Nous vivons dans un monde
onirique.
Toute la monnaie qui existe
encore ne consiste plus qu’en des devises imaginaires qui prennent la forme
de chiffres émis par les banques centrales. Les soi-disant « réserves »
de ces banques centrales ne sont rien de plus que des chiffres émis par un
petit groupe de créateurs officiels, les banques centrales des Etats-Unis, de
la zone euro, de l’Angleterre, du Japon, de la Suisse et, depuis plus
récemment, de la Chine.
Mais voilà qu’un autre groupe de
créateurs de chiffres, qui ne sont pas des banques centrales, s’est introduit
dans le monde imaginaire de la monnaie : ce groupe se compose
majoritairement de « mineurs » qui produisent des Bitcoins au
travers de la résolution de problèmes mathématiques complexes. Cette caractéristique
fera un jour la risée de l’immense folie de l’humanité.
Bitcoin est promu au travers de
publicités quelque peu mensongères : des images de pièces partout sur
internet, qui ressemblent de très près à des pièces d’or. Mais les Bitcoins
ne sont que des chiffres sur des écrans d’ordinateur. Il n’existe pas de
Bitcoin physique. McDonald’s nous vend ses hamburgers grâce à des images
alléchantes de « Big Macs ». Mais qu’en serait-il s’ils ne
contenaient en réalité pas de viande du tout ?
Quand le créateur de Bitcoin –
qui demeure inconnu à ce jour – a présenté sa création au reste du monde, il
(ou elle) l’a qualifié de monnaie. Et les gens n’ont pas tardé à répéter ses
propos. Un chien aboie, et les autres en font de même.
Mais en vérité, Bitcoin n’est
pas plus une monnaie que ne le sont les autres devises digitales du monde :
il n’est lié à aucune réalité sous-jacente.
Le grand bénéfice que dit avoir
ce nouveau participant à la grande arnaque monétaire de notre époque est que
ses mouvements et sa propriété vont au-delà du contrôle du gouvernement.
Le monde est devenu si épuisé du
problème incessant de la protection de son épargne et de son maintien hors de
la portée du gouvernement, que l’idée de Bitcoin a captivé l’imagination du
grand public.
Soudainement, la valeur de ces
Bitcoins digitaux a flambé par rapport à celle des devises imaginaires du
monde.
Ceux qui ont acheté des Bitcoins
dès leurs débuts ont fait fortune – mais cela ne durera pas.
La monnaie imaginaire du monde
finira par disparaître. Personne ne peut savoir quand. Mais un jour viendra
où tous les rêves finiront par s’envoler.
Bitcoin se terminera mal pour
beaucoup de gens, parce que sa fin viendra avant celle des autres devises
imaginaires.
Pourquoi ?
Parce que les monnaies oniriques
officielles – le dollar, l’euro, le yuan et les autres – ont des bergers. Ces
bergers sont les banques centrales qui les émettent, et qui ne souhaitent pas
voir flamber la valeur de leurs devises imaginaires, ni la voir plonger. Si
leurs monnaies grimpaient, alors les économies des banques centrales qui y
sont liées enregistreraient un déclin de leurs exportations, une hausse de
leurs importations et un ralentissement de leurs économies. Si elles
déclinaient, alors les économies qui y sont liées souffriraient de problèmes déflationnistes
et de soulèvements sociaux. Les banques centrales qui émettent ces devises
imaginaires veulent la stabilité pour leurs chiffres, pas des fluctuations
soudaines.
Bitcoin et les autres devises
imaginaires du monde digital n’ont pas de bergers pour s’occuper d’eux. La
valeur de Bitcoin est passée de quelques centimes à sa naissance, il n’y a
pas si longtemps, à 2.500 dollars l’unité à l’heure d’aujourd’hui.
Le prix de Bitcoin dépend des
rêves du public du monde. Bien qu’il ait pu grimper en raison de son
caractère innovant, sa hausse a été spectaculaire parce que les acheteurs ont
surpassé les vendeurs. Mais aucun berger n’est là pour garder l’œil. Quand le
public changera d’avis – et il finira par le faire – de la même manière que
la hausse de sa valeur n’a connu aucune résistance, son déclin sera sans
limites. Les gens s’empresseront de vendre, et verront la valeur de leurs
Bitcoins décliner chaque minute. Il ne restera plus aucun acheteur. Chat
échaudé craint l’eau froide. Bitcoin et ses imitateurs deviendront la fable
de la folie de l’humanité.
Les gens sont capricieux par
nature. Quand le public sera fatigué de ce rêve, les ventes commenceront. Et
de la même manière que le prix de Bitcoin a pu grimper, il s’écrasera pour ne
laisser derrière lui que chagrin et tristesse.