Comment pourrions-nous revenir à une économie
solide et fiable dans laquelle les métaux précieux seraient
utilisés en tant que monnaie ?
En premier lieu, je doute que l’on ne puisse opérer
de changement par la voie législative. Ce changement devrait se faire
insensiblement, comme un tournant. Le problème que poserait un
changement soudain, dans un monde où le calcul économique se
fait en utilisant une monnaie qui s’exprime qu’en termes de
nombres, serait la capacité de pouvoir penser et calculer en quantité
de métaux précieux. Il suffit d’y réfléchir
pour se rendre compte qu’un changement brutal d’une
méthode à une autre
serait simplement impossible.
Lorsque nous sommes passés de l’utilisation de
métaux précieux dans les calculs économiques au
système monétaire actuel, le changement s’est fait de
manière graduelle – par, je me dois de le remarquer, un
déclin graduel de la monnaie -, donc un changement en vue du retour de
l’utilisation de métaux précieux dans les calculs
économiques devrait lui aussi se faire graduellement.
Je pense que l’introduction du métal argent dans la
circulation devrait se faire en premier lieu, puisque l’argent est le
métal qui pourrait et serait utilisé sans mécontentement
de la part de la population du monde dans la vie de tous les jours dans la
mesure où il lui est accessible.
Cela peut être mis en place en coordonnant le système numérique
actuel dans lequel les calculs économiques ne sont effectués
qu’avec une monnaie qui n’est faite que de nombres, en les
faisant vivre de concert, en quelque sorte. Quelques fanatiques prônant
le retour de l’or en tant que monnaie s’opposent à ce
projet un exemple de collaboration avec l’ennemi que serait la monnaie
fiduciaire. Il y a une certaine
vérité là dedans. C’est en fait une infiltration
des lignes ennemies, les ennemis étant les fournisseurs de monnaie
numérique.
On fait souvent référence à la loi de
Gresham en la résumant de la façon suivante: ‘la mauvaise
monnaie chasse la bonne’.
C’est exact, mais il faut se demander d’où
provient et où va la bonne monnae. Posée de cette manière,
la réponse vient naturellement : la bonne monnaie sort de la
circulation, mais ne disparait pas pour autant : elle est
utilisée en tant qu’épargne.
J’ai élaboré un plan afin de ré-introduire une monnaie saine, l’argent
métal, au Mexique.
Je sais pertinemment qu’elle ne circulera pas, puisqu’elle
sera thésorisée. Et cette augmentation immédiate
et massive de l’épargne aurait une importance clé dans le
monde surendetté dans lequel nous vivons. La bonne monnaie argent peut
et va procurer la motivation nécessaire à accumuler
l’épargne massive dont nous avons besoin pour redresser les
économies mondiales.
L’argent peut donc être transformé en bonne monnaie
qui ne disparaîtra pas de la circulation pour retourner aux affineurs,
comme elle le fût dans le passé, mais rester de manière
permanente dans les épargnes comme potentielle future monnaie en
circulation.
Il n’existe qu’une façon
d’y parvenir
Une pièce d’argent n’arborant pas de valeur
nominale peut se voir dotée d’une valeur nominale par une
autorité étatique, qu’elle soit la banque centrale ou la
trésorerie elle-même.
Cette valeur nominale surévaluera la valeur de
l’argent contenu dans la pièce, idéalement d’un
faible pourcentage. Cette valeur nominale augmentera parallèlement au
prix de l’argent. L’augmentation du prix de l’argent sera
inévitable, à cause de l’augmentation constante de la
masse de monnaie numérique en circulation.
La surévaluation de la pièce d’argent par la le Trésor public l’émettant ou
quelque autre autorité lui procure un profit immédiat et
garantit une valeur nominale virtuelle à la pièce. Ce profit pourrait être
appelé soit une subvention, soit une taxe payée par le contribuable
à l’institution qui fournit la pièce. C’est un
coût unique permettant de fournir une monnaie réelle et tangible
à la population.
Les chutes temporaires du prix de l’argent
n’affecteront pas la valeur nominale des pièces, mais
l’augmenteront juste, de la même façon que la valeur
d’un billet de dollar ne dépend pas de la valeur du papier sur
lequel il est imprimé. (Même si les augmentations du prix du
papier et d’imprimerie rendent déjà l’impression du
dollar non-rentable, comme démontré par les tentatives
d’instauration de la circulation sur le marché d’un dollar
métallique aux Etats-Unis).
Cette pièce d’argent ne disparaîtra jamais de
la circulation, dans la mesure où elle n’arbore aucune valeur
nominale, qui ne pourrait pas être modifiée si la valeur
intrinsèque de la pièce excédait la valeur
gravée.
Cette pièce, du fait de sa qualité
supérieure dans la mesure où elle contient de l’argent,
serait immédiatement appréhendée
et épargnée par la population. Les dépenses quotidiennes
seraient toujours faites grâce à la monnaie numérique,
mais l’argent serait gardé de côté comme
épargne, utilisable en cas d’urgence directement comme monnaie
dans les échanges de tous les jours.
La création de cette pièce d’argent à
valeur nominale virtuelle rend son utilisation possible dans les calculs
économiques et les besoins de tous les jours en cas de circonstances
pressantes. Elle est en mesure de coexister avec la monnaie numérique.
Peu importe qui paie avec cette pièce, le receveur de cette
pièce la garderait certainement comme épargne. Elle pourrait
être déposée comme crédit à la banque
à sa valeur numérique, auquel cas le guichetier la garderait
sûrement pour lui-même ! (en substituant un montant
équivalent de monnaie numérique à la pièce
d’argent).
Ce plan de monétisation de l’argent n’est pas
un projet de monétisation gratuite de l’argent. L’atelier
de frappe monétaire va
frapper une certaine quantité de pièces, en fonction la demande
du public. Si la pièce est rare, le prix fort sera payé par les
investisseurs anxieux de la posséder. Si la pièce est trop
abondante, l’excès retournera à la banque centrale,
jusqu’à ce que le désir d’épargner de la
population requière leur remise en circulation en plus grand nombre.
Ainsi, l’argent deviendra une fois de plus utilisable en
tant que monnaie, grâce à sa valeur nominale virtuelle garantie
par une autorité monétaire.
Je peux d’avance imaginer la masse de cette
monnaie-argent, mise de coté en tant qu’épargne alors que
la monnaie numérique s’autodétruit, comme on le voit
à travers les abus de son émission en quantités
astronomiques. Alors que la monnaie pernicieuse se détruit
d’elle-même, l’argent reste dans le jeu ! Lorsque les
banques centrales feront faillite du fait de leurs propres actions,
l’argent va de nouveau prendre sa raisonnable place de droit dans la
vie des gens, par défaut.
La demande mondiale pour cette pièce, idéale en
tant qu’épargne, sera si grande qu’elle conduira
l’utilisation industrielle de l’argent à la seconde place
pour ce qui sera de la détermination du prix de l’argent. Comme
l’argent sera vu comme un refuge monétaire, la fabrication de
pièces sera si grande que la demande d’argent comme monnaie va
limiter son utilisation industrielle et conduire son prix si haut que le
vieux ratio 16 :1 pourrait devenir à nouveau une
réalité. Mais nous en sommes encore loin.
Je ne pense pas qu’un ratio or/argent fixe soit possible,
et suis de l’opinion qu’il n’est pas utile de chercher
à remettre en place un tel ratio. En effet, l’utilité marginale de
l’or est constante du fait de son statut monétaire, ce qui
n’est pas le cas de l’argent : le ratio or/argent devrait
pouvoir être en mesure de fluctuer, avec la valeur de l’argent
fluctuant par rapport à celle de l’or.
Ce ratio fluctuant n’affectera pas une pièce
d’argent ayant une valeur nominale virtuelle. Si une pièce
d’argent d’une once est garantie à une certaine valeur
monétaire, disons, 20 dollars alors que l’once d’argent
vaut 16 dollars, le public va accepter cela assez joyeusement. Si le prix de
l’argent tombe à 8 dollars, le public ne s’en rendra
même pas compte, puisque la valeur monétaire numérique de
cette pièce restera à 20 dollars. La pièce d’argent
restera en circulation et absorbera la fluctuation du ratio entre l’or
et l’argent.
Toute notre civilisation
dépend de l’utilisation de monnaie réelle et physique.
Nous ne pouvons pas avoir de civilisation industrielle avec
l’utilisation de monnaie numérique qui maintenant n’est,
dans les comptes bancaires, plus qu’une monnaie imaginaire.
Les hommes ne peuvent pas faire face avec réalité
à la chose des nombres et des rêves.
L’argent sera le premier à être remis en
circulation, avant l’or, puisque l’argent est fait pour
l’utilisation des masses et que l’or est beaucoup plus
spécial. Le chemin retour de l’or, qui a une importance si
vitale, se fera à travers l’argent placé entre les mains
des gens.
Tout cela ne signifie pas que les gens seront obligés de
se déplacer avec de grosses quantités d’argent pour
procéder à leurs paiements. La propriété
d’une certaine quantité de monnaie argent peut être
transférée par moyens électroniques depuis leur
possesseur à une autre personne, si cette monnaie est
enregistrée dans le système bancaire. La trésorerie
américaine a d’un temps délivré des certificats
sur l’argent représentant la quantité d’argent disponible
dans les coffres de la trésorerie. C’était un
système acceptable, dans lequel il n’y avait pas d’effet
de levier impliqué.
Toutes les grandes transformations
dans la vie sociale et économique devraient impliquer des masses de
gens. En d’autres termes, le changement devrait s’opérer
par le bas.
Je pense que remobiliser l’argent en tant que monnaie qui
circulerait en parallèle à la monnaie numérique est la
voie à suivre vers lequel se diriger. J’ai l’intuition que
la monnaie-argent est le fil qui permettra à l’humanité
d’échapper au labyrinthe de la monnaie numérique.
Je n’ai aucune idée à proposer en tant que
réforme du système monétaire international pour
réintroduire l’or en tant que monnaie. Selon moi, c’est
quelque chose qui doit être mis en place, puisque la fin de
l’utilisation de l’or en tant que monnaie a, dès 1971,
donné naissance à un monde n’étant
réellement qu’une maison de fous. Je n’ai aucune
idée de comment opérer un retour de l’or dans
l’économie mondiale.
Alors que cette contre-révolution gigantesque dans les
affaires monétaires prend du temps à se présenter, je ne
vois cependant aucune autre voie pouvant nous permettre
d’évoluer sainement que la monétisation de l’once
d’argent, en lui permettant de pouvoir circuler de manière
permanente en parallèle à la monnaie numérique.
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