Presse étrangère : l'espagnol en perte de vitesse au Maroc
En dépit de liens étroits, la langue de Cervantes est de moins en moins utilisée au Maroc.
Il y a quatre ans, l'Espagne a dépassé la France comme premier partenaire commercial du Maroc. La coopération hispano-marocaine est, en outre, en pleine expansion sur des questions comme la lutte contre le terrorisme et l'immigration illégale. « Pourtant, écrit El País, l'usage de la langue espagnole est en perte de vitesse au Maroc. Elle se situe de plus en plus loin du français et de l'anglais. » Cette contraction est d'autant plus étonnante que l'Institut Cervantes a ouvert six centres au Maroc, dans presque toutes les grandes villes. « Au Maroc, note un traducteur d'espagnol, Mohamed Dahou, pour obtenir un bon travail il faut avant tout avoir un très bon niveau en français, c'est notre deuxième langue après l'arabe. » Si le français mais aussi l'anglais sont essentiels, l'espagnol « n'est qu'un plus », dit le journal. Il est vrai que les liens historiques entre l'Espagne et le Maroc ne suffisent plus. Aujourd'hui, l'Espagne a perdu de son attraction en raison de son chômage élevé et de sa crise économique. Sans oublier que, dans une ville comme Marrakech, l'anglais est devenu la langue du tourisme. A l'université, l'étude du castillan est en chute libre. Dans un pays de 34 millions d'habitants, l'Institut Cervantes compte 11.409 étudiants contre 13.542 en 2008. Le constat du quotidien est d'autant plus étonnant que l'espagnol est, par le nombre de locuteurs de naissance (437 millions) répartis dans 21 pays, la deuxième langue la plus parlée dans le monde, après le mandarin (900 millions de locuteurs natifs). Les Français ne peuvent pas se réjouir trop vite : le français est la langue maternelle de 76 millions de personnes.
Jacques Hubert-Rodier