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«Nous sommes ouverts à un réexamen des niches fiscales»

INTERVIEW - Claude Guéant rappelle l'opposition «catégorique» du chef de l'État à une hausse des prélèvements.

Deux millions de personnes ont participé à la votation sur l'avenir de La Poste. Est-ce un succès ?

Il est toujours intéressant que deux millions de personnes s'expriment. S'il s'agissait de s'opposer à la privatisation de La Poste, tout le monde aurait pu voter. Mais je tiens à rappeler que le projet du gouvernement n'est en rien de privatiser La Poste. Il s'agit au contraire de la conforter, de marquer notre attachement au service public en donnant à La Poste les moyens d'emprunter pour affronter la concurrence internationale, l'effondrement du volume de courrier et l'essor du transport de colis qui exige des investissements importants.

Un référendum sur ce sujet est-il possible après la révision de la Constitution ?

Le référendum d'initiative populaire a été voulu par le président de la République, même si la loi organique sur ce point reste à adopter. Juridiquement, ce référendum permettrait d'inscrire une proposition de loi au Parlement. Or, précisément un projet de loi sur le statut de La Poste est déjà inscrit à l'ordre du jour du Parlement. Vous me permettrez d'ajouter de voir ceux qui ont voté contre le référendum d'initiative populaire en réclament aujourd'hui la mise en œuvre.

Après la BNP, la Société générale va rembourser l'État des aides reçues dans le cadre du plan de soutien aux banques. Si l'État avait souscrit des actions, ne les aurait-il pas revendues à meilleur prix ?

L'État n'a pas vocation à jouer en Bourse avec l'argent des Français. Qu'aurait-on dit si les actions avaient baissé ? A l'époque, aucune prévision n'était possible. D'ici peu, toutes les banques auront remboursé l'État. Ce qui prouve bien que le soutien temporaire que nous leur avons apporté n'était en rien un « cadeau ». Grâce aux intérêts, l'État gagnera même 500 millions d'euros. C'est le coût du plan pour la jeunesse annoncé par le président.

Une hausse de la fiscalité ne sera-t-elle pas nécessaire pour lutter contre les déficits ?

Le président et le gouvernement opposent un refus catégorique à toute augmentation des prélèvements obligatoires. Ce serait le meilleur moyen d'affaiblir la croissance au moment même où elle redémarre. J'ajoute que dans le cadre de la discussion parlementaire, le gouvernement est ouvert à un réexamen des niches fiscales ou sociales.

Soutenez-vous la fiscalisation des indemnités des accidentés du travail que certains, même à l'UMP, trouvent injuste ?

Ce qui est injuste, c'est au contraire qu'elles ne soient pas fiscalisées alors que les indemnités pour congé maladie ou congé maternité le sont. C'est bien un revenu de remplacement. On oublie aussi de rappeler qu'en cas d'accident du travail, la totalité du revenu est garantie le premier mois. Or, comme il n'est pas fiscalisé, cela veut dire que le revenu est supérieur quand on est en accident de travail à ce qu'il est lorsque l'on travaille. Est-ce juste ?

L'idée d'une incitation financière pour lutter contre l'absentéisme scolaire est dénoncée par beaucoup comme une « marchandisation » de l'école.

Regardons l'essentiel. L'essentiel, c'est le scandale de l'absentéisme scolaire qui concerne 10 % des élèves. C'est contre cela qu'il faut lutter. L'idée d'une récompense collective et pas individuelle va être expérimentée dans trois lycées professionnels de l'Académie de Créteil. C'est une des quelque 160 expérimentations proposées par Martin Hirsch dans le cadre d'une vaste politique de soutien et d'encouragement à la jeunesse. Je ne dis pas qu'il faut généraliser cette mesure, mais au moins laissons l'expérience se dérouler et voyons ce qu'elle donne. Notre devoir est d'être pragmatique pour obtenir des résultats contre le fléau de l'absentéisme.

France Telecom est toujours sous le choc après la vague de suicides. Cela remet-il en cause le management de l'entreprise ?

Le travail à France Telecom est devenu plus complexe du fait des changements technologiques qui interviennent en permanence. Didier Lombard a pris la mesure du problème. Il a décidé de mettre en place des moyens d'écoute et de solidarité dans l'entreprise. Et il a raison. Une direction doit cela à ses salariés. Il a pensé qu'il fallait changer de responsable en appelant Stéphane Richard. Certains demandent aussi le départ de Didier Lombard. Prenons garde de ne pas détruire cette entreprise. Didier Lombard a beaucoup contribué à l'évolution de France Télécom. Il a compris qu'il fallait faire évoluer son métier de la transmission des contenus à la création de contenu.

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