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Oser encore

L'élection d'Emmanuel Macron a stupéfié le monde et a remis la France sur le chemin des réformes. Mais le sursaut français reste encore une promesse à accomplir.

Par Nicolas Barré

Publié le 1 janv. 2018 à 18:49

Ne nous cachons pas derrière les mots. La France a stupéfié le monde avec l'élection d'Emmanuel Macron, montrant, à l'heure du populisme triomphant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, que l'esprit d'ouverture avait changé de camp. Mais « la France qui ose », comme nous la qualifiions le 8 mai 2017, n'était alors qu'une promesse. Qu'allait en faire ce président de trente-neuf ans ? Les sceptiques voyaient déjà ses réformes sociales se fracasser au contact de la rue. Un million de personnes allaient défiler sur les Champs-Elysées… Les professionnels de la politique, pourtant éjectés par le suffrage, raillaient son inexpérience. Pointant son score étroit à la présidentielle, d'autres prédisaient, avec de grands airs de certitude, un effondrement de la popularité du nouveau chef de l'Etat. Et que dire de son style, qualifié en boucle de « jupitérien » ou de « christique » par des commentateurs obnubilés par le paraître, à l'image de l'époque…

Les Français, une fois de plus, ont trompé ceux qui pariaient sur un divorce rapide avec le nouveau pouvoir. Non seulement ils ne détestent pas qu'un président préside avec autorité, mais ils veulent même lui donner sa chance pour agir et mettre en oeuvre ses promesses. Le jugement sera pour plus tard, sachant que les deux grands chantiers de réforme - le travail et l'éducation - ne produiront pas de résultats rapides. Ce sont des chantiers au long cours, chacun le sait. Il est trop tôt pour mesurer l'effet sur nos pratiques sociales des ordonnances négociées par Muriel Pénicaud. Il faudra de longs mois avant que les ouvertures créées par ces textes se traduisent en actes sur le terrain. De longs mois avant que les nouvelles instances du dialogue social se mettent en place et plus de temps encore avant que notre culture des rapports sociaux, empreinte de raideur, de tensions, voire de réminiscence de lutte des classes, évolue… De la même manière, le chantier de la rénovation de notre système éducatif vient seulement de s'ouvrir et dans tous les pays où des réformes profondes ont été engagées, il a fallu entre trois et cinq ans pour en percevoir les premiers effets. Confiée, comme pour le travail, à un professionnel du sujet, Jean-Michel Blanquer, cette réforme est la mère de toutes les autres : c'est la compétitivité future du pays qui se joue, or celle-là est menacée comme en attestent avec constance depuis quelques années les comparaisons internationales. Il était temps qu'elle soit au coeur de l'action de l'exécutif !

Mais il faudra encore oser beaucoup plus pour croire au sursaut français. On ne pardonnerait pas à la nouvelle majorité de ne pas profiter de la chance offerte par la reprise mondiale pour ne pas accélérer les réformes différées depuis trop longtemps. Plusieurs sont déjà sur les rails comme celles de l'apprentissage, de la formation professionnelle ou de l'assurance-chômage. Le droit à l'erreur et le changement de culture de l'administration sont également programmés pour le courant de l'année. Mais il y a aussi des angles morts. Si nous ne profitons pas de l'embellie actuelle pour réduire nos dépenses publiques et les rapprocher de la moyenne européenne, quand le ferons-nous ? Si nous ne revoyons pas plus en détail les missions de la fonction publique, que dirons-nous aux générations futures qui continueront à en assumer la charge ? Cette « France qui ose » peut surprendre davantage.

Nicolas Barré

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