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Une Chine proche

Edouard Philippe effectue une visite en Chine après celle du président Macron.

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 21 juin 2018 à 18:13

La Chine est proche. Ce qui était dans les années 1960 le rêve de quelques illuminés maoïstes en Europe est aujourd'hui une réalité pour les dirigeants de la planète. La Chine de Xi Jinping n'est pas celle de Mao Zedong. Et le monde a changé depuis. Certes jamais depuis le Grand Timonier, un dirigeant de la Chine populaire n'avait concentré autant de pouvoir que Xi. La grande différence est que l'Empire du Milieu est aujourd'hui en passe de devenir, du moins par le poids de son PIB, la première puissance économique mondiale. La Chine de Xi Jinping a la capacité de tenir durablement grâce à la force de son pouvoir, à la répression et au développement économique. Et il n'y a presque plus aucune voix dans le monde pour lui reprocher de ne pas respecter les droits de l'homme ou ses atteintes à la liberté d'expression.

Monde à l'envers

Mais le plus grand changement est extérieur. En s'attaquant à deux des grands piliers depuis la fin de la deuxième guerre mondiale des Etats-Unis, le commerce libre et l'Alliance atlantique, le président Donald Trump a contribué à une profonde transformation du paysage géopolitique dans le monde. C'est presque un monde à l'envers qui basculerait d'ouest en est, comme au début du XXe il avait basculé de l'Europe vers l'Amérique.

Pour défendre le libre-échange face aux décisions unilatérales de l'Amérique de surtaxer les importations, la Chine se rapproche de l'Europe voire de puissances hostiles d'hier comme le Japon.

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Certes il n'est pas question d'une alliance sino-européenne après celle qui a réuni pendant soixante-dix ans les deux rives de l'Atlantique, mais l'Europe doit penser à assurer sa sécurité et à jouer un nouveau rôle sur la scène mondiale en dépit de ses divisions internes. Après Emmanuel Macron en janvier, le Premier ministre Edouard Philippe se rend ainsi en Chine. Il doit y rencontrer son homologue Li Keqiang et surtout le président Xi. Comme toute visite de ce genre, il sera accompagné d'une délégation d'entreprises et on évoquera les contrats, de gros et de plus petits. Mais aujourd'hui l'enjeu dépasse cette relation bilatérale. Sur le climat, sur l'accord international sur le nucléaire iranien, ou encore sur des questions plus larges comme celle du maintien de la paix notamment en Afrique, la France et la Chine sont de plus en plus proches. La Chine constitue « une chance », avait d'ailleurs dit le président Macron. A l'heure de la recomposition du monde, cette chance doit être saisie rapidement. Et la visite d'Edouard Philippe est une occasion supplémentaire. Même s'il ne s'agit pas d'un pas de géant, cela sera toujours un petit pas supplémentaire entre la France et la Chine.

Jacques Hubert-Rodier (Editorialiste aux Echos)

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