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Permis de réformer prolongé

L'exécutif a sur sa table une vingtaine de chantiers d'ici l'été. Il a totalement raison d'aller vite. Mais attention au risque technocratique s'il ne précise pas «l'objectif de guerre » de chacun d'eux.

Par Dominique Seux

Publié le 4 janv. 2018 à 19:25

Les Français qui pouvaient en douter le savent désormais : le mouvement de réformes va continuer à un rythme soutenu en 2018. Après un début de mandat intense sur les terrains fiscaux (Taxe d'habitation, CSG, ISF), sociaux (ordonnances travail) et directement politiques (moralisation vie parlementaire, fin de l'état d'urgence), Emmanuel Macron n'a nullement l'intention de lever le pied pour « profiter » des bonnes grâces d'une meilleure conjoncture économique. En 20 minutes et 38 secondes, Edouard Philippe, qui rendait compte mercredi du séminaire gouvernemental de rentrée, a annoncé une… vingtaine de gros chantiers pour les tous prochains mois ! Une dizaine d'entre eux feront l'objet d'un texte de loi. C'est considérable.

Le plus intéressant est qu'une partie croissante de l'opinion publique semble approuver ce rythme et n'y voit pas une simple gesticulation de « com ». Le sondage Elabe que nous publions indique une hausse de la cote du président de la République - qui reste toutefois sous les 50 %. Le message ? Les Français laissent toujours sa chance à ce dirigeant de 40 ans qui déroule ses promesses de campagne. Ils saluent peut-être aussi la visibilité redonnée à Paris avec le sommet Climat, sur les sujets européens, voire la réception sans concession de Donald Trump le 14 juillet. Ce n'est pas fini : le 22 janvier, il recevra à Versailles des dirigeants d'entreprise internationaux en route pour Davos. 

Course de vitesse

Il faut le dire : l'exécutif a raison d'aller vite et d'ouvrir un à un les chapitres des blocages tricolores. Partout dans le monde désormais, une course de vitesse est engagée entre les responsables politiques « raisonnables » et les populistes. La solidité de la Ve République en France ne peut pas faire oublier le score des extrêmes (Le Pen et Mélenchon) à la présidentielle ni ceux qu'ils obtiennent dans nombre de grands pays. En agissant dès le début du quinquennat, le gouvernement peut par ailleurs espérer engranger les bénéfices de ses réformes et ne pas les laisser à ses successeurs éventuels - la leçon Schröder est dans tous les esprits. 

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Donc agir sans tarder, oui. Mais la réussite et l'obtention de résultats supposent qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe précisent les objectifs de chacune des réformes à venir pour qu'elles soient très lisibles. Cela a été généralement le cas à l'automne. Cela semble être moins évident aujourd'hui. Quelle est, à chaque fois, la mesure ou le dispositif qui marquera vraiment les esprits et apportera la preuve que les choses changent vraiment? Sur le logement, la transition énergétique, la formation professionnelle, les économies budgétaires ou les retraites (entre autres), le pire serait une noyade technocratique si souvent déjà expérimentée. La clarté est le seul moyen de montrer que l'impuissance des responsables politiques n'est pas une fatalité.

Dominique Seux  ( )

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