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Trump et les limites de la guerre commerciale

ANALYSE. Donald Trump menace de sanctionner la quasi-totalité des exportations chinoises en Amérique. Au risque de déclencher une escalade sans fin.

Fabien Clairefond pour Les Echos
Fabien Clairefond pour Les Echos

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 10 sept. 2018 à 08:35Mis à jour le 18 sept. 2018 à 17:42

Il faut savoir arrêter une guerre. Mais pour ne pas la perdre, il faut éviter que les armes utilisées ne se retournent contre soi. Avec la Chine, Donald Trump est prêt à déclencher une guerre commerciale, non plus limitée, mais totale. Il a laissé ouvertes toutes les options y compris « l'option nucléaire ». Son objectif à coups de surtarification douanière sur 34 milliards puis peut-être ensuite 200 et encore 267 milliards, soit sur la quasi-totalité des exportations chinoises en Amérique, est de faire plier Pékin pour rééquilibrer les échanges commerciaux très défavorables à l'Amérique.

Un rééquilibrage qui permettra, espère-t-il, de recréer de l'emploi industriel aux Etats-Unis et de satisfaire une fraction de l'électorat qui se sent lésé par la mondialisation. Certes, les nouveaux droits de douane ne devraient pas entrer en vigueur avant les élections de mi-mandat de novembre et les conséquences sont pour l'instant minimes.

Mais on ne peut écarter que le président américain mette ses nouvelles menaces à exécution. Car l'objectif moins avoué est d'empêcher la Chine de rivaliser avec le leadership de l'Amérique. Pour le moment, la guerre est commerciale et la Chine a surtaxé des montants équivalents à ceux touchés par Washington, en appliquant la loi du Talion. Mais si Trump poursuit l'escalade, Pékin a d'autres armes comme vendre de la dette américaine dont elle détient plus de 1.100 milliards ou encore dévaluer le yuan. Sans parler des tensions supplémentaires en mer de Chine entre les deux grands, déjà lancés dans une course à la militarisation.

A terme, la généralisation d'un conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis aura comme effet de peser sur l'économie mondiale. Car elle pourrait contribuer au freinage de l'économie chinoise dépendante des exportations et surtout se retourner contre les Etats-Unis eux-mêmes en réduisant la consommation intérieure et en faisant peser une épée de Damoclès sur les entreprises de la high-tech qui ont besoin de la Chine et de ses investissements. Il n'est pas trop tard pour une solution négociée. Trump après avoir menacé de son « gros bouton nucléaire » Pyongyang, a finalement accepté de discuter avec Kim Jong-un. Pourquoi pas avec Xi Jinping ? A moins qu'il préfère la « destruction créatrice » ? Mais l'Amérique sera alors la grande perdante.

Jacques Hubert-Rodier

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