Du racisme en Amérique
DANS LA PRESSE éTRANGèRE. Selon « Newsweek », l'Amérique n'est pas rentrée dans l'ère « post-raciale » comme certains l'ont cru lors de l'arrivée de Barack Obama à la présidence.
« Tout change pour que rien ne change. » La formule de Tancrède dans « Le Guépard » pourrait s'appliquer à l'Amérique si l'on en croit « Newsweek ». Quelques mois après l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama, rappelle le magazine, Jimmy Carter avait fait remarquer qu' une grande part de l'hostilité à l'égard de l'ancien sénateur de l'Illinois était due au fait qu'il était noir . Ce qui avait valu à l'ancien président une volée de bois vert dans les médias. « Mais, note « Newsweek », les Afro-Américains ont très bien compris ce qu'il voulait dire. » Et, poursuit le journal, avec l'élection de Donald Trump « cette haine rentrée est de retour avec un esprit de revanche ». Les Américains « non-blancs » savent que si la discrimination raciale s'est réduite, « elle reste ancrée dans le gouvernement, la justice et les forces de police ». Et le journal va jusqu'à affirmer qu'il existe une « Amérique néo-Jim Crow », en référence aux lois de ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis abrogées en 1965. L'ONG « Equal Justice Initiative », dirigé par Bryan Stevenson, un avocat qui ne ménage pas ses efforts pour lutter contre la ségrégation, a inauguré il y a trois mois un mémorial pour la paix et la justice à Montgomery dans l'Alabama à la mémoire des milliers d'Afro-Américains lynchés ainsi qu'un musée sur l'histoire des Noirs qui va de l'esclavage aux harcèlements d'aujourd'hui par la police dans la rue et leur emprisonnement massif, en passant par la ségrégation. Et selon le journal, Stevenson, auteur d'un best-seller « Just Mercy » (de la pitié seulement), pourrait s'attribuer la phrase de James Baldwin : « Personne en Amérique n'échappe aux effets du racisme et tout le monde a quelque part une responsabilité pour cela. » Il faudrait bien que tout change, mais réellement…
J. H.-R.