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Les banquiers centraux dans le grand bleu

Par Jean-Marc Vittori

Publié le 27 juil. 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

En ce XXIe siècle, les explorateurs de l'inconnu ne vont plus dans l'espace, aux pôles ou dans les abysses. Ils font de la politique monétaire. Une décennie après le déclenchement d'une crise financière séculaire, les banquiers centraux tâtonnent encore dans des espaces mystérieux aux mécaniques improbables alors qu'ils assument une fonction essentielle dans l'économie - ils fabriquent la confiance dans la monnaie qui permet à la fois l'échange et l'épargne.

Après avoir promis, il y a cinq ans jour pour jour, de faire « tout ce qu'il faudra » pour sauver la monnaie unique européenne, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a piloté une série de décisions qui aurait glacé d'horreur n'importe lequel de ses collègues au début du siècle. Depuis plus de deux ans, la BCE achète chaque jour des milliards d'euros de dettes publiques et privées, écrasant le prix de l'argent censé équilibrer l'offre et la demande d'argent. Aux Etats-Unis, la Fed a commencé à remonter les taux d'intérêt, mais elle donne l'impression d'avoir peur de son ombre. Donald Trump, qui brocardait allégrement la politique jugée trop timide de la banque centrale et de sa présidente Janet Yellen quand il était candidat à la présidence, est devenu beaucoup plus prudent depuis qu'il est arrivé à la Maison-Blanche. Il serait actuellement tenté de nommer à la tête de la Fed Gary Cohn, un ancien de la banque Goldman Sachs qui travaille actuellement à ses côtés, mais il a encore le temps de changer cent fois d'avis avant d'annoncer son choix à la fin de l'année. A la décharge de Trump, il est devenu très difficile d'écrire la feuille de route d'un banquier central. Au Japon, la Banque du Japon a même décidé que son objectif était désormais de maintenir à zéro les taux d'intérêt à long terme, ce qui n'est écrit dans aucun manuel d'économie et qui n'est pourtant pas extravagant dans un pays où la dette publique fait près de deux ans et demi de PIB.

Depuis le début des années 1980, les banquiers centraux avaient défini leur mission avec les économistes de manière simple et rigoureuse : maintenir l'inflation un peu au-dessous de 2 %. Ben Bernanke, l'ancien président de la Fed, le raconte bien dans ses mémoires. Mais l'inflation semble être devenue évanescente. A moins qu'elle ne finisse par ressurgir brutalement, comme à plusieurs reprises par le passé. En attendant, les banquiers centraux sont dans le bleu, et même dans le grand bleu. Ils n'ont pas fini d'explorer l'inconnu. Une exploration à la fois inquiétante et stimulante, car elle pourrait déboucher sur un nouveau paysage et de nouvelles solutions de financement.

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