Erdoğan s'en prend aux mots étrangers
Divan, odalisque, turquoise, sébile, kiosque, ottomane... la liste des mots en français empruntés au turc est longue. En échange les mots français comptent pour 5 % de la langue turque. Pourtant Recep Tayyip Erdoğan a décidé de se lancer dans une purge contre les mots d'emprunt étrangers, écrit « The Economist ». « Où les attaques contre les cultures et les civilisations commencent ? Avec le langage », a déclaré le président turc. Premier mot victime de cette purge d'un nouveau genre : « Arena » qui rappelle la dépravation de l'Empire romain. Du coup le stade Vodafone Arena de l'équipe du Beşiktaş est devenu Vodafone Stadyumu. De quoi surprendre car le mot « stadyumu » viendrait du grec ancien « stadion ».
Certains mots comme « şovmen » (showman) ou « ataşman » (attachement) énervent les puristes. Mais le turc avant sa transformation dans les années 1930 par Atatürk afin d'abandonner l'alphabet arabo-perse pour un alphabet romanisé, a commencé à emprunter des mots étrangers à la fin du XIXe siècle. Un mouvement qui suivait l'arrivée de produits et de conseillers militaires européens. On dit ainsi « kuafor » (coiffeur), « randevu » (rendez-vous) ou encore « sezlong » (chaise longue)... En fait, pour « The Economist », il est clair qu'Erdoğan a développé une grande nostalgie de l'Empire ottoman, disparu en 1923 après 623 années d'existence. Il avait déjà voulu, sans grand succès, rétablir l'enseignement du turc ottoman dans les écoles. Selon l'hebdomadaire, il y a de fortes chances que sa purge contre le langage emprunté à l'étranger connaisse le même sort. Lui-même d'ailleurs avait employé la locution « şık » pour dire que les mots étrangers n'étaient pas si chics que cela.
J. H.-R.