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Six mythes au sujet du libertarianisme (III)

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Extrait des Archives : publié le 31 décembre 2013
1072 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Suite de la seconde partie

Mythe 5. Les libertariens sont des utopistes. Ils croient que tous les individus sont vertueux, et que, par conséquent, le contrôle étatique n’est pas nécessaire. Les conservateurs ajoutent souvent que, puisque l’Homme est naturellement malveillant (au moins partiellement), une forte régulation étatique est socialement nécessaire.

 

Cette croyance à propos du libertarianisme est fort répandue. Il est pourtant difficile d’en comprendre l’origine. Rousseau, le principal défenseur de l’idée que l’homme est bon par nature mais corrompu par ses institutions, n’était guère libertarien. Hormis les écrits romantiques de quelques anarcho-communistes, que je ne considérerais en aucun cas comme libertariens, je n’ai jamais rencontré d’auteurs libertariens (ou libéraux classiques) qui aient défendu cette idée. Au contraire, la plupart des auteurs libertariens soutiennent que l’homme est à la fois moralement bon et mauvais, et que, par conséquent, il est important pour les institutions sociales d’encourager les conduites morales et de décourager les conduites immorales. L’État est la seule institution sociale capable d’utiliser la violence pour obtenir son revenu et sa richesse ; toutes les autres doivent soit vendre des produits ou des services sur le marché, soit recevoir des dons volontaires. L’État est également la seule institution capable d’utiliser les ressources provenant du vol organisé pour réguler la vie économique et contrôler la propriété des individus. Par conséquent, l’institution étatique est, pour les escrocs,  un moyen sanctifié et socialement légitimé de commettre des vols légalisés et d’exercer un pouvoir dictatorial. L’étatisme exhorte donc l’immoralité et le caractère criminel de l’homme. Comme Frank Knight l’a dit d’un ton incisif : « la probabilité que les gens au pouvoir soient des individus averses à la possession et à l’exercice du pouvoir est à peu près équivalente à la probabilité qu’une personne extrêmement affectueuse et attentionnée ait pour fonction de fouetter les esclaves dans une plantation. » Une société libre, ne mettant pas de moyens légitimés à disposition des hommes pour commettre des exactions, décourage les tendances criminelles de la nature humaine et encourage les échanges pacifiques et volontaires. La liberté et l’économie de marché découragent le racket et encourage l’harmonie sociale et les bénéfices mutuels des échanges volontaires, qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels.

 

Puisqu’un système de liberté encouragerait les échanges volontaires, découragerait les actes criminels, et supprimerait la seule voie légitimée pour commettre des crimes et des agressions, nous pourrions nous attendre à ce qu’une société libre soit moins affectée par les crimes et la violence que nos sociétés actuelles, bien que l’on ne puisse pas affirmer qu’ils disparaîtraient complètement. Ce n’est pas de l’utopie, c’est la conséquence, relevant du bon sens, du changement de ce qui est perçu comme socialement légitime et du changement de la structure sociale des récompenses et des punitions.

 

Envisageons notre thèse sous un autre angle. Si tous les hommes étaient bons et qu’aucun d’eux n’avait de penchants criminels, l’État serait superflu, comme les conservateurs le reconnaissent. Mais si, à l’inverse, tous les hommes étaient malveillants, alors, la défense de l’État n’en serait pas moins délicate : pourquoi supposer que les membres du gouvernement, ceux qui détiennent les armes et le pouvoir d’agression, seraient-ils par extraordinaire exempts de ces vices ? Tom Paine, un libertarien classique, dont les positions sur la nature humaine sont souvent considérées comme naïvement optimistes, a réfuté l’argument reposant sur la malveillance humaine avancé par les conservateurs pour justifier un État fort. Selon lui « Si la nature humaine est corrompue, il est superflu de renforcer la corruption en mettant sur le trône une succession de rois, qui, quelle que soit leur légitimité sociale, sont désignés pour gouverner » Et Paine d’ajouter : « Aucun homme depuis la Chute n’a été suffisamment vertueux pour assumer la charge du pouvoir. » Et comme le libertarien F.A. Harper l’écrivit un jour :

 

« Le principe selon lequel l’autorité politique est nécessaire en raison de la malveillance humaine implique que cette autorité soit étendue à toutes les sphères de l’activité humaine. La société entière serait ainsi dirigée par un seul homme. Mais qui officierait alors en tant que dictateur ? Puisque tous les individus sont malveillants, il n’y a aucune raison pour que le dictateur ne le soit pas, quelles que soient les procédures qui le désignent. La société serait alors dirigée par un tyran totalement malveillant, entre les mains duquel seraient concentrés tous les pouvoirs. Comment serait-il alors possible que cet arrangement n’engendre pas de déplorables conséquences ? En quoi un arrangement de cette sorte pourrait-il être meilleur qu’une société sans aucune autorité politique ? »

 

Enfin, puisque, comme nous l’avons vu, les hommes sont en vérité à la fois bons et mauvais, une société libre encourage le bien et décourage le mal, tout du moins au sens où le volontaire et le mutuellement bénéfique sont bons, et où le criminel est mauvais. Aucune théorie de la nature humaine, qu’elle suppose la vertu, le vice, ou un mélange des deux, ne peut justifier l’étatisme. Le penseur libéral F.A. Hayek, au cours d’une argumentation visant à nier son conservatisme, souligna que : « L’attrait principal de l’individualisme, [que défendaient Adam Smith et ses contemporains] est d’être un système au sein duquel les hommes mauvais peuvent le moins nuire. C’est un système social dont le bon fonctionnement ne dépend pas de la valeur morale des hommes qui le composent, mais qui fait usage des hommes dans toute leur variété et leur complexité. 

 

Il est important de souligner ce qui différencie les libertariens des utopistes (au sens péjoratif du terme). Le libertarianisme n’a pas pour but de remodeler la nature humaine. En revanche, l’un des objectifs principaux du socialisme est de créer (en pratique en utilisant des méthodes totalitaires) l’Homme Nouveau acquis au socialisme, un individu dont la fin ultime serait de travailler avec diligence et altruisme au service du collectif. Le libertarianisme est une philosophie politique qui affirme que, quelle que soit la nature humaine, un système politique moral et efficace ne peut être fondé que sur la liberté.  Le libertarianisme, autant que n’importe quel autre système politique, sera bien sûr d’autant plus efficace que les gens qui le composent seront pacifiques et peu enclins aux activités criminelles ou agressives. Les libertariens, comme la plupart des gens, aimeraient vivre dans un monde sans criminel et peuplé d’individus bienveillants. Mais cela n’est pas l’élément constitutif de la doctrine libertarienne, qui affirme que, quelque moral ou immoral que puisse être l’homme, la liberté est préférable.

 

Vers le Quatrième Mythe

 

 

 

 

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Murray N. Rothbard (1926-1995) fut le plus grand auteur libertarien américain. Il écrivit sur l’éthique, la philosophie, l’économie, l’histoire américaine et l’histoire des idées. Il fut l’auteur de la plus sérieuse remise en cause de la légitimité du gouvernement, et approfondit les connaissances sur la propriété de soi et le principe de non coertion. Il fut professeur d’économie à l’université de Las Vegas et vice président du Ludwig von Mises Institute.
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