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La Hongrie et la recomposition politique européenne

Le parlement européen a infligé un carton rouge à la démocratie illibérale de Viktor Orban.

Fabien Clairefond pour Les Echos
Fabien Clairefond pour Les Echos

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 12 sept. 2018 à 19:40Mis à jour le 14 sept. 2018 à 06:50

La démocratie « illibérale » de Viktor Orban est la grande perdante du vote de mercredi de plus des deux tiers députés européens pour lancer une procédure de sanctions à l'encontre des pratiques peu démocratiques de la Hongrie. Ce vote sur l'article 7 du traité européen est une victoire pour les députés et les dirigeants qui veulent faire barrage à l'inexorable montée du populisme en Europe. Le premier ministre hongrois se voit ainsi infliger un carton rouge par le parlement de Strasbourg pour ses entorses multiples à l'état de droit et par conséquent aux valeurs européennes fondamentales. Le vote de mercredi est aussi un avertissement pour d'autres gouvernements qui seraient tentés de suivre sa voie en limitant l'indépendance de la justice, en s'attaquant aux libertés individuelles, d'expression, de la presse et en muselant les ONG.

On aurait tort, néanmoins, de surestimer les conséquences directes de ce vote. Il sera difficile en effet, pour les 27 autres pays européens, de décider à la majorité qualifiée la suspension des droits de vote de la Hongrie. Budapest peut encore compter sur le ferme soutien de la Pologne de Jaroslaw Kaczynski qui elle-même fait l'objet d'une procédure similaire lancée par la Commission européenne à la fin 2017.

Mais le vote de mercredi de Strasbourg revêt une autre portée bien plus large et plus profonde. Car derrière se profilent les prémices d'une scission au sein du Parti populaire européen et avec elle d'une recomposition politique à l'approche des élections européennes de 2019.

Nombre d'eurodéputés qui font partie du PPE (parti populaire européen) ont voté contre Viktor Orban. Et de nombreuses voix s'interrogent sur le maintien ou non de son parti, le Fidesz, au sein du mouvement pan européen qui compte notamment la CDU d'Angela Merkel ou les Républicains français. En créant une certaine surprise, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, leader du ÖVP a même lâché Viktor Orban en indiquant que les eurodéputés du Parti populaire autrichien voteraient en faveur de sanctions et de l'expulsion du Fidesz.

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Reste que Viktor Orban est loin d'être totalement isolé en Europe. Le front commun qu'il a construit avec Vienne et maintenant avec Rome contre l'immigration, tient toujours. Le scrutin de dimanche en Suède en est une autre preuve. Et la recomposition politique comme l'a souhaité Emmanuel Macron pour faire une place à La République en Marche, est encore loin d'être acquise. Dans son dernier grand discours avant de quitter la présidence de la Commission, Jean-Claude Juncker a plaidé pour une Europe plus forte sur la scène internationale. Pour le moment l'Europe est plus fragmentée que jamais. Et il n'est pas certain que les valeurs défendues par le parlement de Strasbourg soient partagées par tous les peuples européens.

Jacques Hubert-Rodier

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