vélo.

Des analystes ont déterminé que la fabrication d’un vélo standard grâce à de l’acier, des additifs, du plastique et du caoutchouc génère environ 240 kilos de gaz à effet de serre. La fabrication d’un vélo utilise la même quantité d’énergie et de métaux qu’une porte de voiture.

Pour compenser l’empreinte carbonique de votre vélo, il vous faut rouler au moins 643 kilomètres. Des analyses qui comparent l’empreinte carbonique d’une voiture familiale et d’un vélo ont conclu que pour que l’impact d’un vélo soit d’un dixième celui d’une voiture, il faut que le vélo roule 12 kilomètres par jour pendant 15 ans.

Je me suis reposé sur un certain nombre de sources pour tirer ces conclusions, dont Mike Berner-Lee, un étudiant du MIT dont le livre fascinant intitulé « How Bad are Bananas ? The Carbon Footprint of Everything » a été cité par le journal The Guardian, et « The Numbers Game: The Commonsense Guide to Understanding Numbers in the News, in Politics and in Life », de Michael Blastland, élu meilleur livre de l’année 2007 par The Economist.

Aller au travail en vélo plutôt qu’entouré de trois tonnes d’acier et de plastique a donc du mérite.

Faire du vélo réduit l’empreinte carbonique de vos allées et venues quotidiennes, permet d’épargner les ressources naturelles déjà rares et chères, réduit l’usure des routes, et est bon pour la santé – ce qui est une bonne chose au vu de ce qu’il adviendrait de notre santé si le système médical actuel avait affaire à une pénurie d’acier pour ses lits, ses miroirs de salle d’opération, ses unités stériles, ses fauteuils roulants, ses machines à rayons X, ses scalpels, ses seringues, etc.

La vérité, c'est que même la plus grande des vertus dépend de l’une des industries les plus populaires auprès de ceux qui ne pensent pas assez pour percevoir un coup de genou comme une action superflue et peu nécessaire.

Cet article ne vise en rien à absoudre les sociétés minières et leur respect limité pour l’environnement, ou encore leur attitude cavalière face à ceux qui pensent et disent qu’elles devraient faire mieux. Je ne tente pas non plus de minimiser l’impact de l’empreinte carbonique et de la volonté de rendre l’énergie et les matériaux plus propres et plus efficaces.

Mais il est temps de redescendre sur Terre. Si vous ne comprenez pas l’importance de l’extraction minière pour votre mode de vie, il vous sera difficile d’effectuer les changements nécessaires à la maximisation de ses bénéfices et la minimisation de ses conséquences.

Le fait est que sans le charbon métallurgique envoyé depuis B.C. vers des aciéries lointaines, sans les dérivés du pétrole et du gaz naturel, sans les métaux extraits ici comme ailleurs, le monde dans lequel nous vivons serait bien moins accueillant qu’il ne l’est.

Chaque seconde de chaque jour qui passe, nous nous reposons sur des minéraux qui sont obtenus de deux manières – par l’extraction minière et une activité de traitement qui repose sur d’autres minéraux, ou au travers du recyclage de matériaux issus de l’extraction minière.

Se contenter de fermer les mines là où elles posent un problème environnemental, esthétique ou social n’est pas plus intelligent que d’autoriser à l’industrie de faire ce qu’elle estime nécessaire sans souci pour l’environnement, l’esthétisme du lieu ou les conflits sociaux.

Sans l’activité minière, vous pourriez dire au revoir à votre iPad. Et oublier votre smartphone. Dire adieu aux ordinateurs portables, aux ordinateurs de bureau, aux tablettes, aux réseaux de télécommunication... Les ampoules basse consommation, les panneaux solaires, les éoliennes, les tuyaux qui alimentent les villes en eau – villes qui sont plus efficaces d’un point de vue énergétique en raison de leur densité – et les tuyaux qui servent au traitement des déchets humains ; tous reposent sur l’activité minière.

 

Cette colonne de Wallace Street Journal est l’extrait d’un article écrit par Stephen Hume, du Vancouver Sun, intitulé « Mining Makes Your Life Possible ».

 

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David Bond est journaliste minier et suit les sociétés aurifères et argentifères pour de nombreuses publications depuis Wallace, dans l'Idaho, au cœur de la Silver Valley.
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