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Le bateau de la discorde

La crise migratoire en Europe est devenue profondément politique et souligne, une nouvelle fois, l'impréparation de l'Union européenne à y faire face.

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 14 juin 2018 à 18:15

L'Aquarius, ce navire humanitaire transportant en Méditerranée des migrants clandestins, est devenu le symbole de la discorde et de l'impréparation de l'Union européenne à affronter la crise migratoire. Une tragédie qui couve pourtant depuis des années et qui est l'un des principaux prétextes utilisés par les mouvements populistes et identitaires en Europe. Les présidents du conseil des ministres italiens Giuseppe Conte et de la République Emmanuel Macron ont mis en sourdine leur querelle et leurs autoaccusations, frisant parfois le ridicule, pour se rencontrer ce vendredi à Paris. Conte sera reçu lundi par la chancelière allemande. Mais cette crise n'a pas qu'un aspect bilatéral. Elle concerne les 28. Et elle est profondément politique. En Allemagne Angela Merkel est en train d'en faire les frais. Son aile droite menée par son ministre de l'Intérieur, le conservateur CSU bavarois, Horst Seehofer, souhaite refouler les migrants arrivant en Allemagne mais enregistrés dans un autre pays de l'union. Un durcissement qui reprend des points du programme de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) à l'extrême-droite et qui est à l'opposé de la politique menée par la Chancelière. En Italie la poussée de la Ligue de Matteo Salvini, s'explique largement par ses positions anti-migrants. Aujourd'hui il y a une menace mortelle au sein de l'Europe. C'est de voir, comme le souhaite le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz qui gouverne avec l'extrême droite, se constituer un « axe Berlin-Rome-Vienne ». Un « axe » élargi au Hongrois Viktor Orban. La France elle-même est secouée par cette montée des forces identitaires et anti-migrants. Le Front National, aujourd'hui le Rassemblement national, en avait fait le thème principal de ses campagnes électorales. L'issue pour l'Union européenne est étroite. On peut douter qu'elle parvienne à une réforme profonde de l'accord de Dublin sur le droit d'asile ou de Schengen sur l'ouverture des frontières sans remettre en cause ses principes fondateurs. D'autant plus que le 1er juillet l'Autriche prend la présidence tournante de l'Union Européenne. Il faut espérer que d'ici là l'Aquarius soit arrivé à bon port en Espagne . Mais d'autres suivront. 

Jacques Hubert-Rodier

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