Il est impossible de saisir la signification de l’idée de « monnaie saine », si l’on ne réalise pas qu’elle a été créée comme un instrument destiné à protéger les libertés civiles des empiètements despotiques de la part des gouvernements. Idéologiquement, elle appartient à la même catégorie que les constitutions politiques et les bills of rights (listes des droits élémentaires).
L’exigence de garanties constitutionnelles et de bills of rights a été une réaction contre la loi arbitraire et la non-observance des coutumes anciennes par les rois. Le postulat d’une monnaie saine a été posé en premier lieu comme une réponse à la pratique de l’adultération de la monnaie par les princes (réduction de la quantité de métal de référence).
Ce n’est que plus tard qu’il a été élaboré avec soin et perfectionné, à l’époque –avec l’expérience de la monnaie continentale américaine, celle du papier-monnaie de la Révolution française et la période de restriction britannique— qui avait appris ce qu’un gouvernement peut faire subir au système monétaire d’une nation.
Ludwig von Mises
Théorie de la Monnaie et du Crédit, Ch. 21 (1952):