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Cinq euros qui risquent de coûter très cher

Par Jean-Marc Vittori

Publié le 26 juil. 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Les économies de bouts de chandelles peuvent parfois déclencher de beaux incendies. Le gouvernement en fait l'amère expérience aujourd'hui avec son coup de rabot de 5 euros par mois sur l'aide personnalisée au logement, qui concerne plus de six millions de foyers. Disons-le franchement : c'est une mesure stupide. Elle est minuscule - moins de 100 millions d'euros épargnés d'ici à la fin de l'année sur un budget de plus de 18 milliards. Elle est injuste, car elle frappe les Français les plus démunis. Il faut bien sûr être naïf ou de mauvaise foi pour nier le fait que la mesure sera indolore pour la majorité des bénéficiaires de cette APL. Mais il faut être inconscient pour ne pas voir qu'elle sera néanmoins douloureuse pour les autres, qui comptent leurs finances mensuelles à l'euro près. Et surtout, ces 5 euros vont servir d'épouvantail à toute réforme sérieuse de la politique du logement, pourtant annoncée dans le programme du candidat Macron.

Or il y a là un gaspillage effroyable de l'argent public. La politique du logement coûte plus de 40 milliards d'euros par an. Rapporté au PIB, c'est deux fois la moyenne européenne et quatre fois le niveau allemand. Les Français ne sont pourtant pas mieux logés que leurs voisins; leurs maisons ne sont pas plus grandes ni mieux isolées. L'argent va donc ailleurs. L'extension de l'APL aux étudiants dans les années 1990 a permis d'en identifier clairement les bénéficiaires. Selon différents travaux de recherche menés pour en mesurer les effets, les propriétaires des logements loués aux étudiants ont récupéré via des hausses de loyer au moins les deux tiers de l'allocation logement. D'après une enquête du Conseil d'analyse économique publiée au début du mois, le fait que les aides au logement poussent les loyers à la hausse est même le sujet sur lequel les économistes sont le plus d'accord !

Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a promis une réforme plus profonde à l'automne. Il ne devra pas se limiter aux APL. Est également nécessaire un tri impitoyable dans l'aide fiscale à la construction de logements locatifs, qui gonfle les prix des terrains et de la construction, voire aboutit à des immeubles qui restent largement inoccupés. Des milliards censés aider les moins aisés vont en réalité dans les poches de toute une série d'acteurs qui sont loin de faire partie des plus démunis. Il faut absolument faire le ménage dans les écuries de l'aide au logement. Ce sera une rude bataille car ceux qui profitent du système dans l'ombre avanceront d'excellents arguments pour que surtout rien ne change. Le gouvernement aura besoin de toutes ses forces pour réussir. Il est dommage d'en avoir gâché pour une poignée d'euros.

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