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L'effort sans le souffle

Par Henri Gibier

Publié le 17 avr. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Le Premier ministre n'y a pas mis de fioritures. Sanglé dans son costume anthracite, la mine sombre, on aurait même pu croire que Manuel Valls portait le deuil encore tout frais des espoirs nourris en haut lieu d'obtenir un nouveau délai avant de ramener le déficit public de la France sous la barre des 3 % du PIB, comme le président de la République s'y est engagé, devant nos partenaires de la zone euro, pour 2015. Le chef du gouvernement était resté très discret, lors de sa déclaration de politique générale, sur la façon dont il allait s'y prendre pour réaliser les 50 milliards d'euros d'économies nécessaires à la réalisation de cet objectif. A la sortie du Conseil des ministres, hier, il a enfin commencé à préciser où l'effort allait porter. Comme on pouvait s'y attendre, une frange du PS crie déjà à la trahison. Heureusement que Pierre Gattaz, le patron des patrons, avait relancé la veille, sans trop le vouloir, la polémique sur le SMIC; au moins cela a-t-il permis au titulaire de Matignon de proclamer haut et fort qu'à cet acquis-là il ne toucherait pas !

Car il y a beaucoup de mesures douloureuses, voire courageuses compte tenu de l'étroitesse de sa majorité, dans les annonces de Manuel Valls. Prolonger sur dix-huit mois le gel des retraites et des prestations sociales, autres que les minima, c'est imposer à cette France des seniors, qui pèse si lourd dans la protection sociale, une diète sans équivalent, y compris sous Raymond Barre. Même si l'inflation exceptionnellement faible du moment en adoucit les effets sur le pouvoir d'achat des catégories concernées. Porter de trois à sept années le blocage du compteur servant à garantir une augmentation salariale à tous les fonctionnaires, c'est également du jamais-vu. Là encore, le maintien du système presque automatique d'avancement à l'ancienneté ou au mérite en tempère l'impact sur le niveau de vie d'une grosse partie des agents de la fonction publique. Ces coups de rabot, qui frappent uniformément, donc avec une certaine injustice, le budget vital de millions de Français, ressemblent à une « prime de nuisance » que les politiques font payer au corps social pour compenser leur propre incapacité à le réformer en profondeur. La dureté du dispositif est là pour prouver la détermination à agir de la nouvelle équipe. Mais son taux d'acceptabilité risque d'être d'autant plus bas que le flou n'est pas totalement levé sur l'autre pan du programme Valls : les économies structurelles sur les dépenses de l'Etat.

Certes, à côté du brouillard à couper au couteau entretenu sur le sujet pendant les deux premières années du quinquennat, on entrevoit enfin quelques lueurs, pour la plupart repoussées à un horizon lointain. Sur les deux tiers des 50 milliards d'euros d'économies promises, il faut pour le moment croire sur parole Manuel Valls. Cette crédibilité c'est son principal avantage par rapport à François Hollande. A lui maintenant de la mériter.

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