Horst Seehofer
Le ministre de l'Intérieur d'Angela Merkel, chef de la CSU et longtemps patron de la Bavière, veut faire plier la chancelière sur la politique d'immigration. « Crazy Horst » met du coup la coalition au pouvoir sens dessus dessous.
Par Henri Gibier
« Crazy Horst », comme on l'appelle outre-Rhin, a failli mourir, en 2002, à cause d'une myocardie provoquée par sa boulimie de travail. Mais le chef de la CSU, l'incommode alliée bavaroise de la CDU d'Angela Merkel, n'est pas près de ralentir son activité dans son nouveau job de ministre de l'Intérieur au sein de la coalition allemande. Il s'est fixé pour mission d'endiguer le flot des étrangers venus chercher refuge en Allemagne auxquels la chancelière avait de son côté ouvert les bras. Un sujet qui empoisonne leurs relations depuis plusieurs mois, mais ce n'est pas la première fois. Lors du congrès de son parti, la CSU, Seehofer avait interpellé son invitée Angela pour réclamer qu'elle fixe une « limite maximale » à son sens de l'accueil. Ce bon catholique deux fois marié, père de quatre enfants, dont une fille adultérine, toutes choses qui ne sont pas trop dans les règles de l'art chrétien, cache sous les airs jovials et de bon vivant de quelqu'un qui aurait été conçu sous une tente à bière, beaucoup de volonté et de hargne. Au point que ses compatriotes le désignent souvent dans le dialecte bavarois par une affectueuse expression, qui ne donne pourtant pas envie de plus le connaître : « A Hund is er scho », traduisible par « sûr, c'est un chien ». A bientôt 69 ans, dont 45 en politique, mais sur le déclin dans son propre fief, ce fils d'un chauffeur de camion d'Ingolstadt, qui fut lui-même un moment simple garçon de courses, se vante d'être avant tout passé par « l'école de l'expérience ». Ceux qui ne l'aiment pas disent aussi de ce géant de plus d'un mètre quatre-vingt-dix qu'il a pris trop de hauteur pour en avoir laissé pour sa politique.
Henri Gibier