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Le chemin de croix de la défense européenne

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 23 juin 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

L'Europe n'est plus ce continent en paix des lendemains de la guerre froide. Aujourd'hui, le « petit cap de l'Asie » se prépare à faire face à des menaces diffuses et asymétriques. La Russie, en annexant la Crimée puis en encourageant les séparatistes de l'est de l'Ukraine, a pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale redessiné les frontières du continent. Bruxelles, Londres, Paris, Berlin et bien d'autres villes sont frappées par des actions terroristes. Et les menaces venant du sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient, théâtre de guerres, se sont accumulées. Sans parler des cyberattaques. Ce qui apparaissait encore hier aux yeux des Européens comme le parapluie militaire américain est remis en question par l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump. Les citoyens européens attendent désormais une Europe protectrice. Tout plaiderait pour que le voeu d'une Union européenne de la sécurité et de la défense devienne réalité. D'autant plus que, avec le Brexit, le frein britannique à une intégration plus profonde semble levé. Jeudi et vendredi à Bruxelles les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union approuvent ainsi la création d'un fonds pour encourager la recherche, le développement et l'acquisition d'équipements et de technologies. Sur le papier, c'est un premier pas. Et pourtant, l'Union européenne est loin d'avoir surmonté les nombreux obstacles. Le plus important est d'ordre industriel. Peut-on demain constituer une sorte d'Airbus européen de la défense ? Cela semble encore du domaine de l'utopie. L'Europe connaît aujourd'hui un sous-investissement massif dans les industries de défense, une érosion de sa base industrielle, alors que la Chine se prépare, elle, à entrer en force sur ces marchés. Le réarmement de l'Europe a certes commencé, mais il n'est pas certain qu'il profite aux industries européennes. Sans oublier que les interférences politiques sont loin d'avoir disparu et que les matériels militaires doivent répondre à de multiples spécifications nationales. L'Europe de l'Est continue à préférer acheter des matériels américains. Et pas seulement pour leur qualité mais aussi pour répondre à l'absence d'un grand programme d'avion de combat européen, ou encore d'un avion sans pilote européen. La mutualisation des marchés publics européens dans la défense est un horizon encore lointain. L'Europe doit aussi surmonter ses propres obstacles militaires. Si la France a une capacité d'intervention militaire à l'étranger comme au Sahel, l'Allemagne est loin de pouvoir changer sa Loi fondamentale limitant la participation aux combats de son armée. Une armée européenne est encore impossible. Il existe néanmoins aujourd'hui un fort élan commun auquel l'élection d'Emmanuel Macron contribue. Ne gâchons pas ce moment au nom d'égoïsmes nationaux.

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