Mohed Altrad
Si Montpellier gagne la finale du championnat de France de rugby à XV samedi, ce sera un triomphe de plus pour ce fils de Bédouin devenu une des plus grandes fortunes françaises.
Par Henri Gibier
Si Montpellier, son club, emporte samedi le bouclier de Brennus, trophée réservé au vainqueur du championnat de France de rugby, le « roi de l'échafaudage », comme on l'appelle, en sera sans doute aussi fier, sinon plus, que de son titre d'entrepreneur mondial de l'année, obtenu il y a trois ans. Mohed Altrad n'a pu devenir le principal actionnaire du Montpellier Hérault Rugby qu'en 2011, après la mort de l'autoritaire maire socialiste Georges Frêche, qui lui vouait une inimitié aussi tenace que mystérieuse. Depuis, cet industriel né dans le désert syrien, enfant d'une Bédouine violée par le chef de sa tribu, à la tête aujourd'hui d'une des quarante plus grosses fortunes françaises s'est fait bien d'autres ennemis dans le milieu de l'Ovalie. On lui reproche d'asseoir à coups de millions sa domination sur un Top 14 encore nostalgique de son lointain passé de fief de l'amateurisme sportif. La justice s'intéresse aussi à ses trop bonnes relations avec Bernard Laporte, le président de la Fédération de rugby à XV, lié à son club par des contrats et qui aurait fait preuve à son égard d'une mansuétude suspecte. Après des premiers pas dans l'informatique et la chimie, celui qui dans sa jeunesse gardait les chèvres a bâti sa fortune en rachetant à son voisin de Florensac, il y a plus de trente ans, une entreprise d'échafaudage en faillite, Mefran, qu'il a lancée à l'assaut de la planète, et transformée en un groupe comptant 22.000 salariés. Une saga que ce milliardaire de 67 ans, qui roule en Ferrari et voyage en jet privé, a racontée dans plusieurs livres. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'était pas écrit d'avance.
Henri Gibier