Quand j’ai eu l’idée de vendre des pièces d’or de placement
sur internet en 2008 après la crise, ce n’était pas par seule opportunité
opportunité de business. Sinon, AuCOFFRE ne serait plus là aujourd’hui…
J’avais conscience que cette crise profonde, larvée depuis
fort longtemps, les excès des années 80, la dérégulation des marchés, allait
aboutir sur une situation plus grave et plus profonde qu’une
simple mauvaise passe.
Depuis, mon discours n’a pas changé d’une once. Et les fondamentaux de
l’or comme valeur de protection de l’épargne non plus… En
2018, il est plus que jamais urgent de s’assurer, j’explique pourquoi sur le
plateau de BFM Business.
L’or, valeur refuge millénaire
Investir dans l’or en 2018 peut-il encore avoir du sens ? Plus que jamais
! Outre les fondamentaux refuge du métal jaune, les signaux économiques sont au
plus rouge. Peu importe les mouvements du cours de l’or coté en
bourse, c’est de l’intérêt de posséder de l’or physique dont je parlais dans
l’émission de BFM ce jeudi 15 mars.
L’intérêt sécuritaire de l’or reste intact. Et comme les
assurances incendie, ce n’est pas le jour où la maison brûle que l’on doit y
souscrire. Outre ses fondamentaux traversant le temps sans perdre de valeur,
il est plus que jamais impératif d’en posséder pour assurer ses arrières,
sans recherche de profit, sinon ce n’est pas le bon produit.
Les facteurs de risques actuels
Il y a toujours eu des crises financières et il y en aura toujours, quelle
que soit la régulation mise en place. Les causes de la précédente crise sont
loin d’être d’avoir été résolues. En voulant traiter certains problèmes de la
crise précédente, on en a créé d’autres, comme ceux soulevés par les
politiques monétaires des banques centrales. Les solutions bancales mises en
place depuis n’ont rien réglé. On n’a pas encore mis en place un bon régime
de redressement de la situation et de résolution.
Qu’est-ce qui fait qu’on pourrait avoir une crise prochainement, dans le
monde et dans l’Europe ?
– Pour moi en premier lieu, le signal de crise le plus inquiétant à moyen
terme est la déconnexion entre la sphère économique réelle et la sphère
financière. La valeur de certaines grandes sociétés est sans aucun
rapport avec leurs cours sur les marchés boursiers.
– Parallèlement, on a une volatilité basse sur les marchés et quand
on a des valeurs aussi élevées, ça se termine toujours pas un krach
financier…
– Troisièmement, le niveau d’endettement mondial est devenu
extrêmement élevé depuis la crise de 2008, la situation n’a même fait
qu’empirer. En fait, la dette privée n’a fait que basculer sur la dette
publique et vice versa. Quand les taux d’intérêt vont remonter, vont arriver
les problèmes de solvabilité en masse. Un “Subprimes” puissance 10…
– Enfin, après des années de dérégulations mondiales, terminé les bonnes
résolutions de l’après 2008, la convergence d’après-crise a été stoppée net
dans son élan. Il y a même un retour en arrière qui s’opère actuellement,
comme par exemple aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.
Le problème en cas de nouvelle crise financière, c’est que l’on a épuisé
toutes les marges de manœuvre possible lors de la précédente crise. Conscient
de ces risques dès 2008, sans espoir réel que la crise actuelle s’améliore,
je rajouterais parmi les facteurs de risque actuels, la bulle immobilière
chinoise, de krach obligataire et géopolitiques.
Ces signaux sont autant de sous-jacents qui soutiennent
l’or.
Qu’attendre de l’or à moyen terme ?
Comme il n’existe pas de finance sans risque, comme il ne peut y avoir de
circulation routière sans accident, le minimum au niveau individuel
est de s’assurer.
Que peut-on attendre des cours ? Actuellement, l’or est pris dans un
tunnel classique de hausse de l’inflation et de hausse des taux d’intérêt.
L’inflation US est plus faible que prévue, on est toujours dans l’expectative
de la remontée des taux directeurs aux Etats-Unis (la locomotive économique
mondiale), mais elle sera nulle ou très faible en raison d’une économie
finalement pas aussi dynamique qu’on le pensait.
Il y a d’ailleurs un indicateur porteur pour l’or en 2018. C’est la
contraction du flux des nouveaux crédits en pourcentage de PIB du secteur
privé. Ce phénomène précède généralement une baisse de consommation et de
l’investissement qui entraînerait inéluctablement une inversion du cycle
haussier des marchés. Une récession US compensée dans un premier temps
d’une stagnation – voire une baisse des taux – et du dollar serait bien
entendu porteuse pour l’or. Tout ceci peut se passer d’ici la fin 2018 ou
plus, mais il n’est pas trop tard pour sécuriser ses patrimoine,
c’est même maintenant qu’il faut agir. L’or est abordable, il est
suffisamment bon marché pour en acheter, si possible régulièrement, pour
lisser les effets de volatilité.
Que fait-on de son or actuellement si l’on en possède déjà ?
La réforme fiscale en vigueur en France depuis le 1er janvier ne rend pas
la détention d’or physique moins intéressante. Les contribuables qui étaient
concernés par l’ISF et les petits épargnants « long terme » ne sont pas
touchés par cette réforme. Si vous possédez de l’or physique, gardez-le
précieusement pour jouer les 22 ans (car exonération totale de taxe lors
de la revente), ou vendez-le par tranche de 5000€ si votre situation
personnelle vous y oblige (à condition qu’il s’agisse de jetons et de pièces
à cours légal). Mais pour moi, rien ne justifie en ce moment de vendre son
or.
Les cryptomonnaies sont-elles un nouvel or ?
On ne peut rien attendre du bitcoin comme monnaie en tout cas, il s’agit
plus d’un actif spéculatif et encore, j’émets d’immenses réserves sur sa
volatilité, il faut avoir les nerfs solides ! Jean-Charles Cabelguen avec qui j’avais échangé sur le
sujet, considère plus le bitcoin comme un super outil pour faire de la levée
de fonds que comme une monnaie.
On a tendance à comparer or et cryptomonnaies mais je pense qu’il faut
d’abord savoir de quoi on parle. Il y a autant de modèles que de
cryptomonnaies et ceux pouvant être comparables à l’or sont tout simplement
ceux qui ont intégré l’or dans leur système.
Il y a à ce sujet beaucoup d’enseignements à tirer du sondage que nous
venons de réaliser avec Opinionway sur l’intérêt des Français pour l’or comme
monnaie complémentaire.
*Deux tiers des personnes interrogées (67%) pensent que l’euro
devrait être garanti par l’or des banques centrales.
*Plus d’un tiers (38%) pense que l’or ferait une meilleure monnaie
que l’euro.
*35% des Français seraient d’accord pour utiliser une monnaie
complémentaire basée sur l’or.
*19% des Français estiment que les cryptos monnaies pourraient être de
meilleures monnaies que l’euro et 17% pour le bitcoin en particulier.
Paradoxalement, 74% des fans de cryptomonnaies (qui pensent que les crypto
monnaies sont de meilleures monnaies que l’euro) considèrent l’or comme une
meilleure monnaie face à l’euro ! Alors qu’il ne s’utilise pas au quotidien
comme moyen de paiement, l’or reste pourtant au coeur de la question
monétaire.
Les cryptomonnaies ne risquent-elles pas de détourner l’épargnant prudent
des fondamentaux réels de l’or ? De le “perdre” ou de l’induire en erreur ?
C’est ce que je pensais au début, mais finalement, c’est l’inverse qui est
en train de se produire. C’est comme si le dynamisme autour des
cryptomonnaies faisait que les gens s’interrogent et délaissent les actifs
classiques « institutionnels » pour aller vers de nouveaux supports d’épargne,
voire de nouvelles monnaies. L’or est de retour dans le débat car il
interroge notre économie et nos systèmes financiers de la même manière que
les cryptos. Une personne qui arrive sur les cryptos va aussi mener une
réflexion qui va aussi le mener vers l’or. Donc on est pas sur une approche
soustractive mais au contraire additive. Plus il se vendra
de cryptomonnaies, plus il se vendra d’or. Ce qui reste, c’est la défiance
vis-à-vis des devises nationales qui sont devenues des agents spéculatifs
destructeurs appauvrissant d’un système financier qui va être disrupté
radicalement dans les 10 ans qui viennent.
Voir l’intégralité de mon intervention sur BFM
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