L'étranger, notre double
Propos : Nous savons que nos civilisations sont mortelles. Mais elles peuvent survivre et muer par l'apport de l'étranger. Certes « l'étranger dérange, inquiète, fascine », écrit l'historien Vincent Duclert dans un recueil de « Lettres aux étrangers » allant d'Homère au romancier burundais Gaël Faye. Mais il est le révélateur de l'impossibilité pour une société de fermer ses frontières. « Car l'étranger est notre double, parfois notre sauveur. » D'ailleurs que serait la civilisation de l'Occident médiéval sans les barbares ? La Renaissance en France sans les Italiens ? Il y a aussi les « grandes découvertes » qui ont abouti à l'extermination des civilisations précolombiennes ou la révocation de l'Edit de Nantes chassant les protestants de France comme ce fut le cas des juifs d'Europe.
L'intérêt : « L'étranger » est un sujet d'actualité. Et si les démocraties après la Deuxième Guerre mondiale ont défini des droits pour les étrangers, exilés économiques, réfugiés... ces progrès demeurent fragiles comme en Hongrie, en Pologne, aux Etats-Unis et bientôt en Angleterre. C'est ce que ces textes publiés par l'historien rappellent comme un reflet. Comme s'il était nécessaire de rendre aux étrangers leur identité perdue.
L'extrait :« Les étrangers sont le monde, ils nous rappellent son immensité, ses douleurs et sa grâce, ils le montrent dans sa tristesse et dans sa joie, dans son humilité et sa richesse. En cela, leurs voix ne peuvent s'éteindre. »