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Labourage, pâturage et reformatage

Par Jean-Marc Vittori

Publié le 20 juil. 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Il peut paraître étrange de lancer des états généraux de l'alimentation dans la torpeur estivale. Mais c'est finalement un bon moment. D'abord parce que le président et sa majorité sont encore assez nouveaux pour disposer d'un précieux capital politique. Ensuite parce que la prochaine étape de la politique agricole européenne, qui va se traduire par une forme de renationalisation, impose une réflexion à l'échelle du pays. Aussi parce que le succès du bio montre que les consommateurs sont prêts à payer plus cher quand ils estiment que cela vaut le coup (pureté, qualité, sécurité, proximité...). Egalement parce que tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire semblent désormais à peu près convaincus que la course au prix le plus bas détruit désormais davantage qu'elle n'apporte. Et enfin parce que de nouveaux acteurs, comme aujourd'hui l'américain Amazon et demain peut-être le chinois Alibaba, pourraient bousculer les positions des uns et des autres.

Cela fait certes belle lurette que le labourage et le pâturage ne sont plus les deux mamelles de la France. Mais l'agroalimentaire reste ou plutôt devrait redevenir un formidable atout pour le pays. Il constitue son troisième excédent commercial, malgré de substantielles pertes de marché ces deux dernières décennies. Et c'est l'un des rares domaines où la France a une image de marque puissante dans le monde, enracinée dans une longue histoire. Comme le soulignait le Think Tank Agroalimentaire impulsé par Les Echos Events dans son dernier rapport, il est urgent de définir une nouvelle ambition pour l'agroalimentaire français.

Deux actions sont ici prioritaires. La première, c'est de choisir, sortir du mi-chèvre mi-chou des solutions moyennes à prix moyen et qualité moyenne. Inutile de se leurrer : les consommateurs les moins aisés auront toujours besoin d'acheter au plus bas prix. Il serait suicidaire de renoncer pour certains producteurs à la poursuite d'une industrialisation de l'agriculture entamée il y a plus d'un siècle. « En même temps », les autres producteurs doivent absolument monter en gamme pour vendre plus cher. La seconde action, c'est organiser de vraies filières, où les uns et les autres se respectent et se soutiennent au lieu de s'écraser. L'industrie aéronautique fonctionne ainsi, l'automobile y est venue au cours de la dernière décennie, il n'y a aucune raison que les secteurs de l'agroalimentaire en soient incapables. Choisir et organiser : ces deux actions relèvent d'abord des acteurs privés. L'Etat, lui, doit les aider à forger leurs stratégies et à faire les efforts indispensables pour s'adapter et gagner en compétitivité sur tous les registres. Rien de tout cela ne paraît impossible.

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