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La
thèse selon laquelle le système capitaliste est destructeur des
ressources naturelles limitées dont dispose l’humanité a
le vent en poupe, notamment chez les écologistes politiques. Parmi ces
ressources, l’eau est souvent citée en exemple.
Hélas,
ces personnes oublient un point fondamental : elles défendent un
système dans lequel l’eau serait un bien accessible gratuitement
pour tous. Cela entraîne inéluctablement une mauvaise gestion et
un accroissement de la rareté de cette dernière – dont
souffre aujourd’hui une si grande partie de l’humanité. En
effet, les citoyens ayant naïvement tendance à croire à
cette fiction de la gratuité de l’eau, ils en consomment sans
modération.
Pour autant, y
a-t-il une fatalité à ce problème d’accès
à l’eau potable ? Non. Les avancées technologiques,
si décriées par certains, permettent d’apporter des remèdes.
Le dessalement de l’eau constitue une de ces solutions, sachant que,
pour rappel, la surface de la Terre est recouverte de près de 70%
d’eau. De nombreux pays se sont ainsi dotés d’usines de
dessalement et plusieurs projets, toujours plus ambitieux, sont dans
les cartons. Malheureusement, la plupart d’entre eux présentent
une particularité regrettable : celle de faire majoritairement
appel à des fonds publics, avec pour conséquence le fait que le
problème de la bonne gestion de l’eau n’est pas
résolu.
A contrario, le
Maroc, déjà bien pourvu
en la matière, vient très récemment d’annoncer la
construction d’une grande station
de dessalement d’eau sous le régime d’une concession
de gestion au privé. Ce type de mode de financement est un
progrès par rapport à la prise en charge exclusive par le
gouvernement de certaines activités économiques et montre
qu’on n’est nullement en présence d’un « monopole
naturel » (notion dont la pertinence est, de toute façon,
de plus en plus discutée).
Toutefois, il ne s’agit pas d’un régime pleinement
efficient pour autant.
En effet, les
fonds demeurent d’origine publique, ce qui comporte un risque
majeur : celui que les entreprises privées en charge de ce projet
n’amplifient leurs éventuelles difficultés financières
dans le but de quémander des subsides supplémentaires, rendant
le coût du programme « assommant », provoquant
alors la colère du grand public qui en rejettera
l’entière responsabilité sur la firme chargée du
projet et non sur le système bancal de concession de service public
mis en place.
La solution
optimale eut plutôt été de vendre aux enchères les
terrains propices à la construction des usines de dessalement et de
laisser les sociétés en charge du projet gérer ensuite
les premiers canaux de distribution de l’eau désormais potable.
On nous rétorquera que le coût élevé du
dessalement d’eau rend essentielle l’existence de fonds publics
et que, sans eux, il est à craindre que les firmes privées ne
fixent des prix « abusifs ».
Peut-être
mais n’oublions pas que les contribuables subiront directement, via
leurs impôts et taxes, le coût dudit dessalement et que, de plus,
l’addition risque d’être encore plus salée que
l’eau de mer du fait des probables demandes de rallonges émanant
des entreprises à direction des entités publiques.
Par ailleurs, ce
secteur devient de plus en plus rentable car, comme indiqué dans ce
dossier de Suez Environnement (p. 12), le coût de production ne
cesse de chuter grâce aux techniques modernes, comme le dessalement par
osmose inverse, lequel présente aussi l’avantage de ne pas avoir
de répercussions sensibles sur l’environnement du fait de sa faible
consommation d’énergie (p. 15). C’est ce qui explique sans
doute le bourgeonnement
de plus en plus important des usines de dessalement en
Méditerranée.
Enfin, outre
ses vertus économiques, écologiques et sanitaires, le
dessalement de l’eau – en ce qu’il résout, de
façon assez optimale, une partie du problème inhérent
à l’accès à l’eau potable – peut aussi
avoir un impact géopolitique non négligeable ainsi que le
reconnaît un analyste des Forces armées israéliennes,
cité dans l’ouvrage de Bjørn Lomborg, L’Écologiste
sceptique (p. 221) : « Pourquoi partir en guerre pour de
l’eau ? Pour le prix d’une semaine de combats, on peut
construire cinq unités de dessalement. Pas de morts, ni de pression
internationale et une source d’approvisionnement qui n’est pas en
territoire ennemi. ». Les tensions seront ainsi apaisées
sur un point crucial, ce qui diminuera le nombre de divergences entre les
parties au conflit.
Le dessalement
comporte encore, aujourd’hui, certains inconvénients mais les
techniques modernes tendent à les gommer progressivement. Preuve, une
fois de plus, qu’à défaut de verser dans une illusion
prométhéenne à tous crins, nous pouvons faire confiance
à l’homme pour résoudre une partie des
problématiques environnementales se posant à lui.
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