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L'angoisse de l'acheteur de voiture au moment du choix

PODCAST - Je suis perdu. Quelle voiture acheter ? Le gazole tue nos poumons, l'essence massacre le climat et l'électricité a besoin d'un fil introuvable en ville pour recharger les batteries. Errance dans une forêt d'injonctions contradictoires.

Fabien Clairefond pour Les Echos
Fabien Clairefond pour Les Echos

Par Jean-Marc Vittori

Publié le 20 nov. 2018 à 07:15Mis à jour le 26 nov. 2018 à 07:03

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Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir acheter comme voiture ?

A vrai dire, je garderais volontiers ma Volkswagen Passat qui n'a même pas dix ans. Mais je dois envisager le changement pour deux raisons. Primo, la maire de la plus belle ville du monde, où j'ai le bonheur d'habiter, veut bannir le diesel. Or je dois faire ici un aveu : ma Passat est diesel. Pas par choix, mais parce que c'était à l'époque tout ce qui était disponible en voiture familiale d'occasion récente.

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L'incivilité du Parisien

Ensuite, ma chère et tendre ne travaille plus au même endroit. Elle ne va pas très loin, mais doit prendre trois lignes différentes de métro. En voiture, ça va bien plus vite. Sauf qu'elle refuse d'émettre des nuages d'oxydes d'azote en ville. Comme souvent, elle a raison. Elle s'était repliée sur l'Autolib, la voiture électrique de Bolloré. Mais Autolib a disparu du paysage.

Nous voici donc amenés à reconsidérer notre question automobile dans son entièreté. Premier réflexe : passons des eaux glacées de la possession égoïste aux bonheurs du partage et de l'usage ! Hélas… Nos jumeaux ont besoin de sièges auto de la taille d'un petit tonneau, peu commodes à transporter et fort encombrants dans un appartement parisien. Ensuite, en ville, les alternatives à l'Autolib sont chères et peu convaincantes. Les deux premières tentatives chez l'une d'entre elles, Moov'in, ont échoué sur la porte d'un parking privé derrière laquelle se trouvait le véhicule proposé. L'incivilité du Parisien n'a pas de limites.

Essence, diesel, électrique, hybride ?

Et puis la location est encore compliquée. Les systèmes où l'on prend une voiture avec son smartphone restent pour l'instant des prototypes. Enfin, les loueurs traditionnels sont encore à l'âge de pierre de la relation client. En témoigne notre dernière expérience il y a trois mois. Après l'annulation d'un vol d'avion, nous avons dû payer 200 euros de plus pour louer une voiture un jour de moins. « Mais c'est normal, Monsieur ». Limitons cette normalité au strict minimum.

Il va donc falloir se résoudre à acheter. Nous avons la chance d'avoir assez d'argent pour le faire. Mais le choix, qui n'était déjà pas simple il y a une décennie, est devenu encore plus compliqué. Essence, diesel, hybride, électrique ?

Procédons par élimination. Le diesel est l'ennemi à abattre. Les taxes sur le gazole augmentent, sa cote s'effondre sur le marché de l'occasion. C'est peut-être injuste, car il consomme moins et ses émissions de particules ont beaucoup baissé, à l'inverse des moteurs à essence. « Le diesel va mourir guéri », estime le patron d'une PME de mécanique, qui roule en Nissan Leaf électrique.

Deux litres aux 100 kilomètres ?

Passons à l'essence. Des moteurs qui rejettent moins d'oxydes d'azote mais davantage de CO2, moins mauvais pour les poumons mais pire pour la planète. Peut-être pourrait-on aller vers la voiture qui consomme 2 litres aux 100 kilomètres, comme le soutient le Shift Project, un think tank qui oeuvre pour la décarbonation de l'économie. Mais je vais devoir faire mon achat avant que cette fourmi soit sur le marché. Est-ce raisonnable d'acquérir une voiture qui brûle davantage de carburant que celle que j'ai aujourd'hui (5,5 litres de gazole aux 100 kilomètres), au moment où le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) s'égosille à nous dire que la planète n'en peut plus ?

Ce qui nous amène vers l'électrique, qui pose d'autres questions. Avantage : la France fabrique de l'électricité largement décarbonée (merci le nucléaire !) Inconvénient : le marché n'est pas mûr, comme le montrent les investissements annoncés par les constructeurs, qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros ( Volkswagen tout récemment). Les prix sont donc élevés et les produits encore imparfaits.

Difficile d'envisager dès maintenant le tout-électrique. Parfait pour la ville certes, très bien pour aller à la campagne, mais impossible d'aller tranquille chez Belle-maman sur le bassin d'Arcachon. La dernière fois, à l'aller, il y avait certes dix chargeurs Tesla au restaurant à Saintes, dont aucun n'était utilisé. Mais au retour, à l'hôtel à Tours, il y avait seulement trois prises, toutes occupées.

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Satanée prise

Reste alors l'hybride rechargeable. Electrique en ville, essence dès que les parcours commencent à s'allonger. Sauf que, là aussi, c'est tôt et donc cher. Et puis, il faut trouver cette satanée prise pour la recharger. Des foules d'hybrides rechargeables roulent en réalité uniquement à l'essence. Beau gâchis, car il faut beaucoup d'énergie pour produire puis transporter leurs quintaux de batteries.

Dans les rues de Paris, il y avait bien les bornes Autolib, mais le logiciel appartenait à Bolloré, qui l'a gardé avec lui. Les bornes sont donc inutilisables. Dans le parking des bureaux où travaille ma chère et tendre, pourtant récent, il n'y a aucune prise. Et vu les normes, il faudra des années avant de pouvoir espérer en installer. Pas plus de prises dans le parking où dort la Passat. Pour en poser une, il faut en informer l'assemblée générale des copropriétaires. Et quand on est locataire, comme nous, il faut d'abord convaincre le propriétaire de faire la demande... 

Avantage en nature

Tous ces problèmes finiront bien sûr par être résolus. S'en poseront alors de nouveaux. Les prises de courant pourraient être plus souvent ciblées par des casseurs dans les banlieues que dans les beaux quartiers, ce qui créera de nouvelles inégalités. L'Urssaf va légitimement considérer l'électricité fournie au travail comme un avantage en nature, sur lequel il faudra prélever des cotisations. Si les réservoirs de carburant disparaissent, l'Etat devra pomper des milliards ailleurs. En attendant, qu'est-ce que je vais bien pouvoir acheter comme voiture ?

Jean-Marc Vittori 

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