Par Henri Gibier
Le nouvel homme fort chargé de redonner à Boeing son leadership dans les avions civils arrive au Bourget avec un grand appétit pour l'avenir. Porté à la tête de ce département chez l'avionneur américain en novembre 2016, Kevin McAllister compte sur 41.000 livraisons d'avions sur les vingt prochaines années, a-t-il annoncé dès ses premiers pas sur le sol français. Recruté par Dennis Muilenburg, l'actuel PDG de Boeing, McAllister est le premier responsable de cette activité cruciale pour le groupe à venir de l'extérieur. Ce quinqua a passé plus d'un quart de siècle à la tête de GE Aviation avant de céder aux sirènes du grand concurrent d'Airbus. Une bonne opération pour cet ingénieur qui s'est vu attribuer 18 millions de dollars en actions et un cadeau de 2 millions en cash au moment de la signature. Le manager est affable, connu pour son goût du terrain, de l'échange avec les salariés, avec lesquels il a passé beaucoup de temps durant ses presque sept mois chez Boeing. Né il y a cinquante-trois ans à Bethlehem, l'ancienne capitale sidérurgique de Pennsylvanie, ce solide gaillard, pas très cravate, a emporté dans son bureau un tableau de l'aciérie locale de Bethlehem Steel, qui a été fauchée par la faillite du second producteur du pays en 2001. Elle a été remplacée depuis par un parc municipal, un destin qui a marqué ce super-vendeur, ainsi qu'il l'a souligné lors de sa première rencontre avec la presse : « Cette peinture me rappelle qu'une compagnie comme la nôtre doit se réinventer tous les jours. » Du coup, son maître mot est la compétitivité. Et pour expliquer ce qu'il entend par là, ce coupeur de coûts n'a cette fois même pas besoin d'un dessin.