Mes chères contrariées,
mes chers contrariens,
Alors que la ville de Francfort et
l'Allemagne sont en train de célébrer la naissance de Johann Wolfgang
von Goethe , le Gouverneur de Bundesbank Jens Weidmann (celui dont on a
déjà parlé et dont la démission a
été plusieurs fois évoquées ces dernières
semaines, a lâché une véritable petite bombe en disant
que . "Goethe avait déjà pris il y a 180 ans toute la
mesure du principal problème économique à savoir que
chaque politique monétaire se termine par un excès de
papier-monnaie fatal".
Mon allemand n'étant pas
très évolué, en gros le patron de la banque centrale
allemande a profité de ces commémorations pour rappeler
à tous que nous avions besoin d'une monnaie stable et de la confiance
des agents économique dans la pérennité de notre
monnaie, et qu'il fallait protéger la politique monétaire de la
tentation de la planche à billets, et que la voie choisi par la BCE et
son gouverneur Mario Draghi, prêt a acheter des obligations
d'états de façon illimitée n'était pas la bonne
et qu'il n'allait pas se priver de le dire.
Pour la petite histoire, dans l'ouvrage
Faust, de Goethe, un long passage est consacré à l'inflation...
qui est un problème récurrent des monnaies puisque leur
espérance de vie est d'environ 18 ans... et que cela se termine
à chaque fois de la même manière.
Jean-Marc Ayrault veut "donner
plus de temps à la Grèce pour s'en sortir"
Pendant ce temps, dans un entretien
à Médiapart diffusé dimanche le Premier ministre,
Jean-Marc Ayrault s'est dit "favorable" à ce que l'on donne
"plus de temps" à la Grèce "pour s'en sortir",
mais "à une condition: qu'(elle) soit sincère dans
l'engagement des réformes, notamment fiscale".
Interrogé sur la situation de ce
pays, M. Ayrault indiqué que "la solution ne peut être la
sortie de la Grèce de l'euro".
"On peut déjà lui
donner plus de temps pour s'en sortir".
Ce qui est extraordinaire, dans cette déclaration
c'est l'idée de sincérité dans l'engagement des
réformes. Cela ne veut strictement rien dire. Il faut donc retenir que
pour la Grèce, comme pour la France, nous aurons besoin de plus de
temps, beaucoup plus de temps. D'ailleurs si cela pouvait s'accompagner
également de l'impression de beaucoup de billets, ce serait mieux...
Pour le Premier ministre, ne pas signer
le traité européen, c'est sortir de l'euro...
Pendant ce temps Europe Ecologie-Les
Verts a décidé de rejeter le traité budgétaire européen...
Psychodrame dans la majorité, et
d'ailleurs cela fait désordre. D'un autre côté cela a le
mérite d'une certaine cohérence puisque ce traité
budgétaire est un véritable problème pour notre pays. Il
nous impose de revenir rapidement à l'équilibre financier et
d'y rester.
En soi l'idée est plutôt
bonne et ce n'est pas moi qui dirait le contraire.
Le problème c'est que la
politique d'ajustement qui devrait menée sera très douloureuse
et porteuse de récession comme nous avons pu déjà
l'expliquer dans ces colonnes.
Et puis soyons honnête, nous
n'avons pas l'air de prendre le chemin des réductions de
dépenses. Quant à celui des augmentations d'impôts,
lorsque l'on nous explique ce week-end, que non, le gouvernement ne sera pas
celui du matraquage fiscal, après nous avoir expliqué qu'il ne
serait pas non plus celui de l'austérité, il y a de quoi
commencer à se gratter sérieusement les capillaires.
Point de TVA sociale. Une augmentation
de la CSG? N'y pensez plus. Bon il manque bien (pour le moment) 37 milliards
d'euros pour boucler le budget... enfin boucler, c'est vite dit, disons pour
être moins à découvert que d'habitude. Mais franchement,
37 milliards, ce n'est rien. Une broutille. C'est plus de 10% des recettes,
mais chut.
Donc du coup Jean-Marc Ayrault,
très prolixe dimanche, met en garde ceux qui, ne veulent pas
ratifier le traité budgétaire européen.
Pour lui «la conséquence
logique de leur démarche, c'est la sortie de l'euro».
Le ministre de l'Economie, Pierre
Moscovici, a lancé un «appel à la raison à la
gauche» sur le traité budgétaire européen.
«Le non de soutien» au président Hollande,
«ça n'existe pas».
Jean-Marc Ayrault a
précisé que «nous, nous allons jusqu'au bout de la
défense de l'euro. Non par dogmatisme, mais par sens des réalités»,
et que ni le président François Hollande ni lui-même
«ne prendraient jamais la responsabilité de laisser
disparaître l'euro».
C'est bien de ne pas vouloir quitter
l'euro, mais on ne s'attaque pour le moment à aucun des causes des
difficultés actuelles de la monnaie unique.
La raison majeure reste un
problème de conception même.
En réalité il existe une
multitude d'unions monétaires. Le franc en était une. La Lire
également, et la peseta aussi!
Dans une union monétaire, les
riches paient pour les pauvres, ou plutôt les régions riches
pour les régions pauvres.
Lors de la réunification
Allemande dans les année 90, il y avait bien la monnaie de l'Est et
celle de l'Ouest. Et c'est bien l'Ouest riche qui a financé la mise
à niveau des régions défavorisées.
Cela est l'exemple même d'une
union de transfert.
Cette idée, appliquée au
niveau de l'Europe signifie que les pays riches doivent payer, pas
prêter, ni imprimer des billets, ni demander quoi que ce soit en
échange, non ils doivent payer à vie, pour toujours pour les
régions les plus pauvres qui globalement le renteront pour
l'éternité ou presque.
L'Italie du Nord et l'une des
régions les plus industrielles du monde et les plus riches. L'Italie
du Sud est toujours fauchée...même deux siècles et
quelques après l'unification italienne, et ils continuent de payer.
C'est bien cela le procès fait
l'Allemagne. C'est dans ce sens là que certains disent que les
allemands ne jouent pas le jeux.
D'un autre côté, si on
nous demandait, à nous français, de payer à vie, pour
que les grecs se la coulent douce, je ne suis pas sur que l'on se sentirait
très européens...
Alors, voilà ou se trouve
l'Europe aujourd'hui. Dans une espèce de situation figée, comme
paralysée, un peu dans l'œil du cyclone.
Chacun s'observe. On a encore
gagné du temps. On attend de voir dans quel sens le vent va se mettre
à tourner. Mais au fonds de nous, nous savons tous que les
désaccords sont trop profonds et trop graves pour que l'euro puisse
perdurer dans sa forme actuelle.
On ne peut pas demander aux allemands
de payer notre retraite à 60 ans, alors qu'ils travaillent
jusqu'à 67...ce qui tombe bien vu qu'ils n'ont absolument pas
l'intention de payer.
En attendant on fait mine de ne pas
voir le fossé qui nous sépare. Ce fossé, ce jour en jour
grandi.
C'est ce que vient de rappeler ce refus
d'une partie de la majorité (sans juger du bien-fondé) de
l'austérité imposé par le voisin allemand.
L'année de l'amitié
Franco-allemande
Le Président français et
la Chancelière allemande, ont lancé ce week-end,
"l'année de l'amitié". Mais rassurez-vous, nous
sommes amis, on s'aime bien, on a plus envie de se faire la guerre.
Non, le problème n'est pas
l'amitié.
Le problème, c'est la divergence
des deux principales économies de la zone euros alors que jusqu'en
1995, l'Allemagne et la France était relativement proche.
Aujourd'hui, nous nous sommes
résolument situé dans le camp de l'Europe du Sud.
Revenir dans le peloton de tête
va nous demander des efforts considérables.
Rien ne dit que la France y soit
prête.
Enfin, comme on est ami, c'est sur,
"tout sera bien qui finira bien"... ou pas
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