Seule une
poignée de gens s’inquiète de la subsistance des banques centrales, et ces
gens sont ceux qui en tirent profit. Certains d’entre eux en tirent très
gros. Le citoyen ordinaire ne sait quant à lui rien des banques centrales, et
ne cherche pas à en apprendre plus. Et c’est exactement ainsi que le veulent
ceux qui se trouvent au sommet de la pyramide économique et politique.
Une banque
centrale naît de faveurs politiques – des faveurs accordées à de gros
banquiers et à des politiciens désireux d’acheter des votes et de partir à la
guerre. Partout où il existe une banque centrale, il existe des lois qui
permettent son existence. Pour les faire appliquer, une certaine force
politique est nécessaire. Une banque centrale ne naît pas d’un accord entre
banquiers. Elle naît d’un accord entre banquiers et politiciens, garanti par
la force de monopole du gouvernement. Une banque centrale n’est pas une
entité de marché libre, bien qu’elle se présente souvent comme telle.
Les banques
centrales sont souvent qualifiées de chasseuses d’inflation. Mais parce
qu’elles ont le monopole de la production de monnaie, elles sont en
conséquence la seule source possible d’inflation.
Les banques
centrales sont dîtes responsables du fonctionnement du capitalisme. En
rendant impossible la découverte des prix et en menant une guerre incessante
contre les épargnants, elles sont en revanche anticapitalistes. Pour étouffer
le capitalisme et le remplacer par un système de copinage et d’instabilité,
il suffit de placer le marché entre les mains de banquiers centraux.
Tous les manuels
qui discutent de l’histoire de la banque centrale des Etats-Unis, la Réserve
fédérale, expliquent qu’elle est apparue en tant que solution aux diverses
paniques du XIXe siècle et de la panique de 1907. Ce qu’ils n’expliquent pas
en revanche, c’est comment ces paniques sont apparues : par le biais du
système bancaire de réserve fractionnaire. Pour dire les choses simplement,
le système bancaire de réserve fractionnaire consiste en la possibilité pour
une banque de livrer à deux individus la même unité monétaire en même temps.
C’est une procédure standard pour les banques, qui n’est jamais contestée, si
ce n’est par les économistes autrichiens.
A mesure que les
banques centrales se sont vues demander de jouer un rôle majeur dans le
financement de la première guerre mondiale, les belligérants européens ont
suspendu les paiements en or – en d’autres termes, ils ont rendu illégale la
monnaie résistante à l’inflation. Ils ont ainsi pu prolonger la guerre et
générer des records historiques de pertes
humaines. Aux Etats-Unis, le public américain a été fortement découragé
d’échanger sa monnaie papier pour l’or qu’elle représentait. Comme l’a écrit
l’historien Ralph Raico dans Great Wars and Great Leaders: A Libertarian Rebuttal,
Si la guerre ne
s’était pas produite, les Hohenzollern de Prusse seraient probablement restés
les chefs de l’Allemagne, et leur panoplie de rois et de nobles subordonnés les
responsables des régions de moindre importance. Qu’importe les votes
qu’Hitler aurait pu obtenir aux élections, aurait-il pu ériger sa dictature
totalitaire et exterminatoire face à une telle superstructure
aristocrate ? Peu de chances. En Russie, les quelques milliers de
révolutionnaires communistes de Lénine faisaient face à l’immense armée
impériale de Russie, alors la plus grande armée du monde. Pour que Lénine ait
des chances de parvenir à ses fins, il lui fallait d’abord pulvériser cette armée.
Et c’est ce que les Allemands ont fait. Un vingtième siècle sans Grande
guerre aurait pu être un vingtième siècle sans Nazis ou Communistes. Imaginez
un peu ça. [pp. 1-2]
Pas de Grande
guerre. Pas de Nazis ou de Communistes. Pas de banques centrales, pas de
Grande guerre.
Le financement
des guerres par les banques centrales en décuple l’ampleur – les rend plus
longues et plus meurtrières – parce qu’il permet aux gouvernements
belligérants de dépenser plus d’argent. Le système bancaire centralisé est
très profitable pour ceux qui reçoivent cet argent. Et ces derniers font tout
leur possible pour que les banques centrales subsistent.
La monnaie des
banques centrales n’est restreinte par rien de tangible. Les individus
peuvent acheter de l’or ou de l’argent, mais les pièces d’or et d’argent ne
sont plus considérées comme étant des monnaies. Seul le papier des banques
centrales est une monnaie dans le sens de moyen d’échange largement accepté.
Le gouvernement en a décidé ainsi, pas le marché libre. Partout où il y a une
monnaie fiduciaire – qu’elle soit de l’or, de l’argent, du papier ou des
chiffres sur un écran – il n’existe pas de marché libre.
Les gens se
moquent des questions monétaires tant que la monnaie leur permet de s’acheter
ce qu’ils désirent. Ils s’y intéressent lorsqu’elle ne le leur permet plus,
bien qu’ils ne les comprennent que rarement. Ils savent qu’on les trompe,
mais ils ne savent pas comment. Ils ne savent rien du système bancaire de réserve
fractionnaire, et s’ils en savaient plus, les économistes leur diraient qu’il
s’agit de quelque chose de parfaitement normal. Même le grand maestro
amoureux de l'or a qualifié cette fraude de pratique légitime, comme il a
lui-même qualifié l’expansion de crédit sous l’étalon or contrôlé par le
gouvernement.
Les
propriétaires d’or individuels sont incités, au travers de versements
d’intérêts, à déposer leur or en banque (et à retirer des billets en échange
de cet or). Et parce qu’il est rare que tous les déposants cherchent à
retirer leur or en même temps, un banquier ne doit à tout moment conserver
qu’une fraction de ces dépôts sous forme d’or. Ce qui lui permet de prêter
plus que les sommes représentées par ces dépôts d’or (il détient donc des
titres sur de l’or plutôt que de l’or physique en tant que garantie pour ses
dépôts).
Comprenez-vous le
problème ?
Le système bancaire centralisé subsistera tant que le
système bancaire de réserve fractionnaire restera incontesté.