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Pourquoi les droits voisins sont légitimes

Il était temps de mettre fin à cette situation dans laquelle les géants du numérique exploitent gratuitement le travail de la presse. 

Fabien Clairefond pour Les Echos
Fabien Clairefond pour Les Echos

Par Nicolas Barré

Publié le 12 sept. 2018 à 15:55

Les députés européens ont saisi l'occasion historique, ce mercredi, de redonner à la presse les moyens de sa liberté.

De lui permettre de ne plus subir, impuissante, le pillage quotidien de ce qu'elle produit. L'issue de leur vote sur la directive sur les droits d'auteur n'aurait dû faire aucun doute, tant la justesse de la cause saute aux yeux. Nul ne devrait pouvoir s'enrichir à milliards en exploitant gratuitement le travail des autres. C'est pourtant ce qui se passe chaque jour. Les uns sèment, labourent et investissent, les seigneurs du numérique encaissent.

Nos parlementaires avaient le devoir de mettre fin à ce servage. L'argument moral à lui seul suffisait. Mais peut-être nos députés le ont-ils davantage été sensibles à l'argument économique. Un chiffre dit tout : 2,7 milliards d'euros. C'est ce que représente la chute du chiffre d'affaires publicitaire de la presse depuis dix ans. Mais c'est aussi le montant des revenus publicitaires des Gafa l'an dernier en France. Ces géants du Net accaparent plus de 80 % des recettes publicitaires sur le numérique, recettes qu'ils tirent de l'audience générée par les contenus de presse, sans rien redistribuer à ceux qui les créent. Cette matière première, si précieuse et chère à produire, est gratuite pour ceux qui l'exploitent et en tirent profit.

Partage des revenus

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La directive sur les droits voisins vise à corriger - et encore, modestement - cette anomalie économique et morale. Face au torrent de « fake news » colportées par ceux qui bataillent contre ce texte par tous les moyens, il faut aussi rappeler ce que cette directive n'est pas. En revêtant des habits de défenseurs de la liberté pour mieux continuer le pillage des contenus, les Gafa font preuve d'un cynisme ahurissant. Non, ce texte européen ne signifie pas la fin de la gratuité sur Internet. Non, il ne rendra pas Wikipedia payant comme ont essayé de le faire croire des groupes d'influence à la solde des Gafa. Non, il n'empêchera pas chacun de partager librement des articles sur les réseaux sociaux.

Il est temps de trouver un équilibre à cette situation massivement asymétrique entre la presse et les plates-formes. Ces dernières rendent un service immense à des milliards d'individus. Qui pourrait se passer de Google ? Mais ce poste d'aiguillage planétaire qu'est un moteur de recherche n'a de valeur que s'il renvoie sur quelque chose. Or l'écrasante majorité des recherches et du trafic est liée à l'actualité et renvoie vers des articles. Là réside la valeur et il est donc légitime que les revenus ainsi créés soient partagés.

Nicolas Barré

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